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HippopotameLe 18/09/2007 à 10:47
Pour ce qui est des effets pervers à plus long terme, nous pensons que l'exemple le plus frappant est celui de l'informatique. Il est incontestable que l'« état de l'art » (state of the art) en technique informatique a des années de retard par rapport à nos connaissances théoriques. Sans doute y a-t-il plusieurs raisons à cela. Cependant, une des raisons apparaît clairement en l'essence de la « protection » excessive que nous dénonçons. Les logiciels qualifiés de « libres », c'est-à-dire ceux qui ont délibérément renoncé à la protection qui leur était accordée par les droits d'auteurs, pour n'en conserver que, en substance, la reconnaissance de paternité, ont montré leur supériorité technique fréquente, parfois même écrasante, sur les logiciels « propriétaires » (c'est-à-dire ceux qui conservent la protection). De là à prétendre que les retards de l'informatique sont dus, au moins en partie, aux efforts inutilement dupliqués à cause de la propriété intellectuelle et au temps perdu en attendant les logiciels libres, il n'y a qu'un pas, que nous franchissons sans hésiter. Et encore, nous omettons de parler des brevets logiciels, contre lesquels il existe une quasi-unanimité, avis cependant tout simplement ignoré.

La protection dont bénéficient les concepteurs de sites Web va également à l'encontre des intérêts de ceux qui utilisent ces sites. On se plaint aujourd'hui du fichage et du « flicage » dont les Internautes sont victimes : des mesures de protection sont possibles, mais elles sont largement gênées par la protection dont font l'objet d'une part les logiciels de navigation (« browsers ») et d'autre part les sites eux-mêmes.

Pour ce qui est des domaines artistiques, il y a également eu des effets pervers. Car, contrairement à ce qu'on peut naïvement penser, c'est avant tout aux éditeurs, et non aux auteurs, que profitent les droits dits d'auteurs, ou du moins leurs excès. Ils ont donc contribué à maintenir en place la toute-puissance des éditeurs, et, partant, la survalorisation des artistes les plus populaires par rapport aux artistes peu connus, en forçant des prix artificiellement élevés sur les productions. Rappelons que le CD, lorsqu'il est apparu, coûtait cher : nettement plus cher que la cassette audio qui l'a précédé ; ce prix élevé devait servir à amortir l'invention, et diminuer par la suite — or on constate que les CD continuent de coûter cher.