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veryLe 14/04/2009 à 17:11
onur (./270) :
Ce que je veux dire c'est que l'engouement pour l'open source provient peut être plus d'une tendance philosophique que tous ces aspects technico-juridiques dont on a parlé jusque là.

Oui c'est certain, c'est un mouvement d'abord idéologique même s'il n'en est pas toujours conscient ( et bien des mouvements idéologiques -- politiques notamment -- argument sur la réalité: "faire comme je dis ça marche mieux", sans forcément parler des raisons de fond, des bases de l'idéologie... )
The_CUrE (./271) :
Faut aussi prendre en compte l'énorme échec du pacifisme hippie, qui est devenu un jouet pour enfants de riches pour ne rien foutre, ne pas se laver, se droguer et baiser comme des lapins au lieu de proposer quoi que ce soit...

D'un autre coté, cet échec est déjà en succès en soi, d'où l'ambiance d'auto-parodie...
Nil (./272) :
Oh, je pense même qu'il est certain que l'idéologie Open-Source est avant tout une philosophie qui emprunte à la fois aux idéologies libérales et communistes (même si ça parait antinomique, mais je sais bien que very lui-même a conscience des rapprochements possibles entre ces idéaux)

Bhaf politiquement, en gros, c'est de l'anarchisme "de gauche" ou socialisant: ça emprunte au libéralisme par l'adoration de la liberté individuelle et donc le refus d'organisations sociales de contrôle -- l'entreprise ou les licences non-libres ici --, mais *en même temps* c'est animé par une pulsion égalitaire ou communiste. ( parce qu'en gros ils considèrent qu'un dominé ne peut être libre, et donc que le liberté présuppose la non-structuration sociale, donc l'égalitarisme.... )
L'idée -- absolument naïve -- c'est qu'en laissant les bisounours s'auto-organiser ils vont faire émerger un monde tout gentil à la foi libéral et égalitaire ( par volonté de chaque bisounours d'être gentil )

Bon en pratique ça n'a jamais marché politiquement ( parce que c'est structurellement contradictoire: il suffit qu'une seule personne ne joue pas volontairement le jeu du bisounoursisme, et tout foire. Et donc tout foire à chaque fois... ), et d'un certain coté le monde du logiciel libre est peut-être le plus grand succès de cet anarchisme de gauche.
Le truc intéressant à remarquer, c'est que le monde du libre marche essentiellement avec des licences très restrictives -- comme la GPL --, qui d'une part "excluent" de la "société" les non-bisounours déclarés, et d'autre part *force* les bisounours volontaires à vraiment agir comme des bisounours.
Et le respect de ces licences repose sur l'état de droit, sa justice et sa force imposées, bref surf une institution qui incarne à peu près l'inverse de l'idéal anarchiste.

D'où l'on remarque encore une fois que l'égalitarisme suppose la contrainte forcée et ampute toujours la liberté. ( bref l'anarchisme socialisant est une belle utopie, mais une contradiction dans les termes quand c'est appliqué à l'homme. )


Bon ensuite Onur soulève la question du "prestige moral" ou "prestige philosophique": on peut du moins remarquer que ce n'est pas spécifique au monde de l'informatique, les théories utopistes de gauche s'accaparent souvent de cette "supériorité morale" ( comme le communisme dans le temps, la french theory ensuite, .. ). Mon sentiment profond, c'est que c'est directement lié à la morale chrétienne (un peu dévoyée et passée manichéenne, avec ses méchants qui exploitent et ses gentils qui partagent... ), mais on pourrait en débattre des jours entiers, ça revient à faire une analyse historique de l'occident et du christianisme...