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HippopotameLe 15/07/2007 à 23:08
En 1995, environ 27% de la population de Téhéran vivait sous le seuil de pauvreté[62]. Les populations pauvres de Téhéran sont tout de même plus favorisées que les populations pauvres du reste de l'Iran. En effet, l'IDH de Téhéran est de 0,842 comparé à 0,758 pour le reste du pays en 1996[63] ; le taux d'alphabétisation (84,7cheeky et l'espérance de vie (70,5 ans) des habitants de Téhéran sont également les meilleurs d'Iran.

Les populations pauvres, appelées mostazafin (en persan : ﻣﺴﺘﻀﻌﻔﻴﻦ, « déshérités »), habitent en majorité dans le sud de la ville, souvent dans des bidonvilles. Les implantations informelles des bidonvilles sont appelées zageh et leurs occupants koukhnishinān (en persan : ﻛﻮﺥﻧﺸﻴﻨﺎﻥ, « ceux qui habitent sur la pierre »)[64]. Certaines sources évoquent 3 millions d'habitants de bidonvilles dans et autour de Téhéran, dans plus de 200 communautés informelles[65]. Le mégabidonville d'Islamshahr (composé de Islamshahr avec 350 000 habitants et Chahar Dangesh avec 250 000 habitants) serait le 21e plus grand bidonville au monde[66]. Les bidonvilles de Téhéran sont en majorité occupé par des immigrants, des réfugiés d'origine étrangère (30% des réfugiés en Iran vivent à Téhéran) et des squatteurs. Le développement de ces bidonvilles a majoritairement procédé d'une « urbanisation pirate », menée par des populations pauvres, qui infiltrent la ville pacifiquement et à petite échelle[66],[67].

Le phénomène du squat est parallèle à l'urbanisation rapide de Téhéran dans les années 1970. Les premiers affrontements entre la police et les squatteurs ont eu lieu en 1977. La Révolution iranienne de 1979 donne un nouvel élan au phénomène : les populations défavorisées occupent des terrains à la faveur de la révolution, et l’habitat révolutionnaire se développe alors à la périphérie de la ville, les maisons sont construites illégalement, le plus souvent durant la nuit. Au début des années 1980, 100 000 foyers se trouvent à Gowdinishinan et dans les squats. En 1986, plus de vingt nouvelles communautés ont émergé au bord de la ville (aux limites du réseau de bus), pour une population de plus de 460 000 habitants. Les facteurs poussant les populations défavorisées à s'installer à Téhéran sont divers : la guerre Iran-Irak cause le déplacement de 2,5 millions de personnes en Iran ; les réfugiés afghans sont deux millions à venir s'installer en Iran à partir des années 1980, dont 120 à 300 000 à Téhéran ; l'exode rural des iraniens pousse 1,5 millions d'entre eux vers la capitale. Les nouveaux venus squattent puis réclament des services de la municipalité (eau potable et électricité notamment) par des pétitions, des manifestations et des sit-ins, des campagnes souvent menées par des femmes. Si cela ne suffit pas, les squatteurs réalisent alors des connexions illégales[64].

Le gouvernement ou la municipalité prévoit parfois de détruire les bidonvilles. Les destructions programmées ont donné lieu à des insurrections de ces squatteurs pauvres : en août 1991, à Bagher Abad (au sud de Téhéran), les destructions programmées ont causé des insurrections ; des policiers ont été caillassés et des voitures brûlées. En mars 1992, 300 vétérans de guerre handicapés manifestent et sont rejoints par des squatteurs récemment expulsés, ce qui provoque émeutes et pillages. Deux manifestants et six policiers meurent, trois cents personnes sont arrêtées, et quatre d'entre elles seront par la suite exécutées. En 1995, des émeutes éclatent à Eslamshahr. Il y aurait de nombreuses manifestations de moindre ampleur, méconnues car faisant partie du quotidien[64].