HippopotameLe 04/08/2010 à 00:10
BENOIST-MECHIN ETAIT HOMOSEXUEL.
Derrière le choix politique de ce germanophile à la veine prolifique, il y a avant tout un choix esthétique, une reddition amoureuse habillée de pied en cap sous le drapé doctrinal d'un idéologue soucieux de préserver les apparences et de situer son engagement à hauteur de visionnaire, sur les cimes de la pensée créatrice et du pur esprit. Pourtant, ce qu'il aime par-dessus tout dans l'Allemagne national-socialiste, ce sont les Allemands, la force et la jeunesse divinisées, les corps glorieux de ces garçons si semblables aux jeunes prostitués qu'il aimait à fréquenter Unter den Linden, quelques années auparavant. Son Allemagne est le pays du nazisme comme phénomène érotique de masse, corrupteur et envoûtant, ténébreux et indépassable, renouvelant la poésie spartiate avec le lyrisme charnel de ces phalanges blondes et musculeuses, le déploiement de ces fastes d'énergie à la lueur des flambeaux qui font scintiller les cuirs noirs ou fauves et l'acier des poignards. Il l'avouera, plus tard, en prison: «C'était le style particulier du fascisme et du national-socialisme qui m'avait séduit, tout d'abord, plutôt que tel ou tel aspect de leurs doctrines sociales ou économiques [...]. J'avais constaté que la puissance et la beauté sont deux phénomènes inséparables et que les grandes époques politiques coïncident invariablement avec les grandes époques de l'art.» [...]
Le retour de Laval, en avril 1942, offre à Benoist-Méchin, promu secrétaire d'Etat auprès du nouveau chef du gouvernement, l'occasion d'accomplir symboliquement ce dessein. Il convainc Arno Breker de venir exposer ses œuvres à Paris, non sous la protection des «baïonnettes allemandes» - ce serait pour lui un affront - mais à l'invitation du gouvernement, de la municipalité et des artistes français. L'exposition est inaugurée le 15 mai à l'Orangerie. [...]
Le déjeuner à Matignon, en présence de Laval et des corps constitués, confère à l'événement une incontestable dimension politique. Au soir de ce triomphe, Benoist-Méchin a fui les invitations. Il est rentré chez lui, dans son appartement du 52, avenue de Clichy, où l'attendait sa vieille mère. Il y a déjà plus de deux mois que Laval a rangé dans un tiroir le rapport de police daté du 28 février 1942 signalant que le ministre Benoist-Méchin entretenait une relation intime avec un très jeune soldat de l'armée allemande.

