The_CUrELe 22/09/2020 à 22:23
Il est évident que notre état mental joue.
J'avais averti un collègue pendant nos formations à Lille que je n'avais pas emporté de copies d'élèves, quitte à être en retard sur mon planning parce qu'entre la colère que les conneries des formateurs m'évoquaient et la bière, c'était pas une bonne idée.
Il a pas voulu me croire et le lendemain me dit "j'en ai corrigé 10 et tu avais raison, en me relisant je me suis trouvé plus dur que d'habitude".
Quand je suis calme je peux accepter qu'un élève con prenne la parole, si je suis énervé c'est impossible.
De même quand je suis énervé je joue moins bien, je fais plus de pains, ça m'énerve et je joue plus mal.
Notre cerveau n'est pas si logique que ça, il est câblé pour la survie.
C'est un paragraphe du Gai Savoir de Nietzsche ou Frédo dit en substance que la logique est la chose la moins logique au monde parce que le principe d'identité est fait pour généraliser au maximum, héritage de l'instinct de survie qui nécessite d'identifier par signes grossier l'ami et l'ennemi.
Et oui, tous nous avons dans la tête un prisme façonné par nos (z)obsessions, notre système de valeurs, notre intérêt, etc.
Et oui, parfois je me convaincs que je suis un putain de génie parce que j'ai (souvent) le sentiment de penser à la place des autres au quotidien (et parfois c'est littéralement le cas).
Il est évident que si je décrète que mes élèves sont des débiles avant le début de la journée je vais les haïr très vite.
Je dois chaque jour me rappeler que même si c'est un bahut de merde, je ne dois leur faire payer que leur comportements gonflants, pas le fait qu'ils sont ici.
Une des raisons pour lesquelles le biais négatif est plus fort aujourd'hui c'est que les pertes nous coûtent de plus en plus cher à terme et que nous avons de plus en plus peur.
L'autre truc c'est qu'on est tellement habitué à que d'anciens luxes soient devenus normaux qu'on ne réalise pas qu'ils ne sont qu'une petite partie de la chose.
C'est une des raisons pour lesquelles je m'efforce régulièrement d'oublier internet, mon téléphone, les trucs et les machins et que j'essaie de continuer à penser avec du minimum.
Sans compter que l'avantage d'un pessimisme raisonné c'est que les bonnes nouvelles prennent plus d'éclat (genre aujourd'hui une de mes shampouineuses habituelles ayant été engueulée par papa, elle s'est montrée d'une discrétion de violette et a dit un truc intelligent pendant le cours).
L'article m'embête un peu parce qu'il finit par te dire que c'est uniquement à toi de changer ton point de vue, de "ranger ta chambre" comme dirait Kermit la Grenouille Jordan Peterson.
Mais comme le fait remarquer Daffy Duck Slavoj Žižek, si autour le système agit de telle sorte (même s'il n'a pas été conçu pour) que ma chambre est constamment en bordel parce qu'il y stocke ses propres gravats, comment puis-je faire?
On peut d'ailleurs remarquer qu'il refourgue un ePub ensuite...
Le raccourci un peu grossier sur les insécurités personnelles qui expliquent pourquoi tel biais n'est pas faux en soi, juste un peu simple...
C'est ce genre de formulations qui me fait me méfier du développement personnel et de ses promoteurs.
Il n'empêche que certains faits sont têtus, qu'on peut démontrer que certains discours et attitudes sont absurdes.