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NilLe 14/02/2017 à 18:34
Folco (./2101) :

Amha cette façon de penser pose quand même de postulats qu'il faudrait se garder de transformer en dogmes, ou sur des interprétations qui sont loin d'être universellement acceptées (le côté néfaste d'une culture, par exemple).
Comme tu dois t'en douter, il y a plusieurs façons d'aborder les choses, et il y a forcément des dogmatiques, des pragmatiques, d'autres qui préfèrent avancer par concessions... et il y a aussi des contradictions qui peuvent naître et qui ne seront pas résolues facilement.
Typiquement, il y a les tenants d'une suppression totale de marqueurs genrés, qui estiment qu'ils sont une façon d'asservir, de contraindre ou de limiter. Sauf que si tu supprimes tous ces marqueurs, les fluides n'ont plus rien à quoi se raccrocher pour vivre leur fluidité.
Il y a évidemment des absolutistes, mais la plupart de ceux qui demandent une forme de reconnaissance sociale ne veulent pas tout bousculer. D'ailleurs, plus que le regard de la société, il y a le regard de chaque individu sur lui-même qui est parfois plus compliqué à gérer que celui de la société (enfin, ça dépend évidemment des milieux... il est plus facile d'être un queer chez les bobos parisiens que dans un environnement homophobe).

Cela dit, il y a (à mon avis) un problème d'éducation hypergenrée et qui a pour principale source la vente des biens à destination des enfants ; ce n'est évidemment pas nouveau, mais ça a pris une ampleur assez considérable dans le courant des années 90, où les jouets ont été très fortement marqués fille/garçon (une dînette dans les années 70 ou 80 était neutre ; passé les années 90, une dînette a toutes les chances d'être vendue dans un emballage rose avec une fille en photo dessus, sauf dans les magasins pour bobos [cuisines et dînettes en bois à des prix tels qu'il te faut vendre un rein pour l'acheter] ou chez Ikea [qui bénéficie peut-être de l'influence scandinave sur le sujet - ou tout simplement qui fait des économies sur l'emballage, il faut être réaliste]).

Folco (./2101) :
(le côté néfaste d'une culture, par exemple).
Sinon, je n'ai pas parlé de côté néfaste, mais il y a quand-mêmes des aberrations culturelles... aujourd'hui, un homme qui porte une jupe ou une robe serait taxé de pédé, lopette, tarlouze et j'en passe. Or c'est un vêtement qui a été masculin (et très viril) jusqu'à il y a peu (et qui l'est encore dans certaines cultures). Culturellement et socialement parlant, il n'y a rien qui interdirait ça, mais c'est juste impossible.
Les femmes ont dû se battre au début du XIXe siècle pour avoir le droit de porter le pantalon (qui a une connotation très particulière ; celui qui porte le pantalon, c'est le sans-culotte de la révolution et celui qui va à la mine ou à l'usine), par exemple. Qu'est-ce qui fait qu'il y a des pressions aussi fortes sur des éléments de tissus qui ne sont dangereux ni symboliquement ni concrètement, mais qui vont simplement "choquer" (pour on ne sait quelle raison) et mener parfois à des exactions ?
Ce qui est (en tout cas est-ce mon point de vue) assez flagrant, c'est qu'il y a quasi tout le temps un rapport à la féminité qui est vu comme négatif. Porter un pantalon pour les femmes leur était interdit parce que ça leur permettait de pratiquer des activités réservées aux hommes (donc d'avoir une certaine autonomie). A contrario, porter une robe pour une homme est considéré comme dégradant parce que c'est féminin, comme si "femme" => "dégradant".

La question n'est pas de nier qu'il y ait des différences physiologiques, mais qu'il y ait des verrous qui n'aient plus lieu d'être au XXIe siècle. Il fut un temps où l'argument de la protection de la femme matricielle pouvait être entendu, mais aujourd'hui, il n'a plus lieu d'être (démographiquement, médicalement, contraceptivement socialement parlant). Si nos sociétés entrent en crise un jour et qu'une telle nécessité point à nouveau, il sera toujours temps d'y repenser, mais mon avis est qu'il faut profiter de ce que nous offre notre époque, surtout quand ça n'engage pas à quelque chose d'irrémédiable et que ça ne va que vers plus de libertés individuelles (à peu de prix, d'ailleurs) et de bonheur pour ceux qui souffrent de ces situations aujourd'hui.