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BrunniLe 21/05/2020 à 14:23
flanker (./6655) :
Brunni (./6651) :Pour en revenir au truc, moi je me sens insulté quand dans les formulaires on me demande "le sexe auquel je m'identifie le plus", ça me donne envie de boycotter le service. Le sexe n'est pas un choix, et me forcer à croire le contraire c'est comme essayer de me faire croire que le sang est bleu, je dis baliverne. Et bien que je sois tolérant, ça m'énerverait qu'un formulaire me demande la couleur de mon sang. J'espère qu'un jour il y aura des gens pour faire la pression inverse. Mais d'ici-là ces zigotos auront trouvé un autre cheval de bataille. Car après tout c'est juste une question d'attention, d'exprimer un mal intérieur et de trouver un moyen de s'unir.
Personnellement, je me demande surtout ce que peut vouloir dire « se sentir homme », quand on explique en même temps qu'être homme ou femme est un choix (ce qui vide immédiatement la définition de tout son sens, vu qu'on ne peut plus définir le moindre critère de masculinité).
Comme j'ai compris, se sentir homme ou femme c'est adhérer aux attentes de la société correspondant à ton sexe.

C'est une manière de changer la case dans laquelle tu souhaites rentrer, plutôt que développer une identité propre, qui aille au-delà de ces "cases". Pour beaucoup de gens il est difficile de sortir de la case car ils pensent qu'ils SONT cette case.

Ainsi, pour un mec/meuf normal, être une femme c'est non seulement avoir des seins mais devoir te comporter comme femme et tout ce qui va avec. Souvent ce qui pousse les gens à s'identifier (faire une liaison forte, indissociable) à leur sexe c'est les avantages que ça procure. Rentrer dans une norme, ça vient avec des stigmas c'est vrai, mais aussi avec plein d'avantages dont bénéficie le groupe. Il est aussi beaucoup plus facile d'imposer une identité de groupe que ta propre identité car :

1) Tu as tout le groupe pour te soutenir,
2) Par défaut, comme le bénéfice du doute, tu as toutes les qualités qu'on associe au groupe, donc tu commences avec un niveau très haut avant d'avoir ouvert ta bouche. C'est idéal pour les gens qui ne sont pas convaincus d'avoir beaucoup de valeur au fond d'eux (la majorité), en plus tu peux choper plein de petites graces gratuitement sans avoir à donner en retour.

Alors que ta propre identité, tu dois non seulement l'imposer comme viable, mais en plus commencer à zéro en facteur amabilité, et montrer ce que tu vaux. Ça fait peur. Même si c'est débile car au final il est bien plus agréable de surprendre positivement les autres par rapport à leurs attentes, que risquer de décevoir leurs attentes hautes. Mais on y préfère quand même le second choix.

Quand tu as voyagé cette notion devient évidente. Aujourd'hui je ne suis ni "Suisse" ou "Japonais" ou "Américain", car je suis un mix de ces endroits où j'ai vécu, et je ne conviens à aucune de ces identités, trop simplifiées. Mais ce serait facile pour moi de juste m'identifier comme Suisse, je pourrais alors faire la merde que je veux, personne ne me dirait rien, les gens s'intéresseraient à moi gratuitement, etc. Mais moi j'ai voulu m'élever au-dessus. Ça ne change pas que je suis Suisse (c'est indéniable, je suis né là-bas et mon passeport dit ça) mais mon identité est infiniment plus vaste. Mais c'est en effet plus difficile initialement de me faire accepter en tant que tel, car je ne vais pas m'entendre avec un "Suisse typique", un "Japonais typique" ou un "Américain typique", j'ai besoin de quelqu'un qui peut comprendre mon background de voyageur, ce qui représente une minorité. Ajoute aussi les autres propriétés qui font ma personnalité, et tu tombes effectivement avec ~zéro personne qui me convienne, ce qui paraît désespérant. L'idée devient alors de définir qu'est-ce qu'un "Brunni" (sans se limiter à Suisse, Homme, etc.), ce qui est important pour lui et ce qu'il a de bien à apporter, pour trouver les gens qui vont avec, et il n'y a rien "en boîte" de prêt pour moi.