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The_CUrELe 27/10/2019 à 18:00
C'est pas un fait ça c'est déjà une opinion.

Rien de ce que tu as présenté comme tel n'est un fait, de même qu'une stat/sondage est factuel(le) jusqu'à son interprétation.
À partir du moment où l'interprétation commence le factuel disparaît, puisqu'il y a un but.

Le factuel n'a aucun but, il est, c'est tout. Il part de l'observation descriptive (analytique dirait Kant) des étants et ne tire aucune autre conclusion qu'analytique (jamais synthétique).

Le fait c'est qu'une machine correctement programmée ne fait pas d'erreurs dans les tâches qu'elle exécute.

Le fait est qu'un humain peut faire des erreurs, y compris en voiture.

Mais le fait est également qu'un humain au volant ne va pas juste de A à B, il peut s'arrêter en route, changer d'itinéraire, faire un détour, aider quelqu'un avec sa voiture, et la liste est interminable.

Le fait est également que la machine, aussi bien programmée soit-elle, peut parfaitement tout détruire dans l'accomplissement de sa tâche, ou ignorer le reste, quitte à être en vérité plus dangereuse.

Maintenant, on nous pousse comme un fait que l'humanité sera heureuse quand elle sera maintenue dans un état larvaire de nourrisson infantilisé par toute la technique.
Mais c'est déjà idéologiquement tourné, parce que parallèlement à ça les gens qui nous poussent cette opinion sur le devant de la scène n'en veulent pas pour eux-mêmes.

Que l'école se numérise c'est un fait. Que les gens au pouvoir dans les GAFAM mettent leurs enfants dans des écoles non-numériques c'est aussi un fait.
Nous affirmer que l'avenir est dans le tout-numérique sachant ces deux faits, c'est une affirmation idéologique.

Tu veux encore un fait? Il a fallu que quelqu'un(s) décide(nt) qu'il fallait numériser l'école, mais aucun acte humain n'est une fatalité, la technique et ses transformations et évolutions n'est pas non plus une fatalité.
C'est l'homme qui crée les machines, c'est à lui de décider ce qu'il vaut en faire, dire comme un fait que l'homme veut que le monde des machines tourne et qu'il n'y soit qu'une pièce décorative, c'est de la frénésie, c'est une erreur anthropologique et ontologique profonde, c'est un choix humain de se débarrasser de l'homme parce qu'il est inférieur à la machine en invoquant la fatalité de la technique (Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion + Günther Anders, L'obsolescence de l'homme). Mais il n'y a aucune fatalité, il n'y a que des choix, qu'on a le droit de corriger.
Simplement comme il y a des milliards d'argent public à brasser dans les mains du privé en technicisant tout, on nous fournit de la rhétorique creuse mais indiscutable via la magie de la langue de bois.

C'est la grande puissance du discours moderne, qui est complètement délirant: les mots ont perdu leur sens et seul celui qui a le pouvoir a le droit de leur en attribuer un.
Si quelqu'un d'inférieur s'y risque on lui tombe dessus.
Le discours soi-disant factuel qu'on nous assène ne l'est pas, c'est une idéologie.

PS: Et voilà pourquoi j'emmerde le monde et mes classes à faire de la philo du langage, mais avec l'enseignement du français aujourd'hui c'est de plus en plus dur.