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NilLe 19/06/2008 à 14:45
Bon ben je ne suis pas d'accord avec vince sur presque tout cheeky (disons que je pense que s'il y a des économies à faire, ce n'est pas à ce niveau ; voyant l'envers du décors, je pense sérieusement que le gouffre financier n'est pas là où on pense qu'il est vu de l'extérieur).

Mon argument principal est qu'entre 15 et 25 ans, on a le droit de se chercher. D'essayer, de se tromper, de faire autre chose. Ce n'est pas parce qu'on va passer un an ou deux dans une filière et que, finalement, ben c'est clairement pas ce qu'on veut faire alors on laisse tomber qu'on ne va pas utiliser ces acquis pour les formations suivantes ou l'avenir. Typiquement, on a eu un entretient avec un gars qui avait fait un Master en communication. Avant ça, il avait fait une année de DUT Informatique, une année de L1 en psycho-socio et une année de L1 en MASS. Et de tous les entretiens qu'on a pu avoir, ça a été (et de loin) la personne la plus intéressante : il avait réussi à récupérer ce qui lui plaisait et ce qui lui était utile dans chaque formation pour être à la fois efficace et développer un sens aigu de la critique et de l'évaluation des problèmes.

La réorientation "manu-militari" est une fausse solution à un vrai problème vu d'un mauvais angle. Les fouteurs de merde (j'ai parlé des glandeurs dans le paragraphe précédent, avec "ceux qui se cherchent" - c'est un vrai problème, j'y reviendrai) devraient moins foutre la merde dans un cursus qu'ils n'ont pas choisi ? Laisse-moi rire, c'est même la meilleure façon de créer des gens qui soient en opposition avec ton système et de créer une situation de tension extrême.
A mon avis, il faut arriver à conseiller ces enfants/jeunes pour leur permettre de choisir eux-mêmes ce qu'ils veulent. Mais là, ça revient à autoriser les formations professionnalisantes avant 15 ans. Ca ne me dérange pas si c'est très encadré et s'il y a toujours des ponts pour récupérer un cursus plus généraliste, à mon avis on pourrait descendre la limite à 13 voire 12 ans.

Les heures d'enseignement sont très difficilement quantifiables. D'ailleurs, à l'heure du télétravail et de la souplesse des horaires, je pense que ta proposition n'est pas la bonne. Par contre, il y a effectivement un très sérieux problème pour la partie des enseignants qui n'a plus rien à faire de sa "mission". Là, c'est plus critique, c'est qu'il faut permettre aux enseignants qui ne veulent/peuvent plus voir une classe de changer de parcours professionnel facilement. Mais pour ça, il faudrait un vrai suivi psychologique des individus, et quand tu sais que, dans l'EN, un prof peut très bien ne pas voir de médecin du travail pendant plus de 15 ans, je suis d'accord pour dire qu'il y a un vrai problème.

Pour le Bac, je ne sais pas, je suis partagé. Je ne suis pas d'accord pour dire que le niveau du bac a baissé. Les compétences nécessaires ne sont plus les mêmes, c'est clair ; les programmes n'ont pas su s'adapter aux évolutions sociales et technologiques, c'est certain ; la vraie question à se poser est sur l'utilité d'un diplôme no professionnalisant à 18 ans. Mais, dans ce cas là, comment sanctionner la fin des études secondaires et le passage à des études moins généralistes ? (Je ne parle pas, volontairement, des bacs pros).

Je me demande comment tu calcules le ROI de certaines filières ; typiquement, quel est le retour sur investissement d'une personne qui fait un cursus de musicologie ? Quel est, à ton avis, le ROI d'une personne comme, au hasard, Maurice Ravel, dont le Boléro a fait le tour du monde et le fait encore 80 ans après sa création ?

Je suis d'accord pour les liens EN/entreprise, mais je suis au regret de te dire que c'est déjà le cas. Tu regardes les lycées hôteliers, les lycées de mécanique auto, les lycées avec spécialité chaudronnerie et autres spécialités pros, il y a des interactions très fortes avec les entreprises (et heureusement, d'ailleurs).

Ensuite, tu ne proposes des solutions que pour une certaine catégorie de la population, qui correspond peu ou prou à "toi". Tout le monde n'a pas l'esprit scientifique, tout comme tout le monde n'a pas l'esprit sportif ou artistique. Est-ce que, parce qu'une personne a du mal à concevoir la notion d'intégrale ou de porte logique, il faut forcément la ranger dans la case "secrétariat" pour qu'elle soit utile ? Est-ce que le bonheur c'est la rentabilité ? Est-ce que tu n'es pas en train d'appliquer une méthode qui est celle qui presse les gens comme des citrons en les mettant dans des situations impossibles au bord de la crise ?

edit :
The_CUrE (./5) :
- Retour à l'enseignement fondamental (donc après l'école primaire, savoir VRAIMENT lire, écrire et compter, histoire d'éviter de tomber sur un illettrisme galopant jusqu'en Tle L) et abandon du jargonnage extrême (la grammaire devient incompréhensible et l'enseignement du français est désastreux).

Je ne suis pas contre ça. Mais (malheureusement), c'est un vœu pieux : faites un tour dans certains collèges (pas forcément en banlieues) pour voir que le malaise est plus grand, et comprendre comment ça se fait qu'un prof de 4ème puisse parfois s'émerveiller quand un élève est capable ne serait-ce que d'exprimer ce qu'il pense et ce qu'il désire, en dehors du formalisme standard.