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Petit portrait de la réalité américaine


Suite à une remarque de dualmoo et les questionnements de plus en plus présents sur les USA, j'ai tenté de brosser un portrait réaliste et justifié de l'Amérique. Bien sûr je ne suis pas complètement objectif, et je me laisse parfois aller à quelques pointes un peu gratuites. J'ai principalement essayé de ne céder ni à l'admiration béate qui se traduit par l'exaltation des cotés positifs pour mieux oublier le reste (Obama et les élites européennes procèdent comme ça) ni à la dénonciation violente des faits les plus négatifs (torture, Patriot Act, guerres injustes et brutales, suprématie tout-puissante de l'argent, absence de culture..) qui est la méthode classique des anti-américains primaires, j'ai tenté de brosser un portrait plus réaliste, plus global, moins sentimental, plus rationnel.
Si je poste d'abord sur le forum, c'est évidemment une invitation au débat. Pas de conspirationisme ici svp smile

Voici donc la citation originelle:
Malgré cette face sombre que tu décris, l'Amérique reste un incroyable vivier d'intellectuels, d'auteurs, d'artistes, et de >scientifiques, probablement le plus grand sur cette planète. Par ailleurs combien y a-t-il de députés noirs ou arabes en France, >et même en Europe ? En outre, les USA restent le pays ou le taux d'élèves faisant des études supérieures est le plus élevé. >Bref, le modèle américain a des défauts, mais leur pragmatisme a l'air de bien mieux marcher que chez nous.


On a déjà beaucoup discuté de l'économie américaine sur yN, de ses déficit commerciaux et budgétaires abyssaux, de la croissance subventionnée par la dette, etc, je ne vais donc pas y revenir directement.
Je vais traiter méthodiquement les points cités par dualmoo:

I]La réalité raciale américaine
II]La question Obama
III]Les études aux états-unis
IV]Intellectuels américains.
V]Conclusion




I]La réalité raciale américaine.

Il faut bien constater une chose: il y a une émergence d'une classe moyenne noir (20% de noirs?) et d'une classe politique (maires, représentants, puis président) noirs. Le tabou politique est surement définitivement tombé avec Obama.
Faut-il pour autant tomber dans l'exaltation de la société post-raciale que représenterait les USA ?

Si il se démerde bien, le noir peut réussir aux USA. Est-ce pour autant que l'on est passé dans cette pure société du postracisme, où races et origines se mélangent en toute richesse et compréhension ? Ce n'est pas toujours évident de chiffrer le racisme, mais il y a un chiffre lourd, qui indique sinon le racisme, le mélange des populations: il s'agit des mariages mixtes. Grâces aux statistiques ethniques américaines, on peut constater:
-2.8% des femmes noirs mariés sont mariés à un homme blanche.
-6.6% des hommes noirs mariés le sont à une femme blanche.

Il faut rappeler que dans une société postraciale, il n'y aurait a priori pas de corrélation statistique entre race et époux: si 80% des hommes américains sont blancs, on devrait être à 80% pour le premier chiffre (au lieu de 2.8% )
Il faut donc bien le conclure: la séparation est toujours de mise aux états-unis – malgré tout le baratin, ce chiffre a très peu bougé – , reste extrêmement forte; c'est toujours tabou pour un homme blanc d'épouser une noir. Par contre – et classiquement – un homme de la minorité peut un peu plus facilement épouser une blanche.
J'ai pas de statistiques là-dessus, mais un rapide voyage aux USA vous le confirmera: il y a des quartiers de petits blancs pauvres, il y a des quartiers de noirs pauvres, il y a des quartiers de blanc aisés, il y a des quartiers de noirs aisés. C'est ça la réalité américaine: on a finit par céder les droits élémentaires aux noirs, mais on vit toujours le plus séparément possible.
C'est dans la ligné classique US: on se souvient du "égaux, mais différents" de la cour suprême qui justifiait la ségrégation il y a bien des années, etc...

Il faut de plus remarquer que ce n'est pas systématique: les latinos ont des taux de mariages mixtes très importants ( de l'ordre de 50% ), la société américaine semble peu à peu les assimiler aux blancs (après tout, ce sont principalement des fils d'immigrants européens, blancs, catholiques.. ). Dès la deuxième ou la troisième génération les latinos sont indistinguables des autres blancs..

