Je réfléchis à ce qui s'est passé, ce qui se passe et ce qui va se passer en France depuis l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République Française.
Et quelque chose me dit que ce qui se passe en France n'est pas forcément la faute de Sarkozy. Certes, la personnalité de l'homme ne soulève pas l'ambigüité, soit on l'aime, soit on le déteste pour son caractère, ses idées, autre chose. Mais je pense que son principal problème est qu'il se soucie peut-être un peu trop de contenter tout le monde, et à force de jouer les équilibristes comme il le fait en ce moment avec l'usine Mittal, les pêcheurs, les JO de Pékin, le plan-de-rigueur-qui-ne-dit-pas-son-nom, le pouvoir d'achat, les 1000 hommes en Afghanistan et d'autres joyeusetés, je pense qu'il va finir par mécontenter l'opinion publique de façon durable. Je pense sincèrement qu'il s'occupe beaucoup de l'opinion publique et des sondages. Il veut mener des réformes, c'est bien. Mais il veut concilier deux choses qui ne sont pas a priori compatibles entre elles ; comment mener à bien une réforme qui va entraîner inévitablement des mesures impopulaires et donc froisser une partie de la population française ? J'ai l'impression qu'il veut faire du thatchérisme, la popularité en plus. Et je suis convaincu qu'il s'y cassera les dents.
Est-ce pour autant qu'il faille jeter l'opprobre sur Sarkozy parce qu'il est de droite et qu'il est atlantiste et qu'il veut une plus grande coopération avec les britanniques, bouh le méchant ? Je pense que les contextes géopolitique et économique sont suffisamment complexes en ce moment.
Gandrange ? Décision d'un PDG dans un pays étranger. On ne peut que constater les dégâts. Sarkozy aurait beau gesticuler, il ne pourrait rien faire, l'UE voit d'un très mauvais œil l'implication de l'État dans l'économie.
Les JO de Pékin ? Position très délicate pour Sarkozy. S'il va à la cérémonie d'ouverture, les pays occidentaux lui gueuleront dessus parce qu'il soutient plus ou moins indirectement la Chine et ses répressions, s'il n'y va pas, il se met la Chine sur le dos, privant la France d'un partenaire économique qu'il ne peut ignorer. Cruel dilemme qui s'offre à lui. Et la présidence de l'UE ne lui arrange pas les choses car le choix de Sarkozy influence la crédibilité de l'UE au niveau mondial. Équation pas vraiment facile à résoudre, voire impossible ?
L'Afghanistan ? Partir de ce pays en guerre latente affaiblirait les forces internationales et les talibans risqueraient de revenir. Il se mettrait à dos les USA, mais serait applaudi par les pacifistes. Il a donc envoyé 1000 hommes, au grand dam des pacifistes. Après tout, pour Sarkozy, ils ne sont rien. Mais il se peut qu'il se mette l'opinion publique sur le dos, car 1000 hommes en Afghanistan, c'est au moins 1000 familles qui ne savent pas si leur être cher reviendra en un seul morceau de là-bas ; l'effet ricochet pourrait être dévastateur...
Le budget de l'État ? Je pense que Sarkozy est, telle une ballerine, "en pointe" à ce sujet. Visiblement il a tranché, aux grands maux les grands remèdes, on fait des coupes drastiques, quitte à mécontenter les fonctionnaires.
Bétancourt ? En théorie, Sarkozy est plutôt en position de force. Mais face à la crapulerie des FARC, ses injonctions de libération risquent de mettre tout une coutellerie dans l'eau.
Bref autant de sujets épineux qui mettent en tenaille le Président de la République...
Ça m'a fait penser... à Giscard, qui a été élu à la fin des trente glorieuses, et qui cherchait désespérément à insuffler de la croissance en France alors que le monde était ébranlé par les crises pétrolières. Et qui, par le biais de Barre, s'est finalement à la rigueur. Après le coup de Barre, le plan drastique dans le Fillon ? Très possible, ça a déjà commencé...
Bon, désolé pour ce pavé rédigé au feeling, mais à force d'écouter les infos et d'entendre accuser Sarkozy de tous les maux du monde, je me dis que ça ne peut pas entièrement être de sa faute. Ce qui est sûr en tous cas, c'est qu'il est un catalyseur des frustrations des français... (Note pour Nicolas Princen : c'est mon avis et ça n'engage que moi)
Bref, qu'en pensez-vous ?
Donc après, c'est à la personne qui a choisi ce *métier* de faire passer la pilule à sa famille.
