Je reprends le flashchat histoire de contextualiser un peu la chose:

"00:08 Fei: Xenogears est une tuerie, même au niveau des combats... et comme je fais une indigestion des "RPG jeux de cartes" sur consoles...
00:18 Myth: Baten Kaitos est loin d'être juste un "RPG jeu de cartes" :]
00:32 MetalKnuckles: bah si, c'est chiant"

Je n'ai pas encore fini Baten Kaitos (j'en suis à une quarantaine d'heures) que je pourrais vous écrire une vingtaine de romans à son sujet tant ce truc est un véritable point de singularité dans l'histoire du jeu vidéo. C'est très prétentieux de ma part d'avancer cette idée alors que je n'ai au final qu'une expérience limitée en matière de jeu, mais ça transpire. L'idée de cumuler tous les clichés possibles et imaginables qu'un RPG pourrait comporter pour tous les dégommer au fur et à mesure est particulièrement jouissive, en plus de quelques coups de théâtre rudement bien pensés qui parviennent à intégrer le joueur non plus simplement comme un vague dirigeant, qui s'identifie à un personnage ou à un groupe de personnage, mais comme un personnage à part entière.

Au bout de quarante heures de jeu, on peut essayer de deviner quelle a été la ligne directrice du système de combat. En l'occurrence, je mettrai ma main dans le congélateur que la question a été "comment faire un système à la fois dynamique, très libre et qui permettrait de donner à chaque combat une intensité palpable tout en évitant de les rendre insupportables" Les développeurs ont fait le pari, aujourd'hui sacrément osé d'après ce que je peux voir dans ce qui sort à droite ou à gauche, de laisser une grande place au hasard. D'où la solution de créer un système en "jeu de cartes": chaque personnage a sa propre pioche, entièrement personnalisable (je suis même assez convaincu que ça explose le système de matérias en terme de possibilités) et on se retrouve à penser les risques liés à l'aléatoire d'une façon qui en devient diablement stratégique.

Alors oui, dans la forme, Baten Kaitos est un RPG Card Game. Mais ce système n'est qu'un prétexte pour faire tourner des choix en amont qui structurent solidement le jeu: les quêtes annexes à base d'échange (et j'ai trouvé l'histoire de l'essence des choses assez mignonne, j'avoue), la "quête principale", au moins celle du premier CD, des combats survoltés dont on sort généralement à moitié en sueur, qui ne se limitent pas à appuyer trois fois sur A ou X et dont on tire une réelle fierté, même quand la difficulté n'est pas immense, et peut-être plus mais je n'y suis pas encore.

J'avoue que je suis fondamentalement en désaccord avec MK quand il dit que le jeu est chiant parce que c'est un RPG Card System. Je n'ai pas une grande expérience en la matière, c'est le deuxième jeu du genre que j'essaye, et de même que deux tactical-RPG peuvent être très différents, je ne suis pas certain que tous les RPG Card Games se ressemblent. Je peux comprendre qu'on n'accroche pas à Baten Kaitos, mais alors je peux laaaargement comprendre. Tout le monde me regarde de travers quand je dis que je n'ai pas digéré FF7, donc chacun son truc.

Tant qu'on est dans la confession, il y a quelque chose qui me gène beaucoup dans les critiques de jeu vidéo: quand je lis un test, j'ai l'impression de lire une fiche technique (Graphisme: 6, Musiques: 8, Gameplay: 9... bref) qui, lorsqu'elle sort de ce carcan, se projette à l'opposé en parlant de "fun". J'ai rarement lu un test qui parlait d'un jeu vidéo avec les tripes, avec le coeur, bref, un test qui parlait d'un jeu vidéo comme d'une expérience qui vous retourne, ou même qui vous emmerde à n'en plus finir. Bon, ok, ça se décoince de plus en plus avec le temps, mais il n'en reste pas moins que le système de notation est ridicule.

Bon, mes idées sont en train de se faire la malle, et la cohérence qui va avec ne se porte pas très bien non plus.

Tout ça pour dire que Baten Kaitos n'est *pas que* un RPG qui se joue avec des cartes parce que son ambition va bien au-delà. (et, non, je ne me ferai toujours pas aux commentaires "Baten Kaitos est pas mal mais Tales of Symphonia est meilleur, quand même")