Sally (./374) :
Bon ben c'est bien, vous avez tous compris l'idée d'être femme au foyer par choix, ce que ça implique et en quoi c'est différent d'être obligé de rester à la maison parce qu'on te l'impose et éloigné des clichés sur la femme-bonniche, maintenant demandez-vous en quoi porter un foulard par choix peut différer de ne pouvoir montrer tes cheveux parce qu'on te l'interdit et être éloigné des clichés sur la femme soumise, et vous aurez compris pourquoi cet argument répond au sushi (pour qui « le voile n'est pas un simple symbole religieux », « le voile est un instrument de domination masculine », « la femme doit se cacher derrière un morceau de tissu pour satisfaire quelques phallocrates »)
Pour répondre au Sally, le voile est absolument un symbole de domination masculine à son origine, forçant la femme a se couvrir, c'est à dire à perdre une partie de son identité dans la cité, donc abandonner tout rôle politique. Je ne nie pas que certaines femmes peuvent porter le voile de leur plein gré car pour elles le voile a perdu son sens premier. Mais dans un pays où la laïcité et l'égalité sont des valeurs fondatrices, on se doit de lutter contre des symboles machistes. La burqa n'en est qu'un cas extrême, qui mérite également une réponse ferme.
Sally (./374) :
À mon avis le voile *est* un simple symbole religieux et c'est même parfois moins que ça, ce n'est pas spécialement un symbole machiste (et s'il peut être éventuellement un signe de soumission, je pense qu'il s'agit plutôt de la soumission à Dieu qu'à ton mari, en général). Par contre il montre (ou en tout cas suggère) l'appartenance à une autre culture (c'est d'ailleurs pour ça qu'il est accusé d'être machiste : il évoque l'appartenance à une culture qui, au moins dans l'imaginaire collectif, l'est, on sait bien que les arabes ont tous des harems où les femmes sont traitées comme des animaux de compagnie, propriété exclusive du mari, et n'ont aucun droit
)
J'ai ri en lisant que la culture musulmane n'était pas machiste. C'est vrai que le témoignage de la femme ne vaut que la moité de celui de l'homme, et qu'elle a besoin de 2 témoins qui ne soient pas de sa famille pour prouver un viol... Mais à part ça, l'Islam est un modèle de féminisme

Sally (./374) :
Pen^2 > il n'y a pas besoin du voile ni d'importer des cultures islamiques pour rencontrer des évolutions rétrogrades, je crois... je ne pense toujours pas que ce soit la raison pour laquelle le voile pose problème. C'est juste que s'il se multiplie (mais se multiplie-t-il vraiment ?) cela donne l'impression qu'il y a de plus en plus de personnes qui s'attachent à une culture étrangère (bon en fait en réalité ils n'ont pas vraiment une culture étrangère, ils en empruntent trois coutumes et demie, le truc c'est que celle-là est voyante) et donc se tiennent à l'écart de la société... mais c'est tout au plus un symptôme, ce n'est pas un problème en soi.
Etre rétrograde n'est sans doute pas l'apanage de l'islam, mais ce n'est pas une excuse. Le voile se multiplie bien entendu. En 1989, Elizabeth Badinter expliquait devant une commission de l'Assemblée Nationale que le voile était un "épiphénomène"... Vingt ans après, on a du faire interdire les signes religieux à l'école et on va sans doute interdire la burqa dans au moins une partie de l'espace public. L'argument du faible nombre n'est pas acceptable. Il y a peu de viol en France, mais ça n'en est sûrement pas moins intolérable.
Nil (./376) :
Justement, chaque culture (donc, finalement, chaque individu) a sa définition de l'obscénité. Donc ca n'est pas objectif.
Qu'il existe différents systèmes de valeur ne surprend personne. Mais chaque pays à son propre système de valeurs, qui se recoupent plus ou moins avec ses voisins. "A Rome fait comme les romains", je ne vois pas ce qu'il y aurait de choquant à faire en sorte que les valeurs de laïcité et d'égalité des sexes soient renforcées dans leur application en France. Et symétriquement, c'est mon devoir d'en respecter les lois et les coutumes là où je vais.
Nil (./376) :
Sauf que je trouve au contraire que ça ne s'accélère pas. Il y a une petite mode qui a vu le jour, mais probablement justement à cause de la médiatisation de l'affaire. Le voile, à Montpellier, a quasi disparu ; la burqa, je n'en ai vu qu'une seule fois dans ma vie, à Lyon.
J'ai vécu à Dreux il y a quelques années, et j'ai eu l'occasion de voir énormément de voiles dont des voiles intégraux. Et à Paris, la tendance est vers l'apparition de plus de burqa. (M'enfin c'est peut-être des touristes pour certaines).
Sally (./380) :
Mais ce qui m'énerve réellement ce sont les personnes qui préjugent sans te connaître, qui sous prétexte de ton sexe (ou de n'importe quoi d'autre en fait) vont avoir une attitude prescriptive, te dire ce que tu aimes ou pas, ce que tu veux ou pas (c'est même encore pire que de te dire ce que tu dois faire ou pas, parce qu'au moins cette notion de devoir ne prétend pas savoir mieux que toi ce que tu penses, c'est finalement beaucoup moins méprisant). C'est ce genre de préjugés que j'ai toujours envie de purger à coups de latte, ça me fait quasiment le même effet que si on me crachait à la gueule. C'est juste nier ton individualité avec désinvolture.
Et tu ne trouves pas incohérente ton attitude prescriptive, en voulant "purger à coup de latte" (drôle d'expression) les préjugés des autres ? Ca a été assez bien démontré par Hannah Arendt dans La crise de la culture. Je ne vois pas de différence sur la forme à vouloir imposer tes valeurs (tes préjugés donc, que tu estimes supérieurs à ceux de certains autres), et vouloir interdire le niqab par exemple.