Il nous faudrait discuter longuement pour savoir si le communautarisme à l'anglo-saxone (chaque groupe ethnique vit côte à côte, bien entre-lui..) relève du racisme ou non, c'est un débat philosophique que je n'engagerai pas. Disons que si ça ne relève pas obligatoirement de l'abaissement de l'autre, (juger les noirs inférieurs aux blancs, et réciproquement), ça relève d'un point de vue très différenitaliste: les noirs et les blancs sont différents par essence, par nature propre, et donc c'est préférable pour tous de vivre chacun avec les siens.

Conclusion:
Les USA représentent tout sauf une société post-raciale. En réalité, avec quelques pays pauvres du monde où il y a encore des conflits ethniques violents, les USA réprésentent un des pays les plus racialisés au monde. Où la question de la race est omniprésente, où vous devez cocher "black, white or asian" sur les formulaires officiels, où les gens différents se mélangent le moins possible.
Les noirs ne sont peut-être plus opprimé, mais tout le monde vit dans son coin, et ça ne va pas du tout en changeant.


II] La question Obama

Ceci étant dit, si les gens vivent séparément, comment un pays majoritairement blanc peut élire un noir ? On peut faire la même remarque pour beaucoup d'autres politiques noirs élus à des postes importants.

Plusieurs hypothèses immédiates:
i) La politique ne représente plus de pouvoir sérieux, on peut filer le poste à n'importe qui –même un nègre ou une gonzesse –, de toute ils font tous la même chose.
ii) Si les blancs se pensent d'essence différente des noirs ( et réciproquement), les noirs et les blancs peuvent peut-être se reconnaitre mutuellement une capacité commune, celle d'être capable de gérer politiquement un pays ou savoir faire du business, ou de jouer au basket...
iii) L'exceptionalité d'Obama. Contrairement à ce qu'on nous balance h24, des événements du même genre sont déjà arrivés (un membre issu d'une minorité ou étranger qui dévient chef). Alexandre le grand (un macédonien, ie semi-barbare pour les grecs, de base plutôt xénophobes), Napoléon (un pauvre corse –récemment française– qui savait quasiment pas parler le français et était peu cultivé à l'origine. Un peu comme un antillais ou un algérien après la possession des colonies...), l'empire romain a eu un nombre impressionnant des chefs issus des périphéries récemment conquises, etc.
Point communs: hommes exceptionnels, politiques prodigieux, "se blanchissent" (ie ne revendiquent pas pour leur minorité et intègrent tous les codes de la population dominante)

C'est de loin plus difficile pour ce genre d'homme d'y arriver, quand ils y arrivent c'est qu'ils sont de loin les meilleurs.

Suite à ces considérations générales, passons à deux autres facteurs importants: le vote racial et la situation conjoncturelle. Certes assez de blancs ont votés Obama pour qu'il soit élu. Mais il faut tout de même rappeler que:
-95% des noirs ont votés Obama.
-80% des latinos ont votés Obama.
-44% des blancs ont votés Obama, et surement pas plus de 40% des hommes blancs. (les femmes sont classiquement plus démocrates que les hommes). Si les noirs et les hispanos ne pouvaient voter, on aurait eu une victoire écrasante de McCain. Voilà la vérité.

On en arrive à des considération sur situation actuelle des USA:
-Le 'petit blanc' avait le choix entre préférer son racisme/valeurs morales et voter contre son intérêt économique propre dans une période exceptionnellement difficile économiquement, ou l'inverse. ça leur arrive souvent de voter l'inverse (voter d'abord pour les valeurs morales avant les questions économiques), on peut même penser que la plupart du temps les USA votent dans ce sens (et donc républicain). Sauf en période de crise économique. En période de crise économique, l'américain tient moins aux valeurs morales et regarde son porte-monaie. Et vote démocrate en majorité...

