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HippopotameLe 17/05/2007 à 20:23
C'est glissant, comme question, mais bon...

La politique étrangère traditionnelle de la France essaie de garder un équilibre entre Israel et les pays arabes, ou les Etats Unis. Pour des gens qui ont complètement et violemment rejeté le monde arabe (cas d'israel, cas de ses sympathisants en France comme le CRIF, cas des Etats Unis), une telle position est incompréhensible et interprétée comme outrageusement pro-arabe.

Védrine, qui a été l'un des meilleurs ministres des affaires étrangères ces dernières années, est représentatif de ce non alignement sur les Etats Unis, et d'un soutien modéré aux palestiniens ; pour beaucoup de sympathisants un peu durs de la politique d'Israel, il était quasiment l'ennemi à abattre.

Pour eux, le positionnement juste de la France consisterait, dans un contexte tel que la dernière guerre du Liban, à soutenir Israel, ou, dans un contexte tel que le début de la guerre en Irak, à appuyer les américains. C'est grosso modo l'orientation de Sarkozy (ou en tout cas du Sarkozy d'avant la campagne électorale...), c'est aussi à peu près celle de Kouchner.

C'est pour ça que la nomination de Védrine aurait été un signal important : "sarkozy le gaulliste" prenant le pas sur "sarkozy l'américain", alors qu'au contraire la nomination de Kouchner est plutôt le signe d'une rupture avec la politique arabe de la France et aussi avec le chantier ouvert par Chirac avec la guerre en Irak, celui de la construction d'un monde multipolaire et d'une vision égalitaire des relations internationales. (En plus c'est rigolo parce que Kouchner et ses engagements sont quand même un gros symbole de l'esprit et des dérives de 68, contre lesquels Sarkozy a fait campagne.)

Mais peut être qu'il ne faut pas dramatiser : en politique étrangère il y a beaucoup d'inertie (par exemple ça ne dépend pas d'un positionnement à gauche ou à droite), et c'est difficile de savoir ce que Nicolas a en tête pour l'instant.