(tiens, plus généralement, c'est possible de trouver des détails sur ce genre de phénomènes sur internet ? j'ai pas l'impression de pouvoir trouver gd-chose avec google...)
Sur internet, je ne sais pas...
Les sources citées dans
L'invention de l'Europe, et qui concernent cette étape particulière de la déchristianisation, sont les suivantes :
Max Weber,
Economie et sociétéT. Tackett,
L'histoire sociale du clergé diocésain dans la France du XIXième siècleC.Hémar,
Les Frères mineurs capucins sous l'Ancien RégimeM.Vovelle,
Piété baroque et déchristianisation en Provence au XIXième siècleJ.Marcadé,
Beja, terre de mission au XIXième siècleR.Duocastella,
Géographie de la pratique religieuse en EspagneR.Duocastella,
Analisis sociologico del catolicismo españolD.Julia & D.McKee,
Le clergé paroissial dans le diocèse de Reims sous l'épiscopat de Charles-Maurice Le TellierG.Le Bras,
Etudes de sociologie religieuseAinsi que divers autres articles, et les registres de l'Eglise.
Tout ça ne donne pas l'impression que ça a été expliqué et chiffré complètement d'un bout à l'autre, et encore moins que c'est trouvable sur le net...
Pollux
(./664) :mais d'où vient la chute des croyances religieuses en italie du sud si l'alphabétisation n'avait pas encore eu lieu ?
L'alphabétisation n'est pas le facteur fondamental de déchristianisation (enfin, bien sûr, le progrès culturel amène en général une baisse des croyances religieuses, mais en fait ce n'est pas si clair. Des sociétés alphabétisées plus tôt (l'Allemagne) peuvent être déchristianisées plus tard. Et aujourd'hui, par exemple, les Etats Unis restent fondamentalement croyants). Les causes fondamentales de la première vague de déchristianisation doivent être cherchées dans :
* La structure particulière du catholicisme contre-réformé en zone nucléaire égalitaire, de système agraire la grande exploitation : des campagnes peu croyantes, et des villes très croyantes.
* La faiblesse naturelle de la conception de Dieu en région nucléaire égalitaire.
* Le progrès scientifique qui supprime la nécessité de Dieu.
Du coup : Le progrès scientifique, exprimé par les Lumières, rend Dieu inutile. Il y a donc une dérive de l'opinion des villes vers le déisme (dieu abstrait) et fatalement, au bout du parcours, vers l'athéisme ou l'indifférence (dieu absent). Quand la croyance s'écroule dans les villes, tout le système religieux s'écroule.
Ce qui change ailleurs en Europe, c'est que les campagnes sont croyantes, elles absorbent le choc et elles sauvent le système. Le progrès scientifique ne suffit pas. Un siècle plus tard, il y a une reconquête inverse, ce que dans l'histoire protestante on appelle le "Réveil du protestantisme" : une nouvelle vague religieuse qui remplace les anciens philosophes sceptiques.
Les marchands, les petits artisans qui forment la base de la population des villes médiévales sont donc plus croyants que la moyenne. A l'inverse, les ouvriers agricoles des grandes exploitations sont peu croyants, même s'il y a un respect formel de l'Eglise.
Oui enfin qu'est-ce qui fait que ça ne peut pas s'expliquer plus simplement par un niveau intellectuel/culturel plus élevé en ville ?
Il y a d'autres coins d'Europe à la même époque où les paysans sont profondéments croyants. Je crois que l'explication fondamentale est celle de Weber : l'indépendance économique, la responsabilité économique sont des facteurs puissants de religiosité. Et donc le système agraire de grande exploitation, employant des ouvriers qui ne sont pas maîtres d'eux mêmes, fabrique des paysans peu croyants.