-Obama représentait un retour du rêve américain et de l'Amérique progressiste et sympa alors que McCain, bien malgré lui, représentait la politique brute, agressive et inefficace de Bush. Le pire du passé, en somme.

note: par soucis de temps et afin de ne pas trop polémiquer, je ne suis pas aller exhiber les chiffres qui montrent qu'à crime égal un noir aux usa est plus lourdement condamné qu'un blanc. Je n'ai pas trop exhiber le passé, qui a été horrible pour les noirs jusque vers 1970 aux USA. Des siècles. Je n'ai pas remarqué que la majorité des noirs du monde qui ont écrit, intellectualisé, philosopher la libération ou la révolution (Haïti..) étaient francophones. Je n'ai pas chercher à comparer le traitement anglo-saxon, qui a toujours conduit à le ségrégation et la vie séparé (USA, Afrique du sud, colonies anglaises) du traitement latin, qui a produit métissage et créolité, vie 'plus' commune (les enfants blancs allaient à l'école avec les algériens...), alphabétisation et révolution des mal-traités contre le dominant. Évidement, ce sont des points importants à comprendre et develloper si l'on veut faire une étude plus poussée.

Conclusion:
Il y a réunion de deux phénomènes principaux: l'émergence d'une classe moyenne et politique noire a été indispensable avant d'en arriver à Obama. Si les américains se pensent différents, dans les villes progressistes, on pense qu'un noir peut faire le job. ça ne veut pas du tout dire qu'on abolit les différences.
La second phénomène tient à la conjoncture: un homme exceptionnel dans une situation exceptionnelle. Je remarquai la dernière foi que le seul président catho (tous les autres sont protestants) sur 44 (soit 2.2% des président alors qu'il y a 20% des ricains cathos, bien intégrés économiquement) a été J.F.K. C'était également un homme absolument exceptionnel. Pour dépasser le phénomène majoritaire, il faut toujours être meilleur que les autres et de loin...


III]Les études aux états-unis

Je commence à jeter un œil sur le CIA fact books, afin d'avoir une idée sur la 'School life expectancy'( le temps moyen passé à l'école pour l'éducation primaire à tertiaire) et le pourcentage du PIB consacré à l'éducation. (dans la totalité )

USA: hommes: 15 ans, femmes: 16 ans. 5.3% PIB
France: hommes: 16 ans, femmes: 17 ans. 5.7% PIB
Allem.: 16, 16. 4.6%
R-U: 16, 17. 5.6%
Belg. : 16, 16. 6%

C'est relativement comparable, il n'y a pas de grande différence. Il faut rentrer plus dans le système pour pénétrer ses particularités. D'abord, et tout le monde le sait; l'éducation américaine est formidablement inégalitaire. Des collèges tout pourris pour les enfants de pauvre, des excellentes universités pour l'élite du monde entier, des universités d'état assez médiocre pour les fils normaux de la classe moyenne. donc par rapport à l'Europe, il surfinancent (de manière en grande partie privée..) les institutions élitistes et sous-financent chroniquement les écoles de pauvre.
C'est tout de même possible pour des fils de pauvres de faire des bonnes écoles et universités grâce à des bourses, et on arrive à 6% de fils d'ouvrier dans les grandes universités de la Heavy ligue.. comme on en a 6% en France à X.
Par contre, les pauvres qui ne sont pas doués, on s'en fout complètement de leur donner un peu de culture, de toute façon ce n'est pas rentable pour faire des boulots merdiques ou pour réussir dans le business. Mais ce n'est pas nouveau.

Penchons nous sur le système d'éducation supérieur. Quelques très bonnes universités, largement sur-financés, d'attraction mondiales. Une 20 aines. Une moitié d'étudiants étrangers. Puis beaucoup d'université modeste, raisonnablement financés... mais au niveau réel médiocre. Il faut y aller pour le constater. Ce sont les université de la classe moyenne américaine, celles qui permettent d'accéder tranquillement à un bon niveau social en étant à peine alphabétisé.
Les étudiants en sciences, un domaine où il faut encore réfléchir et apprendre un minimum, sont tragiquement manquant: on importe massivement des étrangers. Plus de la moitié des thésards en science sont étrangers.
Il n'y a pas que les grands intellectuels que l'on importe aux états-unis: c'est désormais également le cas des techniciens, des ingénieurs. De ceux qui font tourner le coeur de l'industrie et des services (informatique, ..)
Industrie qui fout le camp d'ailleurs. Ils finiront surement par repartir chez eux.

Bilan: j'ai plutôt une vision négative de l'éducation américaine, mais je manque un peu de chiffres précis pour être objectif. En particuliers, le trucs genre "ils sortent à 18 ans de l'école en étant à peine alphabétisé, formé intellectuellement par les séries tv, hollywood et les hamburgers" sont des constats que beaucoup d'étrangers vivant aux USA font, et pas que des réactionnaires par nature – Les étrangers vivant aux USA aiment de base les USA puisqu'ils les ont choisit... – mais c'est difficilement éclairable par les chiffres.


