damnvoid (./317) :
en quoi il rassure tout le monde quand il dit "For even as we celebrate tonight, we know the challenges that tomorrow will bring are the greatest of our lifetime — two wars, a planet in peril, the worst financial crisis in a century" ?
Ben il énonce la vérité que tout le monde commence à connaitre ( "on est dans la merde") pour ensuite pouvoir mieux promettre d'y répondre ("yes we can", "on va s'en sortir je suis là..", etc. ). C'est beaucoup plus rassurant qu'un candidat qui dit que "la crise c'est rien les bases de l'économie américaine sont bonnes": il donne l'impression de se rendre compte de la situation (chose nécessaire pour tenter d'apporter une solution) et d'avoir plus ou moins les réponses/être l'homme de la situation (et donc là ça rassure)
C'est de la rhétorique classique en fait, pas si loin de ceux qui commencent par faire peur pour mieux dire ensuite "la solution pour la sécurité c'est [telle mesure ferme]". ( bon sauf que là le premier point est réel, alors que lors des discours sécuritaires c'est pas souvent le cas )
Et donc pour revenir à la citation originale, tout va pouvoir être réglé grâce à cette élection, l'Amérique est génialissime (et docn si elle peut faire ça, elle peut sortir de la crise, sortir des guerres, tellement que c'est trop de la balle, enfin bref réaliser la situation idéale qu'il incarne ) par ce qu'elle l'a élu (c'est pas très modeste, mais passons), et donc elle va pouvoir tout changer la vie et le monde et ressortir la tête en haut de la crise (économique, sociale, raciale, des guerres, et tout ce que tu veux avec. )
En fait c'est un discours américain assez classique: ils finissent par reconnaitre les choses quand c'est trop flagrant (genre les intellectuels US qui théorisent le déclin américain, ça fait 20 ans presque..), en fait ils les reconnaissent bien avant les européen américanôlatres. Mais ils concluent toujours positivement: "par ce que nous on est trop génial, on va s'en sortir tête haute, en faisant ça et ça, pasque on est les meilleurs" .
ça donne des discours genre: on est en perte de puissance relative, zut, donc voilà la liste des mesures pour rester le Grand Maitre diu Monde que Dieu Veut que l'on soit: ...
Fukuyama fait ça, Fareed Zakaria ( "the post american world") fait ça, il font tous ça. Il sont réalistes sur le présent et complètement idéaliste sur le futur, parcequ'ils ne veulent pas remettre en cause certains dogmes ( "les USA doivent être le gendarme du monde, et dominer tout le reste")
Et donc, mécanisme classique des gens à la pensé bloquée/totalitaires, les dogmes sont nécessairement bons, ce sont juste les applications pratiques qu'il faut changer pour mieux y parvenir. En URSS ça fonctionait exactement comme ça: c'était toujours la faute à quelques-uns, à une mauvaise organisation, à un petit truc pas très grave que l'on pouvait changer en somme. Les dogmes étaient saints et bons, ça ne pouvait venir d'eux..
Obama reprend cette tradition américaine de réalisme et de l'optimisme béat mélangé. Mais en beaucoup mieux.
Donc pour en arriver à mon déni de réalité: le déni de réalité, c'est qu'ils ne négocient pas leur génie, leur toute-puissance, leur sainteté démocratie, leur légitimité divine, leur unicité mondiale. ça c'est le déni de réalité permanent qu'Obama exacerbe dans ce discours, et donc une fois l'essence quasi-divine de l'Amérique remise en place, et bien c'est facile d'être optimiste pour la suite tout en reconnaissant la crise