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ConscienceLe 15/05/2009 à 13:25
Le pic épidémique est-il devant ou derrière nous ?

Clairement devant nous ! A l'échelle planétaire, on ne devra pas traiter à la fin 6000 mais 2 milliards d'individus infectés. C'est une certitude. L'ensemble des pays va être touché car aucun d'entre nous n'a en lui d'antigènes pour lutter contre ce virus, contrairement à celui de la grippe saisonnière. Seule la moitié, toutefois, développera des symptômes.

Sait-on combien de temps l'épidémie va durer ?

Dans trois ans ce sera fini. Ce à quoi on assiste aujourd'hui, c'est au début de la première vague d'une pandémie qui en comptera deux voire trois. Le Canada va bientôt ressembler aux Etats-Unis. Le virus va ensuite gagner l'hémisphère sud qui entrera dans l'hiver, un contexte « favorable » pour lui. Puis il rebasculera vraisemblablement dans l'hémisphère nord vers le mois d'octobre, où il touchera notamment la France.

Dans l'Hexagone, sur quel nombre de victimes les autorités et les chercheurs tablent-ils ?

35% de la population française devrait être infectée, soit environ 20 millions de personnes. La létalité (taux de mortalité) du virus étant de 1 pour 100, il faut donc s'attendre à de 20 000 à 30 000 morts sur notre territoire. Actuellement, une personne infectée contamine 1,6 personne.

Doit-on se fier aux chiffres des autorités mexicaines qui annoncent 2 000 cas ?

Au Mexique, il y a aujourd'hui entre dix à cent fois plus de personnes infectées qu'on ne le dit. Ces cas ne découlent pas d'un décompte objectif et exhaustif. On peut en revanche se fier aux chiffres des Etats-Unis ou du Canada, qui comptent comme nous.

L'OMS va-t-il relever son niveau d'alerte ?

A vrai dire, l'OMS réfléchit actuellement à un franchissement de phase, de la phase 5b vers la phase 6. Ce qui signifiera que nous serons passés à 10 000 à 20 000 cas supplémentaires d'infection par jour : ce sera la phase d'explosion pandémique, et nous nous y acheminons.

Quel aspect du Plan Pandémie national reste le plus complexe à gérer ?

Pas la gestion du stock des masques et des traitements antiviraux, qui ne seront pas périmés avant deux ans : le stock est train de se dispatcher un peu partout en France. C'est même pratiquement terminé. Ce qui pose problème, c'est de déterminer les groupes à vacciner. S'il n'y a aucun mort dans la tranche des 20-40 ans, que fait-on ? On vaccine ou pas ? Autre difficulté : si l'explosion pandémique ne commence chez nous qu'en mars 2010, nous aurons probablement deux vaccins à administrer à des personnes différentes. Celui contre la grippe saisonnière, et celui contre la mexicaine.

Où en est-on de ce vaccin ?


Il est déjà bien avancé. En France, la production commencera dans quelques jours. Et elle se destine à couvrir les 65 millions de personnes… Mais puisque la planète entière va en avoir besoin, l'OMS émettra des recommandations pour dire quel pays et quel groupe servir en priorité. On ne peut pas imaginer que seuls les pays riches soient vaccinés ! Car il y aura également une phase post-pandémique, et, quand on fera le décompte des victimes, il y aura des comptes à rendre.

Quelle est la température, au sein des ministères ?

Il y a une agitation considérable à la Santé comme à l'Intérieur. L'énergie dépensée est incroyable ! Mais c'est une agitation silencieuse, normale.

Prévue. En tant que directeur d'un Centre national de référence de la grippe, j'ai chaque jour une conférence téléphonique avec les ministères. Et une autre avec l'international. Je passe six heures par jour au téléphone à échanger des informations !

N'avez-vous pas peur que la population et les médias relâchent leur vigilance ?

Les chiffres seront là pour maintenir l'état d'alerte. Je ne vous dis pas l'affolement quand il va y avoir le premier mort en France, surtout s'il est jeune et en bonne santé !

Source : http://www.leprogres.fr/fr/france-monde/article/1165997,192/La-grippe-A-touchera-un-Francais-sur-trois-mais-le-vaccin-sera-pret.html