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Kevin KoflerLe 05/12/2016 à 13:31
En Italie, c'est le NON à la réforme constitutionnelle de Matteo Renzi qui a gagné avec 59,11%. (Ce chiffre définitif comprend aussi les votes par correspondance des Italiens à l'étranger, qui étaient pour le OUI à 64,7%, c'est pour ça que le chiffre est moins élevé que les 59,95% de NONs dont parlent beaucoup de médias.)

Matteo Renzi est l'actuel chef du PD (Partito Democratico, "parti démocratique" à l'américaine, regroupant les social-démocrates et d'autres forces de centre-gauche) et chef de gouvernement, mais il va démissionner en tant que chef de gouvernement aujourd'hui et probablement aussi en tant que chef du parti.

Ce qui m'agace, c'est la manière biaisée dont est présenté le résultat dans les médias étrangers: Ce qu'ils ne disent pas, c'est que le NON n'était pas seulement soutenu par des forces de droite (Movimento 5 Stelle, Forza Italia, Lega Nord etc. sick), mais aussi de gauche: l'aile gauche du PD (oui, Renzi n'avait même pas le soutien de l'intégralité de son parti!), Verdi (verts), Sinistra Ecologia Libertà (SEL) (parti écosocialiste/écocommuniste), Rifondazione Comunista (PRC) (eurocommunistes, alliés du PCF français) et le petit Partito Comunista (communistes de la vieille école, eurosceptiques, alliés du NPA français – le nom "Partito Comunista" est redevenu libre parce que ça fait des années que le vieux PCI s'est découpé en PDS→DS→PD socialdémocrate et PRC). Cette liste comprend effectivement l'intégralité des forces à gauche du PD. Cette victoire du NON n'est pas une victoire de la droite. C'est une défaite de Renzi (et de son allié de la Grande Coalition, Angelino Alfano, fondateur et tête du NCD (nuovo centrodestra = nouveau centre-droite), ministre de l'intérieur, ex main droite de Berlusconi qui a rompu avec ce dernier), obtenue tout autant par la gauche.

La faute à la défaite de Renzi ne tient qu'à Renzi lui-même, qui a utilisé depuis le départ un style de gouvernement très autoritaire, sans compromis possibles, mettant des votes de confiance (comparables à votre 49.3) sur tout et n'importe quoi, et qui a fait la grosse erreur de proclamer que son sort dépendrait de celui du référendum. Du coup, ça a poussé des gens qui auraient peut-être voté OUI sans ça à voter NON pour se débarrasser de Renzi. Il a aussi refusé tout compromis sur le contenu de la réforme. Il y a plusieurs passages (concentration du pouvoir, renforcement du néolibéralisme économique) qu'une force de gauche ne pouvait pas soutenir. (Pour les motifs de la droite, demandez à quelqu'un de droite. smile À mon avis, leur but était avant tout de faire perdre Renzi, mais je connais très mal les motifs des partis et électeurs de droite.)