Je me permets une incruste tranquille et un réchauffage de débat pour deux ou trois petites choses:

- Disserter entre DVD et VOD et cékoilemieu est, à mon avis, un problème qui vient en aval, la vraie question étant: quelle diffusion de la culture cinématographique pour demain, et à fortiori, quelle culture cinématographique ? Est-on dans une pratique de consommation instantanée justifiant des films réduits au simple "film" ou dans une pratique d'objet, où le film fait partie d'un tout ? La VOD répond à une démarche facile, celle de "j'ai pas envie de me bouger pour aller acheter un DVD dont je ne sais pas si je regretterai sa présence dans ma DVDthèque, encore moins devoir louer un film, le rapporter et payer une taxe pour le rendre". Le DVD propose plusieurs versions, plusieurs pistes son, des bonus et une qualité généralement supérieure (encore plus vrai pour le Blu-ray) (j'aime pas le Blu-ray, mais il faut bien reconnaitre que...)

- Constat: la VOD n'est pas toujours vendue plus avantageusement qu'un DVD, et répond clairement à la facilité (mes parents ont même déjà commandé en VOD un film que j'avais en DVD deux étages au-dessus, parce que bon, tu comprends, c'était spontané, si facile, et je sais bien que tu as acheté 3€ ton DVD de Woody Allen et nous 4€, mais tu vois, c'était comme ça, on n'a pas réfléchi). Le DVD est de moins en moins cher pour peu que l'on se détourne des circuits traditionnels, du style supermarché & co, et encore, ce sont des réseaux qui tendent à avoir des offres de plus en plus intéressantes, appelle plusieurs visions, contient plusieurs versions. La simple démocratisation de la VO a fait sacrément beaucoup pour la culture.

- Ce sont toujours les mêmes films qui sont mis en valeur. Camping 2 & co, la majorité silencieuse est indomptable. Même sur les forums de téléchargement sur lesquels je traine, on voit fleurir à la pelle des topics pour le dernier Resident Evil en VF balancé à l'arrache, et, parfois, un topic émerge, construit, documenté, avec une centralisations de films contemporains thaïlandais (je n'exagère pas) ou 1 To de Blacksploitation.

- Je suis assez pessimiste sur l'avenir du cinéma comme produit culturel, les clivages se creusent, tous les bons films n'ont pas le traitement qu'ils méritent, de même que certaines daubes sont largement encensées par des mecs à qui on a dit qu'il fallait les adorer (cette phrase pourrait paraitre toute faite si ça n'était pas du vécu). Pour un In the loop, combien de 11 Commandements ?

La VOD pourrait être un support fantastique s'il était animé d'un esprit assez indie et assez allumé pour proposer une contre-offre aux devantures de rayonnage de Virgin Megastore. Mais c'est pas demain la veille. Payant, c'est trop cher. Perso, ça me fait chier de claquer 10€ à Megaupload parce que les films que je veux télécharger sont introuvables ailleurs (je suis incompatible avec Bittorrent). Je ne sais pas si on peut trouver un business model adapté à ce genre d'opération. Mais pour faire court, disons que les français sont des veaux et feront tourner la machine bien huilée par les majors tout en feignant d'aller à rebrousse-poil. Même MK2 a fait du cinéma d'art et essai un produit de luxe, alors que ça devrait être la première chose accessible au public. Je me demande si ça n'explique pas certaines choses.

Voilà, vous m'excuserez, à chacun son delirium tremens.