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HippopotameLe 15/07/2007 à 23:10
À la fin de la guerre Iran-Irak, le gouvernement iranien, avec la publication de son premier plan quinquennal (1989 - 1994), admet implicitement une crise de la gouvernance dans le pays : le plan souligne l'affaiblissement et la disparition de la citoyenneté en plus de nombreux problèmes économiques[82]. La municipalité de Téhéran subit des transformations importantes sous le mandat du maire Qolamhossein Karbaschi visant à résoudre cette crise de la gouvernance dans le cadre et les limites imposés par le plan quinquennal.

Qolamhossein Karbaschi devient maire de Téhéran en 1990 et adopte rapidement une stratégie visant à renouveler le tissu urbain tout en intégrant une population désillusionnée face à ses hommes politiques[82]. Quand Karbaschi devient maire, la population de Téhéran croît de 100 000 personnes par an. Malgré son budget subventionné par l'État, la municipalité est au bord de la faillite. Les services municipaux sont sclérosés par la bureaucratie (seul 29% du budget est consacré aux investissements, le reste passe dans les coûts administratifs). Karbaschi met donc en place un plan de transformation de la municipalité. Il transforme les services de la ville : division par 6 du nombre d'employés, mesures de motivation du personnel et recours à la sous-traitance. Le maire planifie également de récolter des taxes pour apporter des revenus à la ville : en échange de taxes, la ville accorde des autorisations pour construire des zones commerciales, des logements d'habitation, et des implantations industrielles, ce qui lui permet de maitriser le développement de la ville.

Dans le même temps, la population est davantage associée aux décisions de la ville. Ce sont cependant surtout les détenteurs du capital investi dans le développement de la ville qui peuvent prendre part à la « participation populaire ». La ville met aussi en place son propre circuit de distribution de produits de consommation (considérés comme une opposition au bazar traditionnel), publie son journal, Hamshahri, améliore la santé publique (ramassage des déchets, etc.), le système de transports publics[82]. De plus, la municipalité transforme l'espace public : la création d'espaces publics qui ne sont pas contrôlés par les intérêts privés, ni par l'État est un des éléments ayant facilité l'émergence d'une société urbaine, moderne et démocratique en Iran[82]. Karbaschi fait ouvrir le centre culturel Bahman sur le site des anciens abattoirs du Sud de Téhéran en 1992. La municipalité ouvre 138 lieux culturels, 1 300 centres sportifs, principalement dans le sud de Téhéran entre 1990 et 1995. Le nombre de parcs est également multiplié par 3,5, atteignant 628 en 1998. Ces parcs permettent à la jeunesse urbaine et moderne des deux sexes de se rencontrer à l'écart de leurs familles. Ces éléments concourent à l'émergence de normes laïques et individualistes d'une classe moyenne urbaine[82]. Kaveh Ehsani pense que les changements qui sont intervenus à Téhéran préfigurent l'avènement d'un nouvel acteur de la vie sociale en Iran : le citoyen urbain.