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pierrotLe 03/03/2008 à 15:40
On parlait pas de saveur? De gout de cochon? D'interêt pour la viande?

Ça choque en France, comme manger du lapin choque au Japon, mais ce n'est pas le cas partout dans le monde.
Dans de nombreuses cultures, le cannibalisme est considéré comme un acte atroce et sacrilège, alors que dans d’autres cultures, c’est une coutume sacrée.
Le cannibalisme semble avoir toujours existé et avoir persisté jusqu’à notre époque moderne. Son origine exacte est un mystère. Des anthropologues pensent qu’il est apparu au début de l’histoire des hommes et, par la suite, a proliféré avec le besoin grandissant des hommes d’apaiser leurs dieux, de survivre aux famines ou d’obtenir une vengeance ou un contrôle sur leurs ennemis.
Des études archéologiques montrent que le cannibalisme était pratiqué durant la période néolithique et l’âge de bronze, à travers l’Europe et l’Amérique, mais également en Afrique, en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Moyen-Orient et en Asie. Les motivations variaient selon les cultures et les situations, mais il semble que certaines formes de cannibalisme prévalaient dans certaines régions du monde et certaines périodes.

Les Aztèques du Mexique sont renommés pour avoir sacrifié et dévoré des centaines d’êtres humains par an. Ils s’en prenaient surtout aux autres peuples, mais il leur arrivait aussi de se manger entre eux et d’avoir recours au cannibalisme pour survivre lors des grandes famines. Les sacrifices humains et les cérémonies cannibales qui s’en suivaient étaient destinées à créer un équilibre universel entre le monde et le cosmos. Les Aztèques pensaient que sacrifier des humains apaisait leurs dieux et, ne pas le faire provoquerait la destruction de l’humanité. Le cannibalisme était donc pour eux un acte sacré, qui leur permettait également d’obtenir une sorte de pouvoir divin à travers une communication avec leurs dieux.
Les Iroquois, quant à eux, sacrifiaient et consommaient les corps de leurs ennemis afin de satisfaire leur dieu de la guerre, mais aussi pour absorber l’esprit de leurs ennemis dans leurs propres corps, obtenant ainsi les qualités et la force des guerriers adverses. Selon Moira Martingale, auteur de "Cannibal Killers", les Iroquois ont pratiqué ce cannibalisme rituel au moins jusqu’à la fin des années 1830.
Les Papous de Nouvelle-Guinée ont pratiqué le cannibalisme jusqu’aux années 1960, de façon rituelle. Certaines tribus le pratiquaient également parce qu’elles appréciaient le goût de la chair humaine. Mais la majorité des tribus papoues consommaient surtout les tissus et les cerveaux de leurs morts, lors d’un cérémonial traditionnel, en signe de respect. Cette pratique eut des conséquences dévastatrices : des chercheurs découvrirent que des membres des différentes tribus souffraient d’une maladie mortelle, que les femmes transmettaient à leurs enfants et qui se révéla être la maladie de Kreutzfel Jacob (variant humain de la "maladie de la vache folle").
Cette maladie a causé la disparition de bien des formes de cannibalismes rituels. Mais la propagation du Christianisme par les missionnaires a aussi permis une diminution significative de cette pratique.

La seule forme tolérée de cannibalisme est celle qui permet la survie dans une situation désespérée. Le cannibalisme "de survie" est rare et peut s’expliquer par des conditions très particulières, mais reste malgré tout un acte punissable par la loi. Plusieurs cas de cannibalisme de survie célèbres ont eu lieu durant les deux derniers siècles, notamment l’expédition Donner de 1846 (la "Donner Party", des immigrants américains perdus dans les montagnes de la Sierra Nevada) et l’équipe de rugbymen uruguayens dont l’avion s’était écrasé dans la cordillère des Andes en 1972.

A notre époque, le meurtre d’une personne et la consommation de son corps par un autre être humain, en dehors des famines, sont considérés comme du cannibalisme criminel ou de l’anthropophagie. Toutefois, les définitions et les lois concernant ce genre de crime varient considérablement d’une culture à une autre.
Dans de nombreux endroits du monde, le cannibalisme n’est pas considéré comme un crime en lui-même et n’est reconnu comme tel qu’en liaison avec un autre crime. Ainsi, en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, le cannibalisme n’est pas considéré comme un crime, bien qu’il soit socialement inacceptable. Les personnes qui commettent cet acte sont généralement inculpées d’un autre crime directement relié au cannibalisme, tel que le meurtre ou la nécrophilie.
En France, le terme de cannibalisme n’apparaît pas en tant que tel dans les textes de loi, mais une personne ayant tué et dévoré un autre être humain peut, en plus de meurtre, être accusé "d’actes de barbarie ".
Dans d’autres cultures, ce que l’on estimerait être du cannibalisme criminel peut-être acceptable, selon les circonstances. Des soldats japonais prisonniers furent dévorés par la tribu Takou Kan de Formose en 1907, ce qui était normal pour les Takou, mais choqua les Occidentaux et les Japonais. Toutefois, en 1944, les Américains débarquèrent sur l’île de Leyte, au Philippines, et prirent par surprise des milliers de soldats japonais. Ces derniers, isolés dans la jungle, incapables de se replier, pris en tenaille entre la guérilla philippine et les troupes américaines, moururent en grand nombre. Certains survécurent pourtant... grâce au cannibalisme.

Jusqu’à la fin du 18ème siècle, on imputait encore à des "loups-garous" les viols et les meurtres commis par des tueurs en série qui étaient aussi parfois cannibales.
En 1573, alors que les sorcières et les loups-garous provoquaient des hystéries collectives, le Français Gilles Garnier admit avoir assassiné plusieurs enfants, dont les corps avaient été découverts mutilés et à moitié dévorés. On lui demanda pourquoi il avait agi ainsi (en fait, il fut longuement torturé...) et Garnier affirma être un loup-garou, une condition qu’il avait acquise grâce à la sorcellerie. Un démon lui avait appris à se changer en loup en se frottant le corps d’un onguent (une méthode classique selon les légendes de l’époque). Il avait déchiqueté des enfants avec ses griffes et les avait dévorés. Il admit qu’il aimait manger de la chair humaine... et qu’il avait "les mêmes inclinaisons anormales même lorsqu’il était dans son état d’être humain normal plutôt que dans son état de loup" !
Quinze ans plus tard, l’Allemand Peter Stubbe fut torturé avant - et exécuté après - avoir avoué 25 années de meurtres et de cannibalisme. Il expliqua lui aussi que le Diable lui avait enseigné l’art de la métamorphose et lui avait offert une peau de loup, qu’il portait lorsqu’il pourchassait des jeunes femmes et des enfants. Mais, selon lui, quand il attrapait sa victime, il retournait à sa forme humaine pour la violer et la mutiler. Il admit avoir tué et mangé son propre fils, dont la mère était également sa fille, avec laquelle il avait une relation incestueuse.
De nos jours, la lycanthropie est reconnue comme un désordre mental. Ceux qui en souffrent sont persuadés de se transformer en loup et agissent comme, selon eux, cet animal sauvage devrait se conduire : ils hurlent, violent brutalement des victimes sans défense et ne mangent que de la viande crue et sanguinolente.

Beaucoup refusent de croire que le cannibalisme est toujours pratiqué à notre époque "civilisée". Pourtant, il existe des cas documentés depuis au moins le siècle dernier.