HippopotameLe 25/07/2007 à 21:00
L'année 2002 restera, aussi, celle où la machine Muray a, pour la première fois, connu quelques ratés. Son fonctionnement, pourtant, n'est nullement en cause; on peut même dire qu'il n'a jamais été aussi brillant. Sa magnifique description, par exemple, de la quinzaine anti-Le Pen qui a égayé la France en avril-mai 2002 est sans doute un de ses plus beaux textes.
Toutes ses qualités s'y montrent à plein : ampleur de vues, sens historique, précision dans le détail, et surtout ce coup d'oeil prodigieux qui lui permet, au coeur des détails, de choisir le plus significatif, celui qui va d'emblée au coeur du problème (en l'occurrence, la pancarte : «Non aux méchants» brandie par la petite fille). Ma thèse en réalité est que ce n'est pas Philippe Muray qui va de travers, mais le monde ; que le monde, autour de lui, commence à produire quelques phénomènes aberrants, dont on ne peut assurer qu'ils soient non Muray-interprétables, mais qui sont au moins Muray-ambivalents ; qu'en somme la bonne pensée unique et la terreur molle qui en procède commencent à laisser entendre de légers craquements.