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Lionel DebrouxLe 06/05/2019 à 07:39
Une population moins éduquée réfléchit moins, est plus précaire et plus facile à contrôler, pendant qu'une certaine forme d'élites continue à se reproduire, avec un certain jeu de valeurs dans lequel le bien commun à long terme, comprenant le fait de tirer vers le haut le gros de la population (comme cela a pu être le cas, d'une certaine manière et dans certaines limites idéologiques, lors de la généralisation de l'éducation publique il y a ~130 ans en France), sont assez absents. Les populistes surfent sur cette éducation réduite, le manque de considération envers et la vie moins facile de certaines personnes, pour pouvoir capter une partie du gâteau des élites en arrivant au pouvoir (où, si par malheur ils y arrivaient, ils ne résoudront d'ailleurs pas les problèmes).

Ca fait des générations que le mouvement de baisse de l'éducation est en marche: quand j'ai passé le bac au début des années 2000, nos profs de lycée nous disaient souvent que le niveau avait beaucoup baissé par rapport à une génération avant, et que ça allait empirer avec les réformes qui arrivaient les années suivantes. J'ai encore passé les évaluations d'entrée en 6ème, qui montraient année après année qu'environ 40% d'inaptes à poursuivre (parce qu'ils ne savaient pas lire, écrire et/ou compter) rentraient dans le tuyau du collège. A-t-on corrigé le problème ? Bien sûr que non, on a seulement supprimé un des rares outils d'évaluation qui donnaient une métrique; on a presque interdit en pratique le redoublement, bien que ce soit évidemment une grosse connerie de forcer des gens qui ne disposent pas des bases permettant de poursuivre efficacement à avancer coûte que coûte, et de façon prévisible, se planter. Les élèves français continuent à s'enfoncer dans les tests internationaux, année après année, et ce n'est pas juste parce que ces tests ne seraient pas adaptés aux spécificités de l'enseignement français (tout comme le classement de Shangaï pour les universités ne serait soi-disant pas adapté à l'évaluation du système français).

Il y a un problème de rendement de transmission; on enseigne beaucoup de choses à l'école, mais peu sont retenues, en partie parce que quel que soit le métier, peu sont utilisées dans la vie personnelle et professionnelle chaque jour. A contrario, des méthodes qu'on trouve dans les métiers ne s'apprennent pas à l'école. Tout ça pendant que des croyances bizarres se développent de manière tenace (créationnisme, flat earthism, etc.). Bien sûr, l'école ne peut, et ne doit probablement, pas tout enseigner, mais il est difficile de penser qu'on ne pourrait pas faire moins mal avec tout l'argent que cela coûte.