Nil (./128) :
Hippopotame (./117) :
Mais quel patrimoine ? Quand tu es reconnu par la critique 50 ans après ta mort, comment est-ce que tu peux créer un patrimoine vu que tu n'as aucun revenus ?
Ben dans ce cas le fiston de l'artiste démarre à zéro, comme n'importe quel banal fils d'ouvrier. Qu'y a-t-il de choquant à ça?
Ben non justement... ton ouvrier, il produit quelque chose et il est rémunéré *de son vivant* pour cette production. De cette rémunération, il en fait quelque chose (il paye les études de ses enfants, fait des économies, achète un petit appartement...). L'artiste peut très bien ne pas être rémunéré de son vivant (je ne compte pas le nombre d'amis compositeurs que j'ai qui sont allé s'enterrer dans le cantal et qui vivent du RMI avec, de temps en temps, une commande ; le reste du temps, rien). Comme il n'est pas rémunéré, il ne peut rien construire, rien économiser. Et il peut très bien avoir son heure de gloire après sa mort (c'est d'ailleurs ce qu'il se passe, vu qu'il faut un certain temps d'un côté pour se faire un nom et d'un autre pour que les esthétiques acceptées par un large public évoluent).
Le risque qu'on peut avoir (que ça soit pour l'artiste qui veut avoir un retour sur investissement rapide ou, dans le cas d'un mécénat, pour le mécène), c'est de n'aboutir qu'à des oeuvres "populistes", qui se vendent facilement car qui collent à un air du temps. Or en matière d'art, coller à l'air du temps c'est refuser l'expérimentation. Sans expérimentation, il n'y aurait pas eu les impressionnistes, les cubistes, les surréalistes, les sérialistes, etc.
Depuis le début de la construction de notre ère moderne (juste avant la renaissance, peu ou prou avec la montée du protestantisme, de la libération culturelle, de la suppression du joug religieux sur l'art), les artistes ont eu besoin de faire ce qu'on appelle vulgairement de "l'alimentaire", collant à une réalité esthétique presque désuette et souvent très mal payé.
(Note : on retrouve quasiment la même problématique dans le jeu vidéo. Il suffit de voir le nombre de sous merdes qu'on nous pond et qui ne sont que des "pâles copies de...".
Mais le principal problème vient (à mon avis) du dénigrement des Etats pour ses artistes (et pour les artistes qui ne sont pas une "marque"). C'est assez critique, ça ressemble énormément à la problématique de la recherche fondamentale. Le monde occidental depuis la fin des années 70 ne s'intéresse plus à ce qu'il peut produire en terme de richesse artistique. Notre "beau pays" qu'est la France ne draine même plus des artistes, n'est plus qu'une coquille vide dans laquelle on espère simplement entendre un souffle qui rappellerait les heures de gloire de 1900-1914 et de l'entre deux guerres. Un Etat, tout oppresseur qu'il soit, n'a pas du tout la même façon de diriger les choses qu'un mécène privé ou qu'une maison de production (qui, aujourd'hui, a le rôle de mécène dans de nombreux cas). Il suffit pour ça de voir que qu'a pu réaliser Chostakovitch, alors sous un régime qui ne savait pas vraiment s'il fallait l'opprimer ou le glorifier, et les merdes insipides et infâmes que nous vomissent (vomir de la merde, ça doit être ignoble) les studios et les fondations qui financent "certains" projets.
Mais c'est normal, ça résume en "court terme" si le décideur doit choisir entre :
1) gagner pas grand chose aujourd'hui
2) gagner beacoup demain
3) gagner beaucoup pendant longtemps à partir d'après demain
si le choix est exclusif, le décideur choisira 1)