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XimoonLe 14/01/2021 à 13:27
Edit: cross: Ximoon il rédige.

C'est plus nuancé que ça.

Déjà rappelons le principe de fonctionnement d'un moteur dans l'espace.

Pour accélérer dans un sens, il faut éjecter de la matière dans l'autre sens. De part la conservation de la quantité de mouvement, on a une relation entre la masse éjectée par un moteur (de gaz, d'ions, etc.) multipliée par la vitesse d'éjection, et la vitesse du vaisseau multipliée par sa propre masse (qui d'ailleurs décroit d'autant qu'il éjecte de la matière, ça fait des équations rigolotes).
Bref pour faire un moteur performant, on peut soit essayer d'éjecter de la matière à très haute vitesse, soit de la matière très lourde, soit les deux. Le problème pour un vaisseau spatial est que la masse du carburant s'ajoute à la masse du vaisseau, et il faut du coup trouver un point d'équilibre.
De façon conventionnelle, on oppose principalement ici les moteurs chimiques aux moteurs électriques.
Le moteur chimique offre une grande accélération, en contrepartie d'une consommation de carburant élevée en terme de masse. Il éjecte beaucoup de masse à haute vitesse (quelques milliers de m/s pour une fusée).
Le moteur électrique offre une faible accélération, mais a besoin de beaucoup moins de "carburant" (en réalité de la matière à éjecter, typiquement du xénon). Il est par contre beaucoup plus gourmand en électricité pour fonctionner. Il éjecte très peu de masse à des vitesses extrêmement élevées (facilement quelques dizaines de km/s).

Alternativement, on peut être poussé par une force externe au vaisseau (principe des voiles solaires). Ici, pas besoin de carburant, mais on ne choisit pas la direction aussi facilement.

Le type de propulsion à sélectionner va dépendre du type de mouvement que l'on veut faire. Par exemple une fusée va devoir accélérer très vite pendant une période courte pour atteindre l'orbite ou la trajectoire souhaitée, alors qu'un vaisseau interplanétaire peut se contenter d'une faible accélération pendant une longue période. Donc si on consomme 100x moins de masse de carburant à la seconde, mais qu'on peut accélérer pendant une durée 100x plus longue en emportant autant de carburant en terme de masse, on peut tout à fait trouver des cas où la durée totale du voyage serait réduite.

Ensuite, il y a deux façons principale connues d'utiliser de l'énergie nucléaire pour faire avancer un vaisseau spatial: l'une consiste à faire sauter des bombes et soit utiliser la pression de rayonnement, soit utiliser l'énergie dégagée pour vaporiser de la matière à éjecter, l'autre utiliser le réacteur comme générateur d'électricité pour alimenter un moteur ionique. La première était le sujet de l'étude de vaisseau "projet Orion", abandonnée car intrinsèquement trop dangereux pour tout un tas de raison. Pour la seconde, ça revient à combiner ce qui existe déjà dans des sous-marins nucléaires et un moteur ionique de gros calibre, ce qui a l'air tout à fait réalisable.

Bref un vaisseau spatial avec propulsion ionique dont l'énergie électrique serait générée par un réacteur nucléaire ne me semble pas farfelue du tout techniquement. Après, comment le mettre sur orbite de façon sécurisée, c'est autre chose.
Ceci étant dit, c'est évidemment une opération de communication, mais tout le monde fait pareil, et c'est loin d'être fantaisiste. De plus, même sortie de l'UE, le Royaume Uni est toujours membre de l'ESA.

Et justement Godzil je pense que tu te trompes dans ta dernière phrase: puisqu'il n'y a (quasiment) rien pour freiner dans l'espace, plus tu accélère, plus tu iras vite au final. Ta vitesse maximale sera v0+a*dt, donc principalement proportionnelle à l'accélération de ton moteur multipliée par la durée totale d'accélération.
Ensuite la propulsion ionique est justement de plus en plus utilisée sur des sondes interplanétaires, je peux citer Hayabusa 1&2, BepiColombo, Dawn, etc. Il y a même des satellites en GEO ou LEO qui utilisent uniquement de la propulsion électrique, même pour les manœuvres orbitale (par opposition à la correction de trajectoire).