redangel (./7860) :
Je ne te suis pas trop, mais j'ai beaucoup d'ignorance au sujet de la déréglementation.
C'est pourtant simple, regarde Germinal, regarde les chroniques des ouvriers d'usine du XIX°, regarde les chroniques des ouvriers avant que les syndicats et corpos ne leur gagnent des droits.
Le travail déréglementé, c'est-à-dire sans règles, c'est l'employeur-Dieu qui te vire dans les 30 secondes sans indemnités parce qu'il en a envie, c'est le contrat de 60 heures par semaines + 20 supplémentaires gratuites s'il en a envie, c'est la servitude humaine sans assurance, mutuelle ni retraite.
Toi tu vois le travail déréglementé comme la possibilité de se faire des semaines et des horaires à la carte, pour s'épanouir dans un travail-loisir où la bonne volonté est un moteur magnifique, mais cette fraîcheur, cette 'naïveté', a un effet pervers:
désormais on utilise ce genre d'aspirations pour créer un contexte où l'employé n'a pas besoin d'argent, il vient apporter son savoir à l'entreprise par altruisme, par philanthropie, j'en ai vu des entretiens d'embauche où quand on aborde les thunes les recruteurs le font à reculons et admettre l'aspect alimentaire de tout travail est vulgaire et très mal perçu.
Du coup, on joue sur cette culpabilisation aussi pour faire passer (parmi moult moyens) une pression à la baisse sur les salaires.
N'oublie jamais que l'exploitation de l'homme par l'homme tend toujours au pire, au mauvais, parce que c'est aussi la nature humaine, et il faut des lois strictes et des conventions strictes, et un code clair et coercitif pour empêcher les entreprises d'abuser.
Je dis ça d'autant plus que j'ai vu la mauvaise foi et les abus au bureau de mes yeux, et pas tant en multinationale (là curieusement c'était plutôt réglo, tous comptes faits) qu'en PME (et pourtant d'habitude je préfère, symboliquement parlant, la PME au Big Business.
Oh, et puisqu'on est en train de détourner le thread, avant qu'un mod ne s'énerve, je propose un fork pour parler socio-psycho-philosophie du travail, et qu'ici on continue à se tirer la bourre entre macfags et mac-bashers.