IV]Intellectuels américains

Bon pour le coup, je pense que le seul moyen de sortir de la subjectivité totale et la discution sans fin est de trouver des chiffres sérieux. J'ai pris les plus simples: nationalité des prix Nobles et médailles fields ( ~~~nobel en maths ). Évidement on peut trouver des défauts à cette démarche; trop élitiste, trop nationale et ne dépendant pas du lieu de travail, subjective, etc, etc, etc.
Je pense tout de même que dans la masse, ça fournit un assez bon indicateur de la capacité d'un pays à former des intellectuels de très haut niveau. Bref la subjectivité, si elle est réelle, me semble assez restreinte sur une longue durée.
Je n'ai pas pris en compte le Nobel de la paix, le considérant comme une vague blague politique.
J'ai pris en compte le Nobel de la littérature, bien qu'il soit plus discutable et politique que les autres, afin d'avoir un indicateur sur les auteurs, la littérature..

Les médailles fields commencent en 1936 pour la première édition, s'arrêtent pour cause de guerre et reprenant en 1950. ( c'est tous les 4 ans ). Globalement, on comptabilise donc la chose pendant une période de domination économique américaine.
Les nobels, annuels, commencent en 1901 et sont annuels. On peut donc considérer ça comme un aperçu du XXiém siècle. En moyennisant avec la fin de l'empire britannique, la USA restent dominant économiquement en moyenne au XXiém siècle, et n'ont pas été détruits par les deux guerres.

Avec une population semblable voir supérieur à l'Europe développée, des conditions économiques globalement meilleurs, l'absence d'effet négatif des deux guerres –la seconde leur a été très profitable économiquement–, un budget important qui va dans la recherche et l'innovation ( armée, espace, ..), un système éducatif bien financé ( ce n'est plus le cas aujourd'hui) et les "meilleures universités du monde" qui attirent tous les cerveaux de la planète –avec l'effet d'émulation que l'on connait –, on pourrait attendre que le sol américain soit très fécond pour développer de grands scientifiques, de grands auteurs, ...
On s'attend donc à trouver 1.5-2x plus de médailles aux Etats-unis que en europe..
La réalité est plus nuancée:

médaille fields ( maths )
usa: 13
europe: 19
-france: 9
-ru: 5
urss/russie: 8
monde: 49

Bilan: la France produit 6 fois plus de médaillé par habitant que les USA, l'europe devellopé 2 fois plus.
Des 3/4 plus grands mathématiciens du XXiém, tous sont européens.

Nobel de Physique
usa: 81
europe: 81
-all: 23
-ru: 20
-france: 12
urss/russie: 9
monde: 184

Bilan: chiffres comparable, au vu de la population, du développement économique, des moyens que demandent la recherche en physique, c'est décevant pour les américains sans être aussi ridicule qu'en maths.
Remarque: des 3/4 plus grands physicien du XXiém siècle, je n'ai en tête que des européens.

Chimie
usa: 59
europe: 77
france: 4
monde: 154

Bilan: Très décevant pour les ricains. Il faut certes moins de moyens financiers qu'en physique.. La France est encore plus naze. Pas très bien considéré dans le domaine scientifique français.

Médecine
usa: 49
europe: 95
-france: 13
-ru: 26
-all: 19
monde: 192

Bilan: les USA font pitié, le royaume-uni est remarquable.


Litterature
usa: 10
europe: 71
-france: 14
-ru: 9
-all: 8
monde: 105

Bilan: Humiliant. Est-ce un signe de la (non)-culture américaine ? La France produit 13 fois plus de nobel écrivain par habitant que les USA, l'Europe 7 fois plus... Les trois grands du XXiém sont européens. On peut prendre pour prétexte les guerres, changement politiques, à l'histoire très agité de l'Europe du XXiém siècle, qui produit souvent de grands auteurs. Mais ça me semble insuffisant comme argument. J'en ai un plus simple: les américains sont un des seuls peuple au monde ou "intellectuel" est une injure, où l'on se fout de la littérature mais l'on aime bien lire des "livres-scripts" plutôt que des livres écrits, où l'on considère Hollyowood comme l'aboutissement ultime de la culture.

Total
usa: 212 ( 30.1% )
europe: 343 ( 50.1% )
-france: 55 ( 8% )
monde: 684

Conclusion: Très décevant pour les américains. Ils sont à 60% des médaillés européen alors que leur conditions objectives de développement devraient normalement fournir au moins 150% ou 200%. Voilà donc la vérité: en matière de production de grands intellectuels, les USA sont au tiers de leur part normale (sous-entendu, s'ils avaient une culture européenne classique ).
Les résultats dans les deux domaines les plus nobles – les maths et la littérature – sont à proprement parler humiliant.
Tout le monde savait que c'était un peuple vulgaire qui n'aimait pas la culture. Les chiffres le confirment.

Heureusement pour eux, l'histoire du XXiém siècle leur a été très favorable, et ils possèdent tout de même des qualités économiques indéniables (volontarisme, consommation sans fin, ..) et des attributs naturels, exceptionnels (population, territoire, isolement), le tout expliquant leur leadership économique.
Le plus ironique dans l'histoire, alors qu'ils sont le peuple développé le moins productif intellectuellement au monde, c'est qu'ils se sont dit être une économie très innovante, etc. Ils ont surement plus de don que les français (par exemple) pour transformer une idée innovante en business, c'est leur pragmatisme.

Mais surtout: leur passage de l'économie de fermiers inculte à la marche vers l'innovation n'a tenue que grâce à l'importation aux USA des plus grands cerveaux du monde entier. Des gens qui sont devenu si brillant grâce à leur culture d'origine mais ont ensuite servit économiquement les USA. Essence même de la structure impériale. Si demain ils perdent de leur influence économique – ce qui va se produire à coup sur juste par montée des autres, la seule interrogation étant celle du temps –, ils perdront leur attrait, et ça va produire un beau cercle vicieux.
J'espère pour eux qu'ils auront encore un peu de culture propre pour leur éviter une retour vers une économie de fermiers. Vu leur physique et leur snobisme, c'est pas du tout évident qu'ils retournent sans trop de difficultés à la ferme...



V]Conclusion

Ce rapide tour réaliste de l'Amérique est certes subjectif et négatif, mais j'ai tenté dans la mesure du possible de m'appuyer sur des faits ou chiffres objectifs pour justifier ce point de vue, et de ne pas trop oublier les cotés positifs.

Ce portrait n'est pas optimiste. La conclusion est simple: au moment de l'effondrement (qu'il soit violent ou doux), les USA céderont vite leur leadership, qu'ils auront gardé tout de même environ un siècle grâce à l'importation intellectuelle et matérielle au centre caractéristique de l'empire. Ils risquent à terme d'être moins développé que l'Europe, voir moins que beaucoup de pays asiatiques d'ici un bon siècle. Selon toute vraisemblance, ils retourneront à une forme d'isolationnisme, leur politique naturelle qu'ils ont abandonné au profit de la structure de l'Empire, qui est en train de s'effondrer.

Le monde va de plus en plus se rendre compte des limitations de l'Amérique (puis de l'effondrement). Les capitaux et les intellectuels vont de moins en moins affluer en masse des périphéries de l'empire au cœur. Il va de plus en plus se rendre compte que oui, des modèles de développement économiques, politiques et sociaux différents sont viables. La Russie, le Brésil, la Chine commencent à s'en rendre compte et agissent en conséquence. Le soft power américain, un des moteurs de l'empire qui fait croire que "tout est mieux là-bas" devrait décroitre au fur et à masure que la vérité économique et sociale apparaitra.
Les symboles blings-blings qui cachant le restent (Obama compris) ne suffiront pas éternellement.

La séparation raciale n'est pas dépassée, et n'est pas en voix d'être dépassé. Une tension raciale et des affrontements ethniques sont selon toute vraisemblance à prévoir lors de la chute économique. Sauf à voir émerger, grâce à Magic Obama et un new new Deal, une forme accrue de solidarité sociale – au moins aussi forte qu'en France – et un retrait impérial doux et bien géré. C'est peu probable. Leur religion de l'argent, leur incapacité hallucinante à produire assez de grands intellectuels, de techniciens et d'ingénieurs, leur haine profonde de la culture, prédit plus surement qu'ils vont se prendre le mur lors de la chute.



PS: Dans l'intérêt de tous, j'invite tous les maniaques de la langue à m'inviter à corriger s'il y a lieu.

