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The_CUrELe 28/10/2019 à 05:16
Zerosquare (./2236) :
Juste pour revenir sur un point annexe :
The_CUrE (./2229) :
Le fait c'est qu'une machine correctement programmée ne fait pas d'erreurs dans les tâches qu'elle exécute.
Même ça, c'est faux en fait. Même si on était capable de concevoir des machines parfaites sur le papier (ce qui déjà est très difficile, voire concrètement impossible dès que tu dépasses un certain niveau de complexité), elle ne le serait pas parfaites une fois fabriquées, parce qu'on ne contrôle jamais complètement le processus de fabrication ; pire, certaines lois physiques sont probabilistes, ce qui fait qu'il est impossible de garantir qu'un phénomène parasite ne se produira jamais.

C'est moins anecdotique qu'il n'y paraît : ça veut dire concrètement que les discours "zéro défaut" sont intrinsèquement des mensonges, car c'est un objectif qui est fondamentalement impossible à atteindre. Tout ce qu'on sait faire en pratique, c'est estimer la probabilité d'un défaut, et la diminuer dans une certaine mesure au prix d'efforts supplémentaires.

C'est pour ça que pour vérifier la fiabilité d'un système critique (comme un train par exemple), on liste les défauts possibles, leur impact (de "désagrément temporaire" à "mort de plusieurs personnes") et leur probabilité d'occurrence estimée (une fois par jour, une fois par an, une fois tous les 100 ans...). Le but est qu'il n'y ait aucun produit impact * probabilité qui soit trop élevé. Évidemment, toute la question est "comment choisit-on la limite ?", mais là ce n'est plus de la technique, c'est la philo.

Je suis entièrement d'accord avec toi, je ne parlais qu'en général.
La machine a en effet ses limites physiques dues à la nature même (chauffe, usure, matériaux et j'en oublie), mais tu m'accorderas qu'un bras de peinture de voiture bien programmé peint plus vite et mieux qu'un humain avec un pistolet sur la chaîne de montage. Autrement dit, une fois l'appareil produit, techniquement parlant, il exécute sa tâche très bien, et ça seulement (c'était pour revenir sur la comparaison homme<machine, ce n'est vrai que dans un contexte immensément limité).
C'est le contexte dans lequel je parlais. Je n'ai que brièvement dit que les machines n'étaient pas "naturelles", mais en effet ça ouvre une armée de limites qui les rendent inférieures au monde qui nous entoure.
C'est ce que rappelle à mes élèves en classe: je simplifie, mais quelque part on est dans une forme de stagnation technique; on met plus de cœurs et on grave plus petit, mais quelque part ça ne bouge pas tant que ça par rapport aux sauts des années 90/2000 (sans doute que c'est pas parfaitement exact, mais vous m'avez compris).
Si on ne trouve pas de nouveaux matériaux pour remplacer, on court à la pénurie d'électronique, et avant ça, à l'arrêt absolu du dévloