MetalKnuckles (./99) :
Oui c'est une avancée, t'as du corpus, t'as de la création de Droit (oui c'est bien du Droit, oui le Droit International ne diffère pas du Droit français qui exprimerait la justice transcendante)
Eh bien je connais beaucoup de juristes (professionnels, et profs et chercheurs.. ) qui considèrent qu'appeler ça droit, c'est problématique (en moins soft: frauduleux). Évidemment au sens premier du mot, c'est un ensemble de règles qui s'appliquent à un ensemble d'entités, tu peux appeler ça droit dans ce sens...
Le problème, c'est que le droit classique ( à l'intérieur des états.. ) repose sur des fondements théoriques et pratiques sérieux, lourds, qui le distinguent très clairement du "droit international", c'est presque asymétrique. Le droit national marche assez bien en pratique, le "droit international" non.
Une tribu, une nation, c'est [vision un peu idéale] un ensemble de personnes qui partagent une culture, un espace, des échanges quotidiens, une morale. Le droit à l'intérieur du groupe se fonde sur cette notion du semblable qui partage beaucoup (dont l'intérêt par rapport à l'extérieur) et avec qui on vit au quotidien. Il se fonde ou se confond avec la structure politique de ce groupe. Il y a une culture et donc un projet politique commun, il en résulte la notion du semblable qui dispose donc légitimement du même droit que toi. Mais ça ne vaut que pour le groupe (ou le sous-groupe social quand c'est fort stratifié. ), à l'intérieur d'icelui. Tout nouvel arrivant (bébé, immigrant) est forcé à respecter ce droit par la force.
L'histoire nous montre que des groupes peuvent êtres très respectueux des règles et de leur droit à l'intérieur du groupe (et être très gentil et civilisé à l'intérieur) mais bafouer les règles et être inhumain envers l'extérieur du groupe. ( des Grecs aux Indiens d'Amérique.. )
Le 'droit' à l'extérieur du groupe (i.e les règles entre les différentes ethnies, tribus, nations.. ) repose sur quelque chose de totalement différent: des accords multipartis entre entités, négociés par pur rapports de force en fonctions des intérêts de chacun. La seule valeur partagée, c'est que chacun défend ses intérêts, et que le 'droit' international est le reflet en temps direct de ça. Dès que c'est dans son intérêt et qu'elle en a [croit en avoir] les moyens ( i.e rapport de force suffisant), une entité bafoues les précédents accords sans vergogne, sans culpabilité morale ( alors que c'est assez le cas dans le groupe). Personne ne sera 'punie' en fonction de l'infraction commise.. le vainqueur ( au rapport de force) imposera ses nouvelles règles.
Ou alors par ce qu'elle est en situation de force, elle renégocie à son avantage. Ce 'droit' juste la transcription des rapports de force par écrit, et en direct.
Pour faire un parallèle audacieux, c'est comme si dans la société chacun possédait des droits et devoirs dépendants de sa puissance et richesse.. le Puissant pourrait renégocier avec chaque faible pour passer de "j'ai le droit de violer votre femme" à "j'ai le droit de violer votre femmes et vos filles", si ils sont pas d'accords il envoie sa milice pour tuer le pauvre qui refuse...
C'est bien sur ça le Réalisme en RI, comprendre et user de ça, du pur rapport de force.
Des auteurs très nombreux et différents ont bien compris ce mécanisme d'inclusion/exclusion, des anthropologues aux types comme Todd ou Michéa..
Ce qu'on a souvent voulu "vendre" sous le nom de "droit international" (depuis 45), c'est, d'une manière ou d'une autre, une espèce de retranscription du droit de l'intérieur du groupe (qui, si c'est effectivement un mythe qu'il soit Juste, Bon et Transcendant, parait tout de même plus agréable..) vers le droit de l'extérieur du groupe, ie entre états aujourd'hui. Le puissant ne pourra plus violer la fille du pauvre impunément....C'est plutôt un beau projet, très sympathique et tout et tout.
