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HippopotameLe 11/02/2008 à 01:37
Je dirais que beaucoup de choses ont changé dans la nation, mais qu'il s'agit plus d'une mutation que d'un effacement.

- La France n'a jamais été aussi homogène linguistiquement. L'assimilation des nouveaux entrants aussi bien que des régions périphériques s'est accélérée.
- Les rythmes démographiques des différentes nations d'Europe diffèrent considérablement, contrairement à 50 ans dans le passé où ils convergeaient.
- Les migrations internationales restent peu nombreuses et sont une aventure dans la vie d'un homme, alors que les migrations intranationales sont banales et fréquentes.
- Il y a peu ou pas de politicien, de rock star ou d'écrivain auquel s'identifient plusieurs nations en même temps. La vie culturelle et les idées restent fortement cloisonnées dans les nations, même si les frontières sont ouvertes.

C'est pour tous ces faits que je pense qu'au niveau culturel le plus profond, les nations gardent une solidité inébranlable.


D'un autre côté la fin de l'homogénéité éducative a atomisé la société. La conscience nationale a fortement baissé (mais à nouveau je crois que le minima était dans les années 80, depuis elle s'est très partiellement rétablie).
Les classes dirigeantes sont mentalement coupées des dirigés, elles n'arrivent plus à percevoir la situation nationale agrégée. Pas que les classes dirigeantes d'ailleurs, c'est le cas d'à peu près tous les secteurs de la société.


Tu sais très bien aussi que les institutions de la nation Française (mais aussi de pleins d'autres états comparables.. ) n'ont jamais eu de facto aussi peu de pouvoir politique, économique, militaire, voir même social, que le pouvoir a fuit la politique.

D'un autre côté l'époque où nous vivons est peut être celle où le pourcentage de PIB prélevé par l'état est le plus élevé de l'histoire de la France moderne. Le pouvoir est donc bien là, la puissance de contrainte de l'état nation est intacte.

Simplement le pouvoir est exercé de façon ultra conservatrice par des classes dirigeantes qui s'abandonnent.


Je sais que t'espères que c'est juste une erreur historique et qu'on en reviendra... Mais entre-nous...t'y crois vraiment ??

Je pense et j'espère que oui, tout en restant assez indécis. Le nouveau modèle calamiteux peut disparaitre, parce qu'il n'est pas stable, il créé de la révolte et de l'inefficacité économique et politique.
- La progression de la révolte en France, avec notamment le referendum de 2005, va dans le bon sens. Le résultat de la campagne présidentielle m'a fait peur un moment, mais vu que Sarko est en train de dévisser, tout va bien, le français retrouve ses habitudes de râleur.
- La crise américaine (et le fait que les démocrates aient gagné les élections au congrès sur des thèmes protectionnistes) semble indiquer qu'il y a une limite à l'atomisation sociale. La conscience démocratique issue de l'éducation primaire reste un acquis, elle est encore là, en dessous de la conscience oligarchique issue de l'éducation secondaire.
- Les dominés stratégiques que sont les états européens ne pourront pas se laisser glisser autant que les états unis. (et, de fait, d'un point de vue américain, l'état nation et l'état providence sont restés suffisamment présents en Europe pour qualifier le continent de crypto-communiste. Même l'Angleterre est très différente des US.)
- Enfin dans l'ancien tiers monde se développent les états nations et la démocratie achevée tels que nous les connaissions autrefois ; ils nous subjuguent démographiquement, et peut être un jour économiquement. Tout cela fait la promotion de ce modèle et le fera encore plus dans le futur. (genre on voit déjà l'extrême gauche, pourtant antinationiste, se prendre d'affection pour Chavez).

Je ne suis pas sûr qu'on pourra rétablir (ou plutôt construire une nouvelle forme) d'état nation démocratique, mais en tout cas ça me parait possible, et c'est la France qui me semble la mieux placée pour y arriver.