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veryLe 05/10/2009 à 14:42
iwannabeasushi (./220) :
On pourrait prendre de nombreux exemples pour ça, typiquement certains pays musulmans avec une population peu ou pas éduquée qui voteraient pour des intégristes s'ils avaient la démocratie. Ou sur des questions plus proches de nous comme la peine de mort.


Deux mauvais exemples: ça mélange tout. Les pays arabes: contexte historique complètement différent. Pour encore parler à la Todd, ils sont en pleine "hystérie idéologique de transition"; c'est comme parler de la France pendant la Terreur... Et remarque qu'ils sont plus éduqués qu'il y a 100 ans et qu'ils voteraient moins bien. ( si on considère l'islamisme pire qu'un votre conservateur classique ).
Pour la peine de mort, je ne vois pas en quoi ce serait ontologiquement bien de l'avoir abolie (??), et en plus c'est vraiment un détail.


Pour en revenir sur la question culture-politique/démocratie: c'est une question complexe et il faut, comme le fait Nil en ./222, introduire des distinguos. Entre l'éducation "technique" et l'idéal de l'honnête homme cultivé. Si on veut y voir quelque chose dans les exemples, il faut aussi introduire des distinguos historiques et lire Todd pour cela est une bonne idée. En bref, le dogme progressiste plus d'éducation => plus de bonheur, meilleur gestion de la cité est faux au moins localement (pour des points particuliers de l'histoire-géo ) et l'évolution actuelle pose beaucoup de questions. (et aller un bon goldwin: l'Allemagne des années 30 étaient un de pays les plus cultivés au monde.C'est LA question qui a traumatisé beaucoup d'auteurs juifs contemporains, je pense en particulier à Steiner )
Même Renan, pourtant positiviste en surface, se posait la question en abordant Marc Aurèle: « l'homme le plus sage de son époque a dirigé le monde, c'est une bonne chose que l'on ait fait cette expérience. Se reproduira-t-elle ?» ( approx, de mémoire )


iwannabeasushi (./223) :
Le peuple justement n'a jamais été aussi impliqué dans la gouvernance qu'a aucun autre moment de l'histoire


Je pense que c'est une illusion d'optique. J'ai en gros l'impression que tu te focalises trop sur les mécanismes formels et que tu t'éloignes de la réalité. Un argument court: le pouvoir politique n'a jamais au aussi peu de pouvoir. Par conséquent, même associé, le peuple a moins de pouvoir.
Un argument long: il faut interroger critiquement et sociologiquement les classes dirigeantes pour essayer de percer les mécanismes réels qui sont beaucoup, beaucoup plus compliqués et pervers que les mécanismes institutionnels.
Un troisième argument: les associations et autres lobbies "de la vie civile" ne représentent qu'eux-même jusqu'à preuve du contraire. (idem pour les médias ). Que la LICRA, Le Monde et Act Up soient de fait quasi-associés au Pouvoir (conception sociologique, pas formelle ) ne veut pas dire que le "peuple" l'est plus. Perso, j'ai même tendance à penser qu'il l'est moins.

iwannabeasushi (./223) :
Le système éducatif n'est que le reflet des besoins de la société/du marché.


Conception utilitariste bas de gamme. Le système éducatif est aussi le reflet de l'imaginaire social d'un peuple, de ses idées, de ses préjugées, de ses conceptions culturelles, de son idéal éducatif, de la place qu'il attribue à la jeunesse dans la société, etc.
Il suffit de voir la très grande diversité de systèmes éducatifs dans des pays similairement développés pour en être convaincu.
Bon évidemment la réalité des besoins de la société et du marché a aussi un rôle important. ( malheureusement ? )
iwannabeasushi (./230) :
Je peux citer des dizaines de décisions prises à contre courant de l'opinion qui sont aujourd'hui communément acceptées par une énorme majorité de la population.

Ouais mais tu triches là: la plupart de ces décisions relèveront d'un courant d'idée certes minoritaire mais dans le sens du vent de l'évolution de la société, du "progrès", etc. Si bien que de toute manière elles auraient étés votées démocratiquement quelques années plus tard !
Bref, la plupart du temps cela n'a aucun intérêt ni mérite sauf à ce que l'élite en place s'auto-remette la médaille du Courage et du Bien pour le Progrès... (ce dont elle ne se prive pas, à force de célébrations, de prides et autres conneries )

iwannabeasushi (./230) :
iwannabeasushi (./226) :
Beaucoup se plaignent d'un gouvernement peut-être trop technocratique, mais vous pensez sérieusement que le citoyen de base sera capable de gérer un pays aussi complexe mieux ? Doit-on remettre la politique étrangère de la France dans les mains de la boulangère du quartier, fort sympathique au demeurant ? Nous avons tous la possibilité lors des différentes élections d'exprimer nos choix entre les différentes options, et si vous m'objectez qu'aucune option ne vous satisfait, engagez vous donc vous même en politique. Si vraiment vous êtes convaincu que votre vision correspond à une véritable demande populaire, pourquoi hésiter.

Personne ne souhaite répondre à ça ?

Je réponds que le choix que tu laisses est caricatural et donc je décrète la question nulle et non avenue.
Quand on fustige un gouvernement "technocrate", c'est que l'on déplore la perte du politique revendiqué/assumé dans la direction. Cela ne veut pas dire que l'on est contre les techniciens, évidemment nécessaires à un certain niveau **et dans le rôle qui est le leur**
Napoléon ou de Gaule sont par exemple des dirigeants *très* politiques, et personne ne serait venu se plaindre de leur "gouvernement technocratique": pourtant le premier a mis en place une administration remarquable et le second l'a beaucoup u(tili)sée !
iwannabeasushi (./237) :
Si tu penses que tous les grands philosophes qui sont passé avant toi se sont trompés sur le sens du mot démocratie, j'attends avec impatience ta définition.


Tu es borgne, je ne vois pas d'autres explications. Beaucoup de courant philosophiques ( contre-révolutionnaire, marxiste, radical/anarchistes, monarchistes, ) et encore plus de philosophes ( je pense à des types un peu inclassables à la Barthes... ) ont récusé le fait que les "démocraties représentatives libérales" soient des démocraties. La réalité est qu'il y a des gens intelligents et cultivés des deux cotés, l'argument de l'autorité intellectuel ne marche pas ici.

Par ailleurs je pourrais le renverser avec un fait amusant: la plupart des philosophes qui font croire que le "démocratie représentative" est une démocratie sont des gens qui ont vécus *avant* l'avènement des démocraties libérales. La majorité des philosophes contemporains de ces "démocraties libérales" sont beaucoup plus critiques.

Quand à citer JJR aujourd'hui, avec toutes les énormités qu'il a pu enfiler l'une après l'autre, comme une justification dans le domaine politique: ce n'est plus une référence intellectuelle mais un appel au dogme.