Notes:
Les chiffres sur les nobels sont un peu discutables: on peut compter différemment à cause:
-des doubles-nationalités de certains titulaires
-des gens qui l'ont reçu deux fois (très rare tout de même)
-selon que l'on compte le nombre de médailles ou le nombre de médaillés (une médaille peut récompenser 2 types qui bossent ensemble sur le même truc..). Par flemme j'ai pris les chiffres les plus rapidement disponible, comptant les médailles sauf dans une matière ou j'ai du compter les médaillés. Les médailles me sembles plus significatives que les médaillés (une découverte importante, ça change pas qu'elle soit faite à 1 ou à 42..) mais posent le problème des équipes pluri-nationales.

Je vous invite à vérifier qu'en comptant différemment on trouve le même genre de proportions.

Sources:
-CIA world facts books. https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/index.html
-prix nobels: wikipédia, site officiel
-mariages mixtes: http://en.wikipedia.org/wiki/Interracial_marriage#Census_Bureau_statistics , from Census Bureau statistics ( officiel et gouvernemental)
«Les gens exigent la liberté d’expression pour compenser la liberté de pensée qu’ils préfèrent éviter.» - Sören Kierkegaard

La République, c’est comme la syphilis : quand on l’a attrapée, soit on se fait sauter le caisson, soit on essaie de vivre avec.

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Tout d'abord, bravo pour ta recherche, et pour le roman que tu as écrit. J'aimerais rajouter que beaucoup d'Étasuniens ont tendance à stéréotyper. Par exemple, dans la plupart des films populaires Étasuniens (ceux qui envahissent la planète comme American Pie ou Eurotrip), les Canadiens sont toujours des espèces de coureurs des bois pas civilisés, les Français ont toujours un béret sur la tête et un pain baguette sous le bras, les Allemands mangent des saucisses et boivent de la bière, etc. De plus, il paraît que beaucoup d'Étasuniens ne peuvent pas situer la plupart des pays *connus* sur une carte... (ceci dit, c'est une information absolument non vérifiée)
Je me souviens
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3

merci.

Note à nos amis québécois: je suis désolé d'utiliser le terme "américain" pour états-uniens, ce sont eux-même qui l'utilisent, et on a déjà eût ce débat. Ce qui me gène le plus, c'est une questions esthétique.

KillerX > toi qui est assez proche d'eux ( tu es québécois il me semble ? ) tu en penses quoi ? que je suis réaliste, méchant, cariatural ?
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Utiliser américain est correct, à mon avis. Amérique l'est beaucoup moins, encore à mon avis personnel.

Il est vrai qu'on ressent quand même assez leur influence ici, mais au Québec on a toujours fait attention à ne pas se laisser assimiler. Quant à ce que tu dis, il est vrai qu'on ressent une pointe d'antipathie dans ton post, mais cela décrit tout de même assez bien ce qui se passe, ou du moins ce que je perçois.

La seule crainte que j'ai par rapport à eux, c'est qu'ils nous entraînent avec eux dans la crise économique. Au moins, c'est moins pire que dans les années trente, où toutes les industries du Québec appartenaient à des investisseurs Étasuniens. Là au moins, on a pas mal d'industries locales, comme Bombardier, Ubisoft, etc...
Je me souviens
Ad mari usque ad mare

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( je voulais dire "proche" au sens géographique smile. Même si culturellement vous l'êtes surement un peu aussi à force de vivre à coté. )
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Perso, je n'y vais pas souvent, la dernière fois c'était il y a 2 ans au moins. Il est vrai par contre qu'à New York, les noirs sont dans Harlem, les asiatiques dans Chinatown, et ainsi de suite.
Je me souviens
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KillerX (./4) :
La seule crainte que j'ai par rapport à eux, c'est qu'ils nous entraînent avec eux dans la crise économique. Au moins, c'est moins pire que dans les années trente, où toutes les industries du Québec appartenaient à des investisseurs Étasuniens. Là au moins, on a pas mal d'industries locales, comme Bombardier, Ubisoft, etc...


Ubisoft est une entreprise locale au Québec.
Or Ubisoft est français.
Le québec est donc français.
CQFD !!! trigic
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Zut je suis reperé, vite ! L1+R1+L2+R2 !
Des ennemis ! ACTIVATING COMBAT MODE - MODULATING PHASE - POWER SURGE ! - CONFLICT RESOLVED
La longue liste des clichés de l'animé et du manga !
RAW ! RAW ! FIGHT THE POWER !

