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veryLe 12/01/2009 à 13:19
Nil (./3) :
je ne pense pas qu'il y ait moins de gens cultivés


En tout cas, une chose est certaine, ça ne coïncide plus avec les diplômes (et donc l'élite )
Nil (./5) :
Je ne sais pas si c'est l'éducation nationale qui est en cause à ce niveau.

Elle vit pas dans une bulle isolée, mais nier sa responsabilité (ou du moins sa dérive, impliquée par la dérive de l'esprit de la société...) ça me parait fortenchocolat. Il y a 30 ans, ceux qui restaient assez longtemps accédaient à une certaine culture, certes académique, mais c'était déjà ça et ça pouvait donner envie d'aller plus loin. Ceux qui ne restaient pas longtemps étaient au moins alphabétisés correctement.

Aujourd'hui, ceux qui restent longtemps ne sont pas toujours alphabétisés. La culture (du moins la prétention culturelle) a disparue.

Nil (./5) :
Ah oui, là, je suis assez d'accord. Mais je dirais que c'est plus un problème de marché que d'enseignement


non: c'est un problème de conception de la philosophie de l'enseignement dans la société. Les romains faisaient des formations littéraires même pour devenir gouverneur ou "PDG". Il y a 30 ans, bien des "élites" commençait par une formation littéraire classique et faisaient ensuite qqch qui n'avait rien à voir. On recrutait des gens "intelligents et cultivés": les petits trucs techniques, on se disait qu'ils les apprendraient facilement sur le tas.
Nil (./10) :
Ce n'est pas un problème d'enseignement, mais de société et d'égocentrisme individuel, où on préfère se reconnaitre dans celui qui réussit (en étant connu ou accédant au pouvoir) plutôt qu'avoir envie de devenir comme quelqu'un qui serait un modèle. Il n'y a plus de modèle d'idéal culturel, il y a un modèle d'idéal égocentré.


Oui.. de l'autre coté peut-être que dans les machines à élite, y'a de moins en moins de gens cultivés, ça baisse les chances d'en avoir...
Kevin Kofler (./11) :
Les Mathématiques sont vraiment utiles, alors que ta Princesse de Clèves, je ne vois vraiment pas ce que tu veux en faire dans la vie à part te faire passer comme cultivé en disant que tu l'as lu.

La Princesse de Clèves, ça sert à avoir une vie sociale et personnelle développée, heureuse, à avoir des gens qui comprennent un peu le monde, la vie. A avoir un sens critique, à s'élever vers autre chose que la condition animale. Bref, tout ce qui te manque.
ça a une implication pratique énorme pour la société: la démocratie en dépend beaucoup par exemple. Mais enfin si tu préfères des peuples de moutons décérébrés à des cultures intéressantes...

au contraire, dans la vie de monsieur_tout_le_monde, les mathématiques ne servent à rien (excepté un peu de calcul élémentaire. )
The_CUrE (./12) :
Peut-être cela s'est-il fait inconsciemment, mais pour moi nos dirigeants ont causé cette destruction culturelle tout en planquant leurs enfants à l'Ecole Alsacienne et en les pistonnant dans les grandes écoles ensuite, pour bien assurer leur statut de classe supérieure (j'aime pas le lexique de la lutte des classes, mais il est parlant ici).


.pour le post non forké où t'expliques que c'est presque d'une volonté marxo-68ardiste: Le plus ironique là-dedans, c'est l'alliance objective du Capital et d'une partie des bonnes âmes de gauche pour foutre par terre la culture et produire une société de moutons décérébrés exclusivement consommateurs et producteurs. La culture (au sens le plus large, même les us et coutumes, presque) a toujours été un frein au capitalisme. ça a également toujours été un mécanisme de différentiation sociale. Et le "tous égaux, tous consommateurs décérébrés" veut vraiment dire quelque chose, ce n'est pas juste une formule, mais une terrible synthèse.
Renaud Camus et Michéa (sauf que sa lecture marxiste va t'énerver, mais bon, ça vaut la peine sinon de le lire) sont assez loquaces sur le sujet.
( Par ailleurs, dans l'article cité, on voit bien qui est pour la suppression de la culture: le CRAN, la HALDE, SOS-Racisme, enfin toutes les émanations de ce courant gauchiste, ... )