Le problème, c'est que ça ne marche pas, simplement par ce que les fondements nécessaires (partage de culture, d'intérêts, de projets..) ne sont pas réunis. L'homme nouveau du XXiém siècle, plus national mais mondial (un peu la vision des droits-de-l'homistes, des chansons "mon pays c'est la terre", etc. ), n'existe pas [encore].
Il y a, par contre, peut-être un "homme occidental", qui partage tout de même beaucoup même si je ne suis pas de ceux qui pensent l'occident si uniformisé qu'on le dit souvent. Il y a une convergence d'intérêts, une culture assez proche, .. On est un peu dans le cas des cités grecs: différentes, qui se sont beaucoup fait la guerre, mais qui considéraient tout de même les autres grecs comme civilisés même si un peu différents. Ils traitaient beaucoup mieux un prisonnier d'une autre citée grecque qu'un phénicien, et sous la menace extérieur ils se rassemblaient. Il y avait un honneur à respecter les accords entre (citées) grecss, pas envers les barbares.
Un de nos problèmes contemporain, c'est que l'on pense
1 que "l'homme mondiale" existe, mais on le représente à l'image de "l'homme contemporain".
Pour conclure: je pense que ce qu'on nous présente comme "droit" international ne peut pas marcher comme décrit aujourd'hui, ou marche un petit peu à l'intérieur des certains groupes de pays, en particulier l'occident, groupe dominateur du monde. La plupart des institutions internationales sont de faits soit décoratives (ie. peu de rôle réel dans le conflit des nations. Évidemment je n'ai rien contre la FAO.. ) soit répondent au jeu réaliste des rapports de force.
Les "avancées" qui consistent à se mettre d'accord mutuellement pour ne pas utiliser tel type de mines ou de bombes ( en général, on veut interdire ça juste après que les USA les aient testé dans une guerre aux motivations douteuses ), c'est plutôt bien, j'ai rien contre, mais c'est de l'ordre du détail, sur le fond ça ne change pas grand chose, et ça relève de l'intérêt bien compris de chacun..
Donc: J'ai l'impression que l'on utilise ce genre de termes ("droit international", "humanitaire", "droits de l'homme", "tribunal international" ..) juste pour redécorer la réalité (toujours faite des rapports de force, de l'hégémonie américaine, ..), c'est à dire légitimer (présenter comme Bon, Juste et Transcendant ) des institutions qui en fait ne servent qu'a assoir l'hégémonie des puissants.
C'est flagrant quand on entend nos politiques: si un truc est décidé par l'ONU, c'est "bon" et "juste" et relève du "droit". En réalité, c'est un acte subjectif critiquable qui résulte seulement des conflits d'intérêts et rapports de force..
Après j'ai rien contre l'existence de ces institution, c'est plutôt une bonne chose que les gens se parlent et essayent de mettre des règles. Mais la présentation-légitimation qui en est faite est absolument frauduleuse.
1: beaucoup voient bien qu'il n'existe pas encore mais par une négation classique de la réalité qui ne correspond pas à la volonté, veulent le faire exister. Pour ce faire, ils font comme si il existait déjà, prônent le mélange de tout le monde partout, l'anéantissement de toutes les barrières, de toutes le différences culturelles, dans une étonnante "multi-culturalité" uniformatrice qui amène à la culture unique ( coca-cola+nike+séries américaines+droits de l'homme.. )
MetalKnuckles (./99) :
Parler de recherche en quoi ? En Théories des Relations Internationales ? Carr, Morgenthau, Aron, Keohane, Nie, Wendt... c'est quoi alors ?
Des géopolitologues, des intellectuels, des penseurs, des auteurs. En philosophie, en littérature, en sociologie, en histoire, ils se disent philosophes, écrivains, sociologues, historiens. Ils pensent, et recherchent pas mal pour les trois derniers. Mais ils se décrivent rarement comme "chercheur". Les domaines des "sciences sociales" ou "science économiques" ou "science politiques", j'ai l'impression que pour s'acheter pour pas cher de la crédibilité et revendiquer un certain statut, ils singent par les mots la Science ( au sens premier et ancien: Maths, Physique. "science naturelles" aussi, c'est de la physique. ) en utilisant "science", "recherche", etc.