flanker (./31) :
Je suis assez d'accord avec very. L'idée de la prépa est de donner des bases scientifiques relativement généralistes (pour comprendre les grands principes physiques ou mathématiques des problèmes qu'un ingénieur peut rencontrer), et apprendre à bosser de façon intensive. J'ai souvent l'écho de jeunes ingés qui ne connaissent plus rien en technique, qui ne peuvent plus prendre de décisions rapides en réunion car ils doivent retourner à leur bureau faire des calculs compliqués (alors qu'un ordre de grandeur calculé de tête suffisait) mais qui veulent avant tout être chef de projet...
./34 Première partie > Attends, attends, on parle d'un concours à bac+2/+3, hein ! Dans trois ans, ces gens là sont sur le marché du travail, avec des responsabilités ! S'ils n'ont pas été capable de se créer cet environnement de connaissance riche (que ne leur fournit pas la prépa, excuse-moi), ils ont toutes les chances de ne pas s'en sortir dans le milieu du travail !
Les recruteurs se foutent (théoriquement) bien de connaître ton contexte social de provenance tant que tu es efficace, que tu as un esprit vif et que tu as la comprenette facile. D'autant plus dans des métiers ingénierie où il faut avoir à la fois une haute technicité, de larges connaissances théoriques et des compétences d'adaptation et de synthèse. Les concours tels qu'ils sont à l'heure actuelle ne sélectionnent que sur un seul de ces critères. On a donc des gens à qui on va décerner des diplômes d'ingénieur (parce qu'ils sont loin d'être bêtes) qui ne sont pas du tout préparés à leur métier parce qu'ils ont passé 2 (3) ans à bachoter comme des malades (une petite exception peut-être pour la filière PTSI où il y a de l'usinage et du travail pratique, mais elle a souvent une réputation de filière technique, donc elle n'est pas plébiscitée - or le métier d'ingénieur *est* un métier technique, même si on a voulu le transformer en autre chose au fil des temps [peut-être à cause de certains corporatismes]).
very (./34) :
ensuite t'as déjà fait quelques concours genre centrale/x/ens
Je n'en ai pas fait parce que je n'ai pas fait cette filière. Par contre, là où je travaille, ils passent à 90% par le concours CPGE. Cela dit, le constat de recracher sans rien comprendre ne vient pas directement de moi, mais des enseignants, qui regrettent en fait autre chose que ça : ils regrettent que les élèves ne soient pas capables de remettre en question les résultats théoriques qui leur ont été servis pendant la prépa lorsqu'ils se retrouvent dans des cours à haute technicité. Comme si la connaissance de la prépa (où on leur a dit qu'il s'agissait de "prépas d'excellence", de "prépa étoile", d'"élite de la nation", etc.) était quelque chose de figé.
Le problème est que les grandes écoles, avec le mode d'affectation des crédits ministériels, ne peuvent pas se permettre d'être trop sélectives à la sortie. Donc elles le sont à l'entrée. Mais il y a clairement un problème dans la mesure où la prépa ne pré-prépare pas au métier d'ingénieur, mais prépare à un concours. Donc ont peut être très (très) bien classé au concours et être une quiche réelle dans la pratique. Et obtenir son diplôme.