.C'est pas si inconscient que ça ! Ils s'en rendent bien compte de la réalité ! La moitié des prof en île-de-france obtenait des dérogations pour leurs enfants. Les élites parisiennes placent leur enfants dans les quelques bonnes écoles. Après s'ils osent être un peu cohérent intellectuellement –ce qui est rare chez eux –, il devraient synthétiser: "on fait en sorte d'abrutir tout le monde dans la fabuleuse diversité égalitaire, sauf mes enfants que je place dans des écoles élitistes (très blanches !). Ha bha l'idéal de société que je défends à longueur de journée, c'est pas celui que je veux pour mes enfants ?"
Ils tiennent des discours pour faire beau et jouir de se sentir cool et progressite, mais font en pratique exactement l'inverse, par ce que la vérité est bien simple et plus forte quand il s'agit de soi-même...

Prehisto (./19) :
(je pense que dans la plupart des cas, l'histoire a montré que ça ne l'était pas, et que, par conséquent, il faut être très méfiant vis-à-vis des discours de type "nostalgique").


Bauf. Y'a quand même des phases d'ascension, d'éclatement, de dépérissement, d'oubli, de redécouverte, .... L'histoire, en particulier l'histoire culturelle, ça n'a rien d'un fleuve tranquille bien linéaire..
On a mis du temps (bien deux mille ans... ) avant d'approcher ou d'égaler l'apogée de la Grèce antique. La chute de l'Empire romain, on peut beaucoup discuter dessus, mais ça a coïncidé clairement avec une chute culturelle. (au moins après coup )
La plupart des cultures ont eu des heures prospères culturellement, et de longues périodes de stagnation ou déclin.

Donc je pense exactement l'inverse: dans la plupart des cas, ça l'est. Les périodes de création et d'excitation culturelle sont de fait peu nombreuses (faut des conditions bien spécifiques... ), donc très minoritaires dans le temps. Donc on a toutes les chances d'être à une période d'excitation culturelle plus faible, si tu prends un point au hasard de l'histoire d'une civilisation. Donc y'a *un certain* avant qui était mieux. (au sens plus brillant. )
Prehisto (./19) :
Au contraire, j'ai plutôt l'impression que, plutôt que d'insister sur l'accumulation des connaissances, ils ont voulu inciter à la réflexion (par exemple le programme d'histoire au lycée est clairement dans cette optique là). Le problème c'est qu'on ne peut pas vraiment réfléchir sans aucune base, niveau connaissances.


La réflexion sans connaissances, ça tourne vite au ridicule "tamère Sinik cé mieux que Sniper !!! -Z'yvas fils de pute t'as des oreilles pouriess sarace !". Ou "Ho les batards d'esclavagiste sont pas gentils moi j'veux un monde sans sarace batard de ta mère", etc, etc, etc. Je caricature à peine.
C'est compliqué: il faut réussir à créer une dynamique non pas de l'expression ( l'art est là pour ça... ) –donc de l'affirmation– mais du questionnement – de sa propre remise en cause–, ayant pour but juste un certain idéal de vérité et de savoir.

Donc, introduire la "réflexion" à l'école comme ils l'ont fait, sauf peut-être dans quelques très bon collèges et lycées, c'est clairement une catastrophe, c'est même nuisible: ça fait juste perdre du temps qu'on tentait d'utiliser avant pour acquérir quelques connaissances. En plus ça conforte l'aspect "l'enfant-roi" et "narcicisation de l'individu", en faisant croire que la chose la plus importante est que ces gamins incultes puissent donner leur avis, que ce qui compte c'est leur expression. Hors, si cette narcicisation de l'individu entraine dans les couches sociales supérieurs une espèce de branlette culturelle ( toute aussi ridicule ), en bas c'est encore pire (quoique..): si la seule chose intéressante au monde est votre propre personne et sa satisfaction, pourquoi faire cette démarche de sortir-de-soi, d'aller chercher violemment à l'extérieur des choses qui peuvent changer notre vision du monde ? (donc se remettre en cause. )
On va plutôt consommer de l'entertainement de merde qui renforce ce que l'on pense, qui complaît à l'être narcissique par ce qu'il le flatte.
Prehisto (./19) :
Il faut arrêter de croire qu'ils ne sont pas capables de comprendre.


Non mais quand la société toute entière s'ingénie par tous les moyens à abrutir le plus possible tout le monde et sa jeunesse en particulier, ça finit par en faire beaucoup qui ne sont plus capable de comprendre grand chose – le cerveau, ça se forme surtout pendant les premières années, l'enfance et l'adolescence...