Zerosquare (./2674) :
Pour parler de "culture", il faut que ça concerne une partie non-négligeable de la population. Concrètement, en France en 2017, quel est le pourcentage de violeurs/violeuses, ou même de gens qui considèrent qu'un viol n'est pas grave ?
A priori trop ; le chantage (y compris affectif au sein des couples avec un levier affectif dans ce cas) au sexe est fréquent, parce qu'il y a une non reconnaissance de certaines formes de viols (un mari qui fait pression sur sa femme parce qu'il a envie et qu'il n'est pas en mesure de voir qu'elle se force, c'est fréquent).
En outre, il y a un sentiment d'impunité. Même quand le viol est avéré, la prison ferme n'est pas systématique (cas d'une amie proche ; il y a bien eu une condamnation à de la prison ferme, mais le JDL a transformé ça en bracelet électronique).
Zerosquare (./2674) :
Si quelqu'un qui frappe une femme se met à frapper un homme à la place, est-ce que c'est mieux ? Non ? Alors le problème n'est pas les violences faites aux femmes, c'est les violences tout court.
Tu me fais dire ce que je n'ai pas dit. Je n'ai jamais dit que la violence était bien. Toute forme de violence est néfaste lorsqu'elle est dirigée contre une personne (voire contre un animal ou un objet suivant les situations). Mais il se trouve qu'une partie des violences faites aux femmes a un caractère particulier parce qu'il transcende les sociétés et les âges.
Zerosquare (./2674) :
Est-ce que c'est le sexe de la personne qui est significatif ? Que se passe-t-il quand la femme gagne plus que son mari et/ou qu'elle a un poste qui nécessite de faire beaucoup d'heures ? Et si la conclusion est que globalement, les femmes ont un équilibre vie professionnelle / vie personnelle différent de celui des hommes, est-ce qu'il faut changer ça à tout prix ?
Mais les femmes ne sont pas heureuses dans la situation actuelle (enfin, certaines le sont et elles doivent avoir le droit de continuer ainsi, évidemment !). Mais il y a une forme d'engrenage : dans un couple, une femme gagne en moyenne moins que son mari. Quand il y a un choix à faire sur qui va sacrifier sa carrière, c'est mécanique et logique, on prend le plus petit salaire. En outre, les mécanismes qui font qu'il y a un congé maternité et pas de réel congé paternité influent sur l'évolution de la carrière, sur la progression, etc. Donc c'est un non-choix : si un couple veut avoir des enfants, ça va se faire au détriment le la carrière (et donc de l'indépendance financière) de la femme.
Zerosquare (./2674) :
Autrement dit : montre-moi une étude sérieuse qui conclut que le bout de tissu qu'on entrevoit dans un plan des Ghiblis a une réelle influence négative sur la société. En attendant, je reste dubitatif.
Pas le temps de chercher là, mais je t'en trouverai

Zerosquare (./2674) :
Si on met de côté les deux premières explications, pour obtenir 100%, j'imagine que tu dois inclure dans "attouchements / harcèlement" toutes les femmes qui ont dû subir une drague un peu lourde au moins une fois dans leur vie. Avec la même méthode, tu peux trouver 100 % de victimes de violences verbales (qui ne s'est pas déjà fait insulter sans raison ?), 100 % de victimes de violences physiques (qui ne s'est jamais fait bousculer ?), 100 % de victimes d'intoxication alimentaire (qui n'a jamais mangé un truc pas frais ?), etc. La question est : est-ce que c'est significatif ?
Dans les 100%, j'inclus : viol avec violence et pénétration, viol avec pression psychologique/hiérarchique et pénétration, masturbation à côté de/face à dans un lieu public ou semi public, attouchements sur parties génitales directement ou à travers les vêtements.
Zerosquare (./2674) :
Tu veux un exemple ? La lutte contre la pédophilie. La pédophilie est très grave, on est d'accord, mais c'est un phénomène marginal (heureusement !).
Sauf qu'on en a tellement fait sur le sujet qu'on en arrive au point où dans certains pays, les profs/animateurs... hommes ne peuvent plus rester seuls avec des jeunes enfants, par peur que le moindre geste innocent soit mal interprété. Tu as des parents qui se sont retrouvés devant la justice parce qu'ils avaient pris une photo de leur enfant dans son bain. Et la chasse aux pédophiles est utilisée comme argument pour fliquer la population.
Tout à fait d'accord avec toi sur ce sujet en particulier. On est passé en 40 ans d'une situation de quasi normalité/connivence avec la pédophilie à un comportement tellement irrationnel (à mon sens c'est la médiatisation d'affaires comme celle de Dutroux) qui conduit à des excès.
Mais si on en est arrivé là, c'est à cause de deux points :
- il y a eu une connivence telle qu'on n'a pas reconnu aux victimes leur statut, en minimisant bien des situations (et là, j'en veux clairement et personnellement à l’Église) ; forcément, quand la société s'est rendue compte de ça, elle a monté des bûchers pour se dédouaner de son propre aveuglement
- on a cherché à vendre du "monstre" dans les médias, du coup le pédophile est devenu une sorcière chassée avant d'être un humain à aider
- évidemment, quand il faut taper sur quelqu'un, c'est plus facile de taper sur une personne qui peut être considérée comme "inhumaine" parce que ça rassure ; le pédophile est devenu le bouc-émissaire d'une société qui ne sait pas (entre autre) s'occuper de ses malades et qui a du mal avec ce qui sort de la normalité
Folco (./2677) :
Pourtant c'est logique. Prenons des gens différents, rendons-les égaux de façon forcenée,
Ce n'est pas du tout ce que je promeus. Il y a une souffrance et il y a un déséquilibre. Mais il y a aussi des différences. Ce qui me pose problème, c'est que cette souffrance et ce déséquilibre pourrait être relativement facilement corrigés avec des changements individuels même minimes.
Peut-être que vous ne voyez pas la chose parce que vous avez la chance d'être dans un milieu (professionnel, familial, social) où ces disparités sont moins fortes voire inexistantes, auquel cas, ok.
Mais je reste persuadé (essentiellement en tant que père) qu'il y a des choses à faire pour déconstruire des clichés et des jugements qui n'ont aucun intérêt si ce n'est de stigmatiser (les hommes comme les femmes), mais aussi pour arriver à faire comprendre que le consentement est quelque chose de sacré (et pas qu'en matière de sexualité).