Folco (./63285) :
J'ai des collègues algériens qui bossent en France, salariés de la boite française du groupe, et sont considérés comme en grand déplacement, comme tant d'autres dans notre métier de techs itinérant. Ils rentrent un fois ou deux par mois, ça les regarde.
Je parlais de leur statut de travailleur immigré dans les années 60/70.
Aujourd'hui s'ils ont des contrats français c'est différent.
Quand à ta dernière question, elle m'a fait méditer un certain temps cette semaine. Les Algériens nous ont foutu à la porte. Ok, pas de souci avec ça.
Par contre, ils s'empressent de venir chez nous, après nous avoir chié à la gueule. Premier couac.
Ensuite, même chez nous, ils continuent à nous chier à la gueule. Deuxième couac.
Ma question n'avait rien à voir avec le fait qu'ils nous aient foutu à la porte.
Mais tu as raison de le mentionner ça reste un point de contention.
Dans ceux qui sont venus, tu en as qui ont fui le merdier qui s'est installé avec le FLN ensuite, dont un durcissement sur l'Islam, ainsi que la pauvreté qui résultait d'une gestion calamiteuse du pays post-libération.
D'autres ne détestaient pas la France et voulaient être Français, mais le décret Crémieux leur imposait en somme de renier leurs racines algériennes, musulmanes et arabes. Ils ont espéré qu'ici ils pourraient être arabes d'Algérie et Français, ça a commencé à merder avec l'abandon des banlieues dans les années 80 par les pouvoirs publics (qui a coïncidé avec cette pompe à fric public qu'ont été les politiques de la ville, une arnaque idéologique et économique).
Quant à ceux qui nous chient à la gueule, tu as des ordures qui font honte aux arabes comme aux musulmans, mais tu as aussi des générations de gens parqués dans des HLM abandonnés qui n'y croient plus et n'ont pas d'horizon (et s'ils retournent au bled les gars du pays vont les mettre minable). Alors comme dans toute population perdue et en rébellion ça escalade derrière une identité.
Je n'excuse rien, je parle des mécaniques.
On me dira que c'est une frange de cette population. Je demande à voir. Des quartiers et maintenant des villes entières, ça fait des grosses franges.
Et culturellement, je suis désolé, mais ça ne marchera jamais. Il y a un refus catégorique d'intégration, je pense dû à l'Islam.
J'ai 50% de banlieusards dans mon lycée, et donc pas mal d'arabes. J'ai eu des filles comme des garçons musulmans qui venaient de Gennevilliers, Colombes, Ivry, toute la ceinture voire jusqu'à Nanterre (et ça fait un peu loin de Paris). J'ai mis les pieds dans le plat et parlé de Charlie, du blasphème, du fait que j'ai beau être dans un lycée catho, j'ai le droit de penser que j'emmerde Dieu et que la religion j'y crois pas.
La plupart comprenaient très bien qu'en France on a le droit parce qu'on n'est pas en terre d'Islam et eux-mêmes avaient appris qu'en terre non-musulmane on fait profil bas et on se fait discret sur l'Islam.
Peut-être parce que je suis dans le privé et qu'il y a un tri, mais ceux qui ont dit que les propos de Mila ou de Charlie ne leur avaient pas plu acceptaient qu'ils avaient aussi le droit de dire "ça m'a pas plu mais est-ce que je me sens personnellement attaqué? Oui dans l'Islam on ne dessine pas le Prophète -même si plusieurs dynasties l'ont fait, mais est-ce que ça m'interdit de prier et d'être une bonne personne? non, pas du tout. Je peux dire que je suis pas d'accord sans tuer, ce qui montrerait que c'est moi qui ai un problème, pas eux".
J'ai même demandé à un élève de me faire un exposé à la rentrée sur certaines sourates ou hadiths qui insistent qu'un bon musulman se doit d'étudier les autres livres sacrés (Torah et Bible) pour en savoir plus et que pratiquer la charia ça se fait en terre d'Islam, pas dehors, déjà par politesse. Que l'Islam encourage à convertir c'est une chose, mais quand on y arrive pas, aujourd'hui, tu rencontreras quand même de nombreux imams qui diront "eh bien faut vivre et laisser vivre", des soufistes déjà.
Alors oui et non, longtemps c'est resté une frange mais elle envahit parce que pour beaucoup l'Islam devient identitaire. Tu as raison de dire que ça s'aggrave et que ça va mal finir.
