230Fermer232
iwannabeasushiLe 04/04/2011 à 18:24
Hippopotame (./228) :
Les grands universalismes depuis deux millénaires :
- romain (puis catholique)
- chinois
- arabe (puis musulman)
- espagnol
- français
- russe


Tu fais un amalgame entre impérialisme et universalisme. Ton premier exemple est déjà faux puisque les romains n'était pas du tout universalistes avant la chrétienté. En témoigne la relative liberté dont jouissaient les peuples vassaux, notamment en matière de culte (les juifs et les egyptiens par exemple). Les romains n'ont jamais fait de proselytisme. D'ailleurs ils s'attribuaient bien souvent les dieux de ceux qu'ils avaient soumis, se disant que ces dieux abandonneraient leurs anciens fidèles au profit des romains qui se targuaient en revanche d'être les plus pieux. L'universalisme romain n'a jamais existé avant 313 AD et ne peut qu'être confondu avec le catholicisme (καθολικός / katholikós signifiant universel).

De même les chinois ne sont pas du tout universaliste mais se veulent au sommet de l'échelle. Le nom chinois de la Chine est 中国, l'empire du Milieu (le premier caractère signifie milieu, représentant une flèche au centre d'une cible). Ils n'ont pas du tout d'universalisme, même s'ils sont impérialistes. Les musulmans en revanche sont universels. Les espagnols n'ont pas d'universalisme autre que celui du proselytisme religieux. Ils sont toutefois impérialistes. Les russes sont également impérialistes. Les français et les anglais sont en revanche bien universalistes (fardeau de l'homme blanc), indépendamment de la religion, même si ça fait parti d'une suite logique.

Bref j'ai l'impression que ta liste est surtout un gros amalgame des impérialismes historiques.
Hippopotame (./228) :
L'"occident" n'est pas universaliste, il n'y a pas de cohérence occidentale sur la question de l'universalisme.
La France a été universaliste, avec colonies civilisatrices etc.
L'Espagne de même, avec sans doute la plus grande entreprise de métissage de l'Histoire.
L'Allemagne a été violemment différentialiste.
Le Royaume-Uni a eu un tempéramment mitigé, acceptant beaucoup plus naturellement que la France la valeur et la perpétuation de cultures très différentes.


L'Occident chrétien l'a été jusqu'au 17ème. Après il y a eu effectivement des différenciations. Mais pour l'Allemagne, elle n'a pas existé avant 1871, donc ton analyse est douteuse.
Hippopotame (./228) :
La Chine ne s'est guère donné de mission civilisatrice : c'est exactement ce que j'expliquais plus haut. Elle a été civilisatrice de fait. Pendant la plus grande partie de son histoire, son universalisme est implicite. Le peuple chinois considère son mode de vie comme exportable : tous les barbares sont sinisables et l'empire progresse autant par assimilation culturelle que par conquêtes militaires. L'empire assimile si bien qu'il fait de l'envahisseur mongol un chinois.


Elle n'a pas civilisé les peuples, mais simplement importé un modèle de gouvernement (par ailleurs détenu systématiquement par une ethnie favorisée). D'ailleurs le drapeau chinois de la République de Sun Yat Sen était constitué de 5 bandes de couleurs représentant les 5 principales ethnies de Chine. Ces 5 couleurs étant reprises des bannières impériales car il n'existait pas de drapeau national auparavant. J'ai déjà vu mieux en terme d'universalisme. Et l'Empire assimile sans doute si bien que la domination mandchoue à la fin de l'empire était inacceptable pour les Hans ?
Hippopotame (./228) :
Ah ah seriously.
Va dire ça aux tibétains, tiens.


Mais moi j'y ai été au Tibet et il faut arrêter de s'imaginer qu'ils se font massacrer. Et pour ta culture, il existe 56 minorités en Chine et elles ne sont pas si maltraité que ça. Elles ne sont même pas soumises à la politique de l'enfant unique, ce qui les favorise démographiquement. De même elles ont des accès plus faciles dans les meilleures universités de Chine. En revanche la Chine est un gouvernement autoritaire qui réprime les insurrections, au Tibet comme ailleurs. Et le fait d'être Han ne protège pas de l'arbitraire non plus.
Hippopotame (./228) :
Un système faiblement endogame, faiblement libéral/libertaire et faiblement inégalitaire, mais qui atteint ces trois caractéristiques par une absence de régulation plutôt que par une norme sociale positive.

En pratique, on trouve une certaine proportion de mariages consanguins de circonstance, bien qu'il n'y ait guère d'archétype familial endogame de type arabe ou indien.
En théorie (à travers les enquêtes d'opinion), les enfants sont sensés toucher des parts égales d'héritage et quitter tôt le foyer parental. En pratique ce n'est pas le cas, on a souvent une fille qui reste tard au domicile parental, et l'héritage est partagé inégalement.

Ce modèle faiblement régulé engendre des aspects (ou non aspects) spécifiques dont on peut donner une vague teinture :

- Une société fortement divisée en classes molles. La facilité endogame permet aux groupes sociaux de se replier sur eux-mêmes, mais cette structure de classe est un effet mécanique, pas une conséquence d'un quelconque holisme anthropologique. Ça peut donner une ambivalence entre individualisme et communautarisme, ça peut donner une classe de dirigeants militaires ou une classe d'esclaves.

- Un repli sur soi, une indifférence au monde.
Version soft : la vague neutralité politique de la Thaïlande au cours de la seconde guerre mondiale.
version spectaculaire : la junte birmane ou le régime Khmer.

- Des régimes fragiles et des idéologies superficielles. Sans arrière plan autoritaire, les lourds mécanismes de classes s'évaporent facilement. En France, la géographie électorale du XIXème siècle se lit encore dans les élections récentes, malgré toutes les répressions. En Indonésie, il ne reste strictement aucune trace du vote communiste après le tragique amok politique de 1965.

- Une superstructure mentale spécifique. Si le meurtre est l'archétype du comportement antisocial en milieu libéral, le suicide sa contrepartie en milieu autoritaire, en milieu dérégulé c'est l'amok.

- Une culture religieuse spécifique : le bouddhisme du petit véhicule. Un divin incertain, une religion détachée de l'idée de famille, une négation de soi.


L’isolationnisme n'est pas le pendant de l'endogamie, mais bon.
Hippopotame (./228) :
C'est une classification, donc c'est une simplification.


Etant donné que chaque culture politique est unique, effectivement il ne peut avoir de classification universelle comme tu t'en faisais fort. Une classification en revanche c'est tout à fait possible, mais alors on est d'accord.
Hippopotame (./228) :
J'aimerai bien que tu me dises où la démocratie athénienne

Ethnocentrique (autoritaire et inégalitaire)

Bien entendu l'aspect socialisme/nationalisme est anachronique.
(si ta classification est véritablement universelle, pourquoi un régime antique n'y entrerait pas)
L'axe socialisme/nationalisme suppose démarrée la révolution industrielle, comme tu l'as certainement noté.


Evidemment, on ne peut te tenir rigueur de l'aspect anachronique. Néanmoins je persiste à penser qu'il n'y a pas d'axe nationalisme/socialisme puisque ces deux notions ne sont pas nécessairement antinomiques.
shootdown (./229) :
Sinon de toute façon la Nation c'est un concept de gauche non ?


Charles Maurras eut ri.