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HippopotameLe 22/07/2009 à 12:48
very (./8) :
Pour moi c'est d'abord une vision du monde et une organisation politique associée (les fameuses «religions séculières », définissant Bien, Mal et Paradis, et autorisant tous les moyens ),

Il y a une confusion. C'est toute la modernité qui remplace la spiritualité d'ancien régime (la cité céleste) par des idéologies (c'est à dire une religiosité laïque, l'aspiration à une cité terrestre utopique).

Social-démocratie, travaillisme, fascisme, nazisme, marxisme-léninisme, libéralisme, syndicalisme anarchisant, bonapartisme, tous sont des églises sécularisées, définissant un bien et un mal, une vision téléologique de l'histoire, tous sont des mouvements de masse encadrant qui, quand les convulsions de l'Histoire leur offrent le pouvoir, cherchent à remodeler la société dans la violence. Pour autant tous ne sont pas totalitaires.

C'est logique, si on confond le totalitarisme avec l'avènement un peu houleux d'idéologies modernes, de faire remonter aux Lumières et à la Révolution ce totalitarisme. Mais ce n'est pas le sens du mot, ou alors ce concept n'a aucun intérêt. Il y a dans le totalitarisme une oblitération de l'individu et de la rationalité bien spécifiques.
En système totalitaire il n'est pas concevable qu'un membre de l'exécutif en attaque un autre par ces mots : "Vous tuez la République, vous êtes les fidèles agents de l’étranger qui redoute le système de modération qu’il faudrait adopter" ; il n'est pas concevable que ledit exécutif soit dissous peu après par le parlement. On voit l'impuissance politique du pouvoir policier pendant la Révolution.
Les mandats du comité de salut public sont librement accordés par les députés, et librement repris, malgré les tentatives d'intimidation de Barère. Les membres du comité de salut public ne sont pas des demi-dieux à la Staline et leur légitimité politique n'est qu'indirecte. D'ailleurs la tentative du CSP de paralyser définitivement la Convention par la peur, en promulguant un décret permettant d'arrêter arbitrairement un député sans qu'il ait à être entendu, suivi peu après de l'élimination de la faction robespiériste, a par réaction fait chuter le comité. Tous ces éléments sont tout à fait contradictoires avec le fait totalitaire.
Robespierre:
Le gouvernement révolutionnaire doit au bon citoyen toute la protection nationale ; il ne doit aux Ennemis du Peuple que la mort.
[...]Si le gouvernement révolutionnaire doit être plus actif dans sa marche et plus libre dans ses mouvements que le gouvernement ordinaire, en est-il moins juste et moins légitime ? Non ; il est appuyé sur la plus sainte de toutes les lois : le salut du Peuple.

C'est rigolo parce que c'est en principe *la* citation retenue à charge contre Robespierre, alors qu'elle ne correspond que peu à la politique de modération relative de Maximilien. (Charlotte Robespierre à propos de Fouché et des exactions à Lyon : « Mon frère lui demanda compte du sang qu'il avait fait couler et lui reprocha sa conduite avec une telle énergie d'expression que Fouché était pâle et tremblant. Il balbutia quelques excuses et rejeta les mesures cruelles qu'il avait prises sur la dureté des circonstances. Robespierre lui répondit que rien ne pouvait justifier les cruautés dont il s'était rendu coupable ; que Lyon, il est vrai, avait été en insurrection contre la Convention nationale, mais que ce n'était pas une raison pour faire mitrailler en masse des ennemis désarmés. » ; ou encore l'opposition de Robespierre à Carrier, le boucher vendéen).
avec cette invention de « l'ennemi de l'intérieur »

Il y avait de fait un ennemi de l'intérieur.