39337Fermer39339
veryLe 08/04/2014 à 00:06
Folco (./39335) :
C'est une manie aujourd'hui : il suffit de prendre tous les "*phobe" pour savoir ce qui est politiquement correct, et pour savoir dans quel sens on veut forcer nos conscience, au mépris le plus total de la liberté de pensée.


Wep, on est décidément à l'époque des concepts idéologiques en *phobe ( islamophobe est probablement le plus abusif avec homophobe, LGBT-phobe est quant à lui hilarant, etc.), après ceux formés sur le -isme*. Ce qui est intéressant et innovant avec cette construction, par rapport aux concepts de propagandes passés, c'est qu'au lieu de dire le vrai/le faux, bien/le mal, le bon/le mauvais, le juste/l'injuste, elle dit le mentalement sain et le malade psychiatrique : la phobie est en effet une peur irrationnelle.

Accuser quelqu'un d'être {homo|islamo|américano|germano|...}phobe, c'est le déclarer d'autorité malade mental : ce sujet ayant une peur ridicule et injustifiée de {...}, on ne débat pas avec lui d'arguments mais on lui conseille de prendre un traitement, si on ne lui impose pas une camisole.

Bref bien pratique pour ceux qui ne veulent débattre de rien et ne rien remettre en cause. On critique le type de société américaine, la politique américaine elle-même, ou notre alignement géopolitique par rapport à la politique américaine ? Sale américanophobe ! à l'hôpital ! etc. On critique la domination allemande ? grand malade germanophobe ! etc.


* : la manipulation sémantique n'est pas vraiment nouvelle, la propagande via des mots-concepts non plus. Cela a sûrement existé depuis que le langage et la politique se sont réunis, c'est-à-dire depuis la sédentarisation. Mais depuis l'imprimerie et l'alphabétisation, cela a évidemment explosé. La vocabulaire de la Révolution donne déjà un premier aperçu, le Terreur est marrante mais surtout l'Empire va s'y vautrer à cœur joie. Si tout le monde retient à juste titre la Lingua Tertii Imperii et la novlangue soviétique, en revanche on se rend beaucoup moins compte des mots-concepts propagandes qui sont passé avec succès dans notre langue, et qui nous manipulent quotidiennement :

- race-isme est lancé par Trotsky. Il l'a utilisé la première fois afin de parler des traditionalistes slaves qui voulaient garder leur mode de vie. (quels sales racistes répugnants qui n'acceptaient pas la révolution mondiale prolétaire !). Depuis il est presque toujours utilisé abusivement, et bien plus pauvrement que les mots qu'il tend à remplacer (anti-boche, mépris des étrangers, etc.). Insidieusement, le concept de racisme nie la séparation des cultures et des peuples, et donc le fait qu'elle puisent posséder des sentiments pas toujours positifs les unes à l'égard des autres, justifiés ou non : si un français n'aime pas les allemands, c'est parc qu'on lui a inculqué une sale idée comme quoi lui est supérieur et l'autre est une merde biologique. Ce n'est évidement pas parce que l'Allemagne a essayé de nous envahir et dominer à chaque fois qu'elle était réunie, en plus de parler une langue bonne pour les clebs, nan. ( néanmoins l'idée sous-jacente que le racisme est une arme de division dans la guerre des classes n'est pas entièrement fausse -- mais en réalité c'est aussi la lutte de différentes super-classes entre elles )


- sex-isme est apparu dans les années 60, via les courants féministes, et ce concept de combat a été claqué sur racisme. On a inventé ce concept pour assassiner honteusement et par derrières les beaux et justes termes que la langue française possédait : misogynie, misandrie et misanthropie ( car le misanthrope haïssant la femme autant que l'homme ^^, on le taxe de sexisme à contre-sens.).
Comme racisme, c'est un mot très insidieux : si un membre d'un sexe reproche quelque chose au sexe opposé (par exemple : les femmes sont trop belles), ce n'est pas discutable, vrai ou faux, le point de vue d'un sexe sur l'autre, mais simplement le résultat délirant d'un intoxication idéologique dangereusement nazie qui considère un sexe comme intrinsèquement supérieur à l'autre. Évidemment. Comme dans racisme, on a ici une négation de la différence, de la séparation des sexes. (puisque dès qu'ils sont distincts, ils peuvent s'adresser l'un à l'autre reproches et compliments, essayer de caractériser l'autre, etc. )

- le mot racisme lui-même prend probablement exemple sur le concept d'anti-sémitisme, évinçant peu à peu anit-judaisme après son invention à la fin du XIXém siècle. Il est a noter que cette substitution de concept racialise une problématique qui ne l'était pas. (ou pas entièrement, du moins)

-On pourrait continuer bien longtemps, en creusant il y a probablement de quoi faire des pages et des pages, mais j'ai la flemme ! tongue
ko<a href='javascript:;' onclick='getPost(event,76711,39336)'>./39337</a>