NilLe 13/03/2009 à 12:26
Bon, comme demandé par very, je vais donner mon avis sur la question. Je sais qu'il est partagé par un certain nombre de chrétiens catholiques (dont des responsables religieux).
On est exactement dans la même problématique que la communication des évêques africains sur le sujet du préservatif face au SIDA (je vais m'expliquer là-dessus après).
Le problème n'est pas dans ce qui est bien ou mal.
Tout le monde est d'accord pour dire qu'avorter, c'est pas fondamentalement bien (même sans prendre en compte l'idée de conscience de fœtus et en restant sur l'impact psychologique et physique pour la mère). Tout comme tout le monde est d'accord pour dire que violer, c'est pas bien.
Là où l'Eglise a un énorme problème au niveau de sa communication, c'est qu'elle se focalise sur le mauvais point : SIDA (en particulier à cause des viols, mais pas que*)/capote ou avortement/viol... au lieu de condamner ce qui est la cause (l'adultère ou le viol dans le cas du SIDA; le viol dans le cas de l'avortement), elle préfère diaboliser un fait de société (le préservatif, l'avortement).
Pour le SIDA et les préservatifs, la position dogmatique (qui n'est même pas la position de JP2, en passant) vise à dire que "préservatif = pas bien" met les fidèles (en particulier là où l'éducation et l'instruction passe nécessairement par la religion) dans une idée où violer quelqu'un/commettre l'adultère, c'est mal, mais le faire avec une capote, c'est pire.
Pour l'avortement, c'est sensiblement différent, mais les problèmes sont les mêmes : on se trompe clairement de combat. L'évêque qui a énoncé ça (et, plus encore, le Pape) aurait dû - position, à mon sens, de chrétien - se mettre du côté de la victime, et condamner le violeur doublement (pour le viol, et en tant que responsable de l'avortement).
Je pense sincèrement que la communication de l'Eglise au niveau de ses hauts représentants, à l'heure actuelle, est déplorable. On oublie le fondement des écritures (et plus spécialement du NT - mais pas uniquement, je vais en parler un peu), basé sur le pardon et l'accueil de la victime, du plus faible, de celui ou celle qui est dans le besoin.
Ce qui est aberrant, c'est qu'au final, en oubliant ce fondement, on se mette dans une position telle qu'on n'en est même pas au niveau du judaïsme (ou, dans les fondements du judaïsme, on accepte de déroger aux Motzvoth même les plus fondamentaux lorsqu'il y a impératif vital ; or déjà que pour un accouchement de jumeaux pour une parturiente avec une femme d'âge normal, on se met dans un cadre d'accouchement thérapeutique, je vois mal comment défendre le fait que le pronostic vital de la petite ne puisse pas être engagé).
Note par rapport à l'avortement : ma position est assez ambivalente ; je ne sais moi-même pas ce que je ferais dans une situation critique, et je sais que, quelle que soit la décision prise au final, elle ne serait pas satisfaisante. C'est entre autre pour ça que je me refuse à condamner les mères ou les familles qui décident d'un avortement. Non seulement parce que ça n'est pas à moi de le faire, et ensuite parce que j'estime qu'une personne ou un couple qui prend cette décision a plus besoin de soutien que de mise au ban.