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MeowcateLe 03/10/2018 à 10:07
Andrzej Sapkowski, auteur de The Witcher, réclame 14 millions d'euros à CD ProjektJeuxvideo.comComme le rapporte le site VG247, CD Projekt a reçu une demande de paiement de la part des avocats d'Andrzej Sapkowski, l'écrivain à l'origine de The Witcher 3. Le Polonais réclame un versement d'au minimum 60 millions de złotys, soit environ 14 millions d'euros, somme que l'entreprise refuse de paye...


Je suis assez fan des jeux, des livres, et globalement de l'univers de la série The Witcher pour mettre quelques détails ici :

Andrzej Sapkowski (que j'appelerai "l'auteur", parce que je n'arrive jamais à l'écrire correctement) a épaté tout le monde avec sa saga en Pologne qui a eu un énorme succès. En dépit d'une diffusion internationale, ça a été "bien mais bon y'en a d'autres" dans le monde. En Pologne, ça a tiré des comics, une série télé, des films... assez médiocres (sans gros moyens), mais voilà : la saga Le Sorceleur, c'est énorme là bas. Il faudrait imaginer ce que peut être Gaston Lagaffe chez nous par exemple.
Quand CDPR a l'idée de faire un jeu vidéo sur l'univers, l'auteur leur cède les droits pour moins de 10000$ plutôt qu'un pourcentage sur les ventes futures (ce qu'avait proposé CDPR). La raison est simple : l'auteur ne croit pas en les jeux vidéos (il l'a dit de nombreuses fois dans des interviews), qui sont une vulgaire distraction, comparé à la profondeur d'un (comprendre : "ses") livre. L'auteur est talentueux, mais c'est aussi un gros con. Ajoutons à cela que CDPR est une boîte qui est spécialisée dans l'adaptation/traduction de jeux étrangers pour le public polonais, ils ne font pas vraiment dans la conception pure. Ce n'est pas comme si Blizzard ou Bethesda avait frappé à la porte de l'auteur. Bref, il veut juste du pognon et ne participera pas à l'élaboration du jeu. Tout au plus donnera t-il son avis sur des artworks de développement. Lui ce qu'il veut avant tout, c'est du pognon. Vous avais-je dit qu'avant d'être auteur il était VRP ?

Le premier jeu sort, et c'est un succès. Pas un raz de marée, mais un bon succès pour autant pour un jeu très rafraichissant dans le style RPG occidental (de mémoire, c'était basé sur le moteur de Neverwinter Night). Personnellement, je l'ai fait à sa sortie, j'ai acheté les livres juste après ça.
CDPR chouchoute d'ailleurs son premier jeu, ce qui leur donnera rapidement une image de marque auprès des joueurs : ils sortent un an après une édition améliorée corrigeant de nombreux bugs, remasterisant les dialogues, nouvelles textures et models de PNJ, nouvelles quêtes, éditeur de niveau qu'utilisent les devs, améliorant des performances, musiques du jeu, artworks... non seulement le jeu est vendu au même prix qu'avant, mais les acheteurs de la précédente version peuvent télécharger le supplément gratuitement. Ils gagnent ainsi un côté "on s'investit sans compter pour nos joueurs" qu'ils ne perdront jamais jusqu'à présent.
C'est avec cette bonne première expérience que CDPR sort quelques années plus tard le deuxième jeu. Celui ci sort en plus sur consoles et propose, sur PC, de pouvoir importer ses sauvegardes du premier pour conserver les choix et matériels obtenus. Cela permet de toucher un public plus large, et le style est modernisé par rapport au premier volet, davantage dans la lignée d'un Mass Effect ou Dragon Age que Neverwinter Night. CDPR est maintenant un acteur reconnu, d'autant qu'entre-temps ils ont lancé GOG, leur Steam spécialisé dans les vieux jeux.
L'auteur, pour autant que j'en sache, ne pipe mot sur les ventes. En revanche, il est un brin vénèr que ses livres commencent à être reconnus à l'étranger... par le biais des jeux. J'insiste là dessus : ce type a un égo énorme, pour lui les livres sont le sommet de l'art du story-telling et les jeux vidéo sont tout en bas. Mais cela couvre quelque chose d'autre qui l'agace, et qui sera surtout dévoilé avec le troisième titre.

Car quand le troisième sort, là, c'est l'apocalypse. Le jeu est une pure merveille qui sublime l'univers de la série. Il va d'ailleurs chercher énormément de référence aux précédentes aventure du héros dans les livres, c'est un véritable hommage au matériau d'origine en tant qu'ultime épisode. Il faut avoir joué aux deux précédents jeux, et surtout avoir lu les livres, pour comprendre les milliers de références inclues là dedans.
Et pour l'auteur, c'est l'explosion : quand on parle de "The Witcher", on parle des jeux, avant de parler de ses livres. Ce support qu'il méprisait ouvertement a plus de succès, plus de clients que ce qu'il a créé. Il y a de quoi se sentir être le dindon de la farce tel Anthony Horowitz* voyant un nouvel Harry Potter au cinéma.

Voilà donc où nous en sommes donc, l'auteur essaie maintenant de prendre une grosse part du gâteau, part qu'il a refusé à l'origine parce qu'il ne pensait pas que le gâteau puisse être si gros. Pourtant les jeux et la sortie de la future série Netflix lui assurent que les ventes de ses livres s'envolent dans tous les pays.
Aussi, quand l'article annonce que les avocats de l'auteur expliquent à CDPR qu'un refus serait dommageable pour l'image de leur société... hm... non, non et trois fois non.
Quel gros con !


* Anthony Horowitz est un grand auteur de livres pour la jeunesse. Je me souviens surtout de lui avoir lu deux séries étant jeune : celle des Anciens qui, comme son nom l'indique, s'inspire dans l'ambiance de Lovecraft, et celle de l'école des sorciers.
Et, oui du coup, j'ai remarqué bien plus tard que Harry Potter a énormément de similitudes avec la série d'Horowitz, si ce n'est qu'Horowitz est un auteur "sombre" pour les enfants, racontant des histoires captivantes qui font peur... même les derniers Harry Potter n'étaient pas aussi dark.
Rowling a, par la suite, admis avoir beaucoup aimé les livres d'Horowitz, il y a une inspiration évidente, consciente ou inconsciente. Horowitz est cool avec ça, se disant que si ça a permis à des millions d'enfants d'aimer la lecture, tant mieux. Mais quand on songe qu'Harry Potter a rendu son auteur milliardaire... ça pique un peu les yeux.
Le héros est un garçon qui apprend, à ses 13 ans, qu'il est un sorcier. Il se rend à une école de magie dont ses parents (un obèse colérique et une grande maigre hystérique), lamentables, ne savent rien sur la réalité de l'enseignement, et se lit d'amitié dans le train avec deux futurs élèves, une fille particulièrement intelligente et un gros maladroit et pas vraiment à l'aise, juste pour donner une idée du début.