La semaine dernière, une classe de maternelle arrive à la bibliothèque ; la
plupart des enfants de cette classe enlève ses bottes boueuses avant d¹
entrer dans la salle d¹albums dans laquelle je raconte des histoires. La
séance est fabuleuse, les contes se succèdent, je suis épuisé mais heureux.
Je raccompagne les enfants à la fin de la séance et ils remettent leurs
fameuses bottes.
Un des enfants me demande de l'aide pour les chausser, je lui prends ses
bottes et, en effet, elles sont vraiment difficiles à enfiler. Après avoir
poussé, tiré, repoussé et tiré dans tous les sens, les bottes sont enfin
chaussées et le gamin me dit :
"Elles sont à l'envers, Monsieur".
J¹attrape un coup de chaud quand je m¹aperçois qu'en effet il y a eu
inversion des pieds. Je fais un tour sur moi-même en me mordant les lèvres,
me calme et me lance dans cette nouvelle galère pour les enlever puis les
remettre. Après avoir poussé, tiré, repoussé et tiré dans tous les sens, les
bottes sont enfin chaussées aux bons pieds et le gamin me dit :
"C'est pas mes bottes".
A ce moment, je fais un gros effort pour ne pas lui mettre une baffe. Je
fais deux tours sur moi-même en me mordant les lèvres, me calme et lui
demande pourquoi il ne l'a pas dit avant. Comme l¹enfant voit bien qu'il m¹a
contrarié, il ne répond pas. Je lui dis : "Bon, allez, on les enlève" et je
me mets à nouveau au boulot. Après avoir poussé, tiré, repoussé et tiré dans
tous les sens, les bottes sont enfin retirées et le gamin me dit :
"C'est pas mes bottes, c'est celles de mon frère, mais ma maman a dit que je
dois les mettre".
Là, j¹ai envie de hurler mais je fais trois tours sur moi-même en me mordant
les lèvres, me calme et me lance dans cette nouvelle galère pour les
remettre. Après avoir poussé, tiré, repoussé et tiré dans tous les sens, les
bottes sont enfin chaussées aux bons pieds.
Tout fier, je me dis que je peux l¹aider à mettre son manteau, son
cache-nez, ce que je fais et je lui demande :
"Où sont tes gants ?".
Et le gamin de répondre le plus simplement du monde : "Je les ai mis dans
mes bottes."
Fabrice Barcq Paris