C'est toujours un plaisir de préparer sa rentrée. Surtout en sachant qu'on est pris dans un master de géographie qui se faisait attendre depuis deux longs mois. Du moins l'inscription, plus que le master en lui-même. Pendant deux mois, je me suis bien vu refaire une petite licence de géo, comme ça, au pied levé, tout ça à cause d'un misérable dossier qu'il eut fallu remplir et renvoyer trois semaines avant, le cachet de la Poste et ta mère faisant foi. Le sort en voulut autrement. A défaut de ne pas être pris à la Sorbonne, ce que je ne saurai que vers la mi-septembre, j'aurai au moins un petit pied-à-terre du côté de la métropole bretonne qui abrite plus de kébabs que de crèperies.

Tout content de cette nouvelle, j'étais pour reprendre mes petites habitudes, m'en allai donc vers les Champs-Libres pour y réserver le piano avant d'aller dépenser mon immense fortune d'étudiant en DVD divers, mais aussi dirouges car j'avais envie de faire cette blague, que je trouve au demeurant très drôle, mais cela n'engage que moi.

Arrivé à l'étage Musique, je retrouve ce vieux rituel que j'avais laissé derrière deux mois de vacances intensives, rituel qui n'était alors qu'une simple dent dans l'engrenage de la routine. "Bonjour, je, euh, je viens pour réserver, pour le piano." Je ne parlais pas fort. Je ne parle jamais fort pour ne pas déranger les gens qui travaillent, juste assez pour déranger le guichet. La dame qui était derrière vint alors vers moi pour prendre ma commade et pour me renvoyer la sienne. "Ah, oui, alors c'est-à-dire qu'il y a un petit changement cette année... le piano ne sera plus ouvert au public. Voilà !".



Je commençais à m'imaginer des scènes, impliquant un lampadaire, mon interlocutrice et une collision mortelle entre l'un et l'autre, lorsque, ravalant ma colère naissante, je m'enquis de moult détails légitimes. "Oh ? Mais qu'est-ce qui vous a motivé à faire ça ?" "Disons qu'on en a parlé avec l'équipe, on a transmis ça à la direction, et elle a été d'accord". Dans ma nouvelle vision, le lampadaire avait des pointes, le mouvement était beaucoup plus lent, et la guichetière souffrait. Enormément.

Très étrange, comme réaction, d'autant plus que je n'en saisis pas le mobile. J'ai du mal à croire que cela va délibéremment à l'encontre de ceux qui pourraient s'évertuer à squatter le quart de queue pour faire des quarts de morceaux plus ou moins douteux (on ne m'ôtera pas de l'esprit que Bartok, c'est très, très douteux). Je suis frustré, il n'y a rien d'autre à dire, d'autant plus que je ne comprends pas d'où ça vient, pourquoi c'est là, où ça va et qu'est-ce qu'on mange.

Donc, pour résumer, il n'y aura plus de vidéos aux Champs-Libres cette année. Me reste encore à trouver pourquoi, et à voir comment je vais remplacer la chose, parce qu'il est hors de question que je me passe de mon écorchage hebdomadaire, voilà, c'est dit !