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HippopotameLe 04/04/2011 à 13:31
Je ne suis pas d'accord non plus avec la propriété privée comme marqueur de l'axe droite-gauche.
Il met Hitler au centre parce que le nazisme a une vision holiste de la société qui s'oppose à certaines formes de propriété. Perso je vois les choses dans l'autre sens : ça montre qu'il existe des droites qui n'idolâtrent pas forcément la propriété. Et réciproquement il y a des gauches, y compris radicales, qui ne sont pas anti-propriété. On a retenu de Proudhon la formule choc "la propriété c'est le vol", et pourtant sa vision de la propriété est beaucoup plus nuancée et a beaucoup évolué.

Si je devais faire une classification des mentalités politiques dans le monde (d'une bonne partie en tout cas), je partirais de trois axes :

- L'axe droite/gauche. La révolution industrielle a brisé l'homogénéité de la société paysanne en créant une classe ouvrière exploitée. La gauche prend le parti des ouvriers, dans sa vision il s'agit de faire des prolétaires la nouvelle nation (naissance des socialismes). La droite cherche au contraire à réintégrer la classe ouvrière dans la nation, à reconstruire la nation ancienne (naissance des nationalismes).

- Un axe liberté/autorité. Ou individualiste/holiste, libertaire/discipliné, autonomie/intégration, etc...

- Un axe égalité/inégalité. Ou universalisme/différentialisme. Qui mesure la propension à ressentir les autres hommes, les autres classes, les autres peuples comme égaux.



Les huit coins du cube sont remplis de la façon suivante :


- gauche, liberté, égalité : L'anarchisme, l'anarcho-syndicalisme, l'anarcho-socialisme. Proudhon, la gauche française du XIXème siècle... L'individu et sa liberté sont au dessus de tout. Les écarts trop importants de richesse sont une atteinte à la liberté des humbles.


- gauche, liberté, inégalité : Le travaillisme anglo-saxon. Un "zéro-socialisme", avec des valeurs et de vraies luttes ouvrières, mais pas vraiment l'envie de construire concrètement une société nouvelle.


- gauche, autorité, égalité : Le communisme historique (russe, chinois...). Les ouvriers sont la nouvelle nation et les autres doivent rentrer dans le rang ou mourir. Tous les hommes naissent esclaves et égaux.


- gauche, autorité, inégalité : La social-démocratie (la vraie, germanique ou scandinave). Un truc monstrueusement étatique et holiste. Réduire les inégalités pour aider la classe ouvrière, mais en gardant au fond de la tête l'idée que l'inégalité et la hiérarchie sociale sont un ordre naturel indépassable.


- droite, liberté, égalité : Le gaullisme, le bonapartisme, le boulangisme. Le franquisme. L'armée comme dernier bastion d'ordre dans une société libertaire. Un nationalisme non raciste. Pas de doctrine (accepter une doctrine c'est se soumettre) mais un chef qui est un super-individu, souvent un rebelle qui ne méprise ni le coup d'état ni le suffrage universel.


- droite, liberté, inégalité : Un conservatisme libéral et isolationniste typique du monde anglo-saxon, en particulier ancien (XIXième, première moitié du XXième). Le rêve américain, la libre entreprise. America first, la SDN n'est pas pour nous. Les noirs ne doivent pas être esclaves mais ils n'ont pas besoin d'être égaux. Chacun doit défendre les libertés individuelles.


- droite, autorité, égalité : Le fascisme de Mussolini ou la Finlande de Mannerheim. Un état qui se veut "totalitaire", envahissant l'individu, corporatiste. Rêve d'empire universel, d'expansion territoriale type empire romain. Un discours superficiellement inégalitaire, mais rongé par l'égalitarisme de la société. Le culte de l'autorité du chef et le constat de sa banale égalité s'opposent, le régime est fort et fragile à la fois.


- droite, autorité, inégalité : Ethnocentrisme. L'identité, la conscience aigüe de notre singularité. On ne s'intéresse pas trop au reste du monde. Conserver la pureté, la lignée. Société organique. Tout cela peut prendre de multiples formes, du neutralisme suisse ou japonais au divers régionalismes européens, jusqu'aux extrêmes du nazisme ou de l'impérialisme japonais.



Naturellement tous ces exemples historiques n'empêche pas qu'on puisse être plus ou moins modéré et plus ou moins extrémiste dans chaque direction.