Mais je continue à dire qu'atomiser le regroupement familial sans prendre en compte la lâcheté d'une République incapable d'assumer la laïcité et qui préfère des religieux honteux invisibles et un dialogue idéologiquement arrangé en amont et qui a laissé des zones entières pourrir pour avoir une armée de réserve en faveur du sécuritarisme c'est manquer un gros bout du problème.
Je discutais récemment avec une Française (née en France, grandie et éduquée en France, travaille en France, jamais vécu au Maroc, mère marocaine). Elle me disais : "je suis marocaine". Et c'était pas une écervelée de 13 ans qui se la joue rebelle, mais une femme de 24 ans.
Ça c'est un repli identitaire parce qu'elle ne se reconnaît pas dans la France actuelle. Il se peut qu'SOS Racisme soit venu foutre le boxon, il se peut aussi qu'à 24 ans elles ait bouffé tous les discours néo-identitaires y compris gauchistes. Mon élève de 2de prêt à faire un exposé lui m'a dit "je suis français", comme tous mes élèves et même les collègues arabes (enfin sauf ceux venus ici mais pas naturalisés et ils me disaient ça à cause de leurs papiers, même s'ils se sentent bien en France et refusent d'emmerder le monde avec leur foi).
Une des nouvelles profs de compta est arabe avec un petit accent, on parlait de Charlie et elle m'a ouvertement dit "écoute pour moi c'est simple: tu veux vivre selon la Charia? Pars en terre d'Islam, ici c'est non".
J'ai peut-être du bol à rencontrer des gens qui vont pas dans les mosquées clandés dans les caves des Cités, mais je veux garder espoir, ce sera pas une guerre de race et il faut pas oublier que les Jihadistes de banlieue on en a beaucoup qui cachent derrière la mosquée des activités criminelles, comme le fait Daesh en Irak.
Un ami d'enfance, dans la police anti-terroriste depuis 20 ans (il est sur le terrain, infiltration etc...), ne s'occupe que des barbus. Il nous dit que ça s'aggrave de façon exponentielle, et qu'on n'échappera pas à la confrontation directe et violente. Les flics et les militaires le disent aux politiques, qui s'empressent de ne surtout pas nous le répéter, de peur de voir se fissurer le dogme du multi-culturalisme, socle du village planète et du monde no-border ouvert à tous les échanges.
Car oui, ce problème n'est qu'une petite pierre d'un problème de politique bien plus global que quelques connards dans des banlieues.
Mais ça on est entièrement d'accord, le village planétaire aux frontières ouvertes, outil rêvé du système pour détruire le droit du travail et fabriquer un monde de quelques milliers de riches jouant au golf sur les cages de milliards de cons, a besoin de nier ça.
Je pense aussi que, venue des USA, la logique commerciale électorale qui divise les votants en "communautés" (vote gay, juif, noir, arabe, musulman, etc.) participe.
Et que ça escalade je ne le conteste pas, tu m'as même vu répéter que les théories qui consistent à dire "faut envoyer la police avec des armes de guerre en buter quelques-uns pour l'exemple" c'est alimenter cette escalade.
Alors non, en effet, penser qu'on va faire baisser la tension par de l'urbanisme c'est idiot.
Pour que ça marche il y aurait tant à changer que personne ne s'y attellera, il faudrait renationaliser les OPHLM, insuffler de la vie économique, de la vraie, en banlieue, revenir à une école qui rigole pas, à de vraies punitions, faire du ménage dans les politiques policières (au niveau institutionnel parce qu'il y en a eu des problèmes raciaux avec la police et que le basané ou le noir restent des cibles faciles pour certains), il faudrait aussi arrêter de vivre au rythme des scandales ou héros médiatiques (je repense à mon exemple des AK47 à Grenoble, ou le gamin blanc qui s'est pris un pain et en fait tout était exagéré).
Bref sans instruction ni éducation ça va continuer.
Mais ce sont deux armes contre les politiques économiques et sociales conduites (j'ai dû faire ces deux dernières années un cours sur les GJ et un sur la réforme des retraites, ils croyaient naïvement que c'était vraiment pour leur bien et que la télé disait la vérité).
Je ne dis pas que tu as tort, je dis que le RF est une cible facile qui n'est qu'un rouage dans l'ensemble.