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The_CUrELe 22/05/2015 à 20:29
vince (./43206) :
pal0uf (./43205) :
(le don/contre-don c'est quoi si c'est pas du troc?)

ça n'est du troc que si l'un implique forcément l'autre... dans nos sociétés (assez égoïstes) on rend souvent un service Ssi on pourra en exiger un en retour. Là c'était une autre approche, je lui donne du blé tout de suite parce que je ne sais pas conserver le mien, lui en donnera à un autre quand il en aura et ce dernier me donnera des fruits à la fin de l'été... mais je ne sais pas à l'avance si c'est pas un mec qui n'a rien reçu de quelqu'un à qui je n'ai rien donné qui me dépannera de fruit quand j'en aurai besoin...


Le don n'a même pas de calcul intéressé, il est complètement dans le symbolique, ce que Mauss appelle "la triple obligation de donner, recevoir et rendre".
En effet vince tu le dis bien il y a possibilité du retour par un tiers, mais ceci n'est rien s'il n'y a pas témoignage de reconnaissance de x à Y, et ainsi de suite.
Ceci dit tu ne donnes pas forcément du blé parce que tu ne sais pas le conserver, tu peux aussi être généreux, savoir que tu en as trop par rapport à tes besoins et que même bien conservé ça serait gâcher, parce que (pour reprendre Rousseau) tu ne veux pas voir souffrir ton semblable, etc.

Le troc c'est je te donne X, tu me donnes Y, à un instant T, et puis basta.
C'est purement mercantile, voire "hygiénique". Il n'y a pas mélange entre mon être et celui d'autrui, l'échange de biens faisant écran.

C'est d'ailleurs pour ça qu'en Perse la politesse et le marchandage (en Arabie et au Maghreb aussi) sont aussi importants, ça réinscrit le commerce dans un cercle éthique.

Le don lui fabrique du lien social et est une question de valeur et de respect.

Un exemple évident du don maussien: les cadeaux lors des visites entre îles polynésiennes. Le problème n'est pas la valeur en soi mais la valeur symbolique.
Si vince me prête du fric mais que j'ai pas les moyens de rembourser, je peux lui proposer par exemple de faire chauffeur s'il a besoin d'une voiture pour telle course (je pars du principe ici que j'ai les moyens de payer mon essence, mais pas ceux d'aliéner mon argent pour rembourser ma dette en liquide).
S'il accepte et que je viens le dépanner, le cycle maussien est complété.
Quand tu apportes du vin à un repas et qu'on t'envoie une boîte de chocolats en retour, si ça te satisfait ça complète le don même si le vin coûtait plus cher que le ballotin.

Le don désintéressé c'est l'amalgamer avec la charité. Mais il y a don chez les Grecs anciens, mais la charité ça n'existe pas dans leur tête, puisqu'ils ne pouvaient inventer les vertus théologales.
Ou alors faut aller chercher le phénomène de l'adonné chez Jean-Luc Marion.

C'est bizarre cette logique d'associer don/troc et de tout ramener à des questions de fric c'est affreusement calviniste...