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Bah il y a une assez grosse division à Montréal (assez gros en tout cas pour faire entièrement le jeu Assassin's Creed et autres)
Je me souviens
Ad mari usque ad mare

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Je sais bien merci, au départ Ubisoft c'était français, et ils se sont cassés de France trigic

Après oui Ubisoft Montréal est à l'origine des bons jeux d'ubisoft ces dernières années c'est vrai (on a quoi d'autre ? Ubisoft Shangaï ? Ils ont fait le portage de Splinter Cell...Ubisoft Casablanca ? Ah eux ils ont développé Prince Of Persia 3 (j'ai dit développé, pas conçu, ça c'est Montréal) et Rayman et Les Lapins Crétins 2 DS...)
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( en fait tu t'amuses Rusty mais c'est un fait très important: de la domination (des ressources, des entreprises et postes importants, des capitaux, de la scholarité.. ) anglo-saxonne, le Québec est passé, grâce à la Révolution tranquille, à un fonctionnement beaucoup plus normal, national, où l'essentiel des richesses nationales appartiennent.. à des nationaux. Il faut s'en souvenir de cette démarche des américains: ils n'ont pas seulement génocidé les indiens et oppressés les noirs, mais aussi oppressé les francophones d'Amérique; avec essentiellement le génocide acadien et l'oppression des québécois... jusqu'aux années 60. )
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En fait l'oppression dont tu parles est assez récente... Avant les étasuniens, c'étaient les britanniques (après la bataille des plaines d'abraham)
Je me souviens
Ad mari usque ad mare

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( je fais une distinction modérée entre étatsuniens et britanniques de l'époque coloniale )
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opprimé, opprimé, pas oppressé cheeky (enfin quoique on pourrait dire oppresser au sens figuré : ça veut dire empêcher de respirer ; mais bon ^^)
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Membrane fondatrice de la confrérie des artistes flous.
L'univers est-il un dodécaèdre de Poincaré ?
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very > merci d'avoir pris le temps d'écrire ce post, c'est intéressant d'avoir ton point de vue. je ne suis pas d'accord à bien des égards, mais malheureusement je ne suis pas sûr d'avoir le temps de m'attaquer à la lourde tâche de l'écriture d'une réponse... je vais voir ce que je peux faire.

en tout cas, permets moi de citer une phrase que j'aime bien : Immigration is the sincerest form of flattery cheeky
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I'm on a boat motherfucker, don't you ever forget

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sincerest ? hum
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damnvoid (./14) :
very > merci d'avoir pris le temps d'écrire ce post, c'est intéressant d'avoir ton point de vue. je ne suis pas d'accord à bien des égards, mais malheureusement je ne suis pas sûr d'avoir le temps de m'attaquer à la lourde tâche de l'écriture d'une réponse... je vais voir ce que je peux faire.


Ho c'est rien tu peux prendre ton temps (ou même oublier – si d'autres répondent ou lise ça ne sera de toute façon pas trop perdu ), quand je fais des réponses longues et argumentés comme ça c'est aussi que ça sert d'abord à moi-même pour préciser, éclaircir, ordonner un peu ma pensée. Puis tant qu'a faire la partager smile


( sinon pas super bien compris ta phrase )
«Les gens exigent la liberté d’expression pour compenser la liberté de pensée qu’ils préfèrent éviter.» - Sören Kierkegaard

La République, c’est comme la syphilis : quand on l’a attrapée, soit on se fait sauter le caisson, soit on essaie de vivre avec.

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./15 : ben oui, ça existe, en quoi ça te choque ?
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« Tout homme porte sur l'épaule gauche un singe et, sur l'épaule droite, un perroquet. » — Jean Cocteau
« Moi je cherche plus de logique non plus. C'est surement pour cela que j'apprécie les Ataris, ils sont aussi logiques que moi ! » — GT Turbo

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c'est juste que spontanément j'aurais pensé que ça n'existait pas : ça fait trois syllabes ^^
ça ne me choque pas, ça me surprend juste, mais ils ont le droit d'avoir des exceptions ^^
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« Le bonheur, c'est une carte de bibliothèque ! » — The gostak distims the doshes.
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L'univers est-il un dodécaèdre de Poincaré ?
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A part la partie IV largement égarée à mon sens, qui part de l'idée débile de "mesurer la culture à la règle", je suis plutôt en accord.

Quand les Etats-Unis ont un problème, ils préfèrent exacerber le contre-exemple.
-La pauvreté => On surmédiatise des super richesses
-Le racisme => On surmédiatise un président noir
-Pas d'étudiants pauvres => On paye des études dans la meilleure université à trois pauvres étudiants démunis en vantant leur réussite et le tour est joué
...
C'est moi Arnsy. BONJOUR.

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arnsy (./19) :
A part la partie IV largement égarée à mon sens, qui part de l'idée débile de "mesurer la culture à la règle"


Mon ambition n'était pas d'établir une mesure parfaite des cultures... c'est évident que compter le nombre de nobel ne donne qu'un point de vue limité et spécifique. ça mesure – pas si mal sur 100 ans ! – une certaine aptitude d'une société donnée dans son état économique et culturel donné. Cette aptitude, c'est celle d'être capable de donner naissances à des grands intellectuels/chercheurs/écrivains.

Sauf les racistes les plus profonds, tout le monde acceptera l'idée qu'à la naissance ( enfin, ça dépend surement des conditions de la grossesse, disons "au comencement" pour faire religieux.. ) les capacités intellectuels des humains sont distribués également à la surface de la planète. ( il y a autant de génis potentiels et d'abrutis potentiels par une population de même taille dans une région ou une autre), ou avec une variation négligeable.

C'est donc la culture au sens très large ( "l'environnement" dans lequel l'humain va évoluer. économie, mode de vie, culture au sens usuel, langue, idéologies, éducation, etc. ) qui va déterminer le ratios nb_de_grands_intellectuels par habitant. L'Europe et les States sont assez proches pour supposer qu'on part de niveaux de connaissances proches (on a les mêmes livres de maths, de physique, etc. ) et donc que le nombre de Nobels (qui distingue l'élite mondiale des intellectuels sur les dernières avancés. Évidement si t'as deux cultures autistes dont une avec 500 ans de retard scientifique, ça marchera pas ) donnera un aperçu de l'élite intellectuelle de ces cultures.
Bon y'a évidemment des biais (disciplines prises en compte, procédure de nomination, etc) mais je pense que sur une 100aine d'année et vu que ça reunit les quelques disciplines majeures ça donne tout de même une information significative (surtout quand l'écart est aussi large )

C'est pas un hasard complet si la France donne une proportion hallucinante de mathématiciens et les USA énormément de grands économistes.. si la France donne des footballeurs et les USA des basketteurs (oui c'est un peu caricatural, mais c'est quand même l'esprit: telle culture va pousser les gens à révéler leur capacité ou non dans telle discipline pour laquelle ils sont plus ou moins doués de base.. )


Sinon je partage assez ton avis du contre-exemple systématique.




En parlant des USA... la dernière déclaration de Bush est formidable ! :

Vous savez, ceux qui m'ont suivit depuis longtemps le savent bien, j'ai toujours vraiment cru au free market
Jusqu'à ce qu'on me dise: "si l'état ne fait rien ça sera pire que la grande dépression"

( approximatif, de mémoire. )

D'une candeur et d'une naïveté assez hallucinante. On dirait un enfant qui découvre que le père noël n'existe pas ou un religieux laché par son Dieu au moment d'ouvrir la mer en deux..

Il est surement pas brillant intellectuellement, mais au moins il est honnête. formidablement honnête. Pas comme ces éléphants socialistes français qui disent l'inverse de ce qu'ils font. (peut-être moins par conviction, peut-être par résignation; touça ne change pas grand chose à l'hypocrisie ). La majorité des mesures de libéralisations (surtout de libre-échange) ont étés prises par des socialistes

( cf http://econoclaste.org.free.fr/dotclear/index.php/?2008/10/22/1418-retour-sur-arret-sur-images paragraphe 9 et http://www.amazon.fr/Capital-Rules-Construction-Global-Finance/dp/0674023692/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=english-books&qid=1224702014&sr=8-1 par exemple auquel il renvoye )
«Les gens exigent la liberté d’expression pour compenser la liberté de pensée qu’ils préfèrent éviter.» - Sören Kierkegaard

La République, c’est comme la syphilis : quand on l’a attrapée, soit on se fait sauter le caisson, soit on essaie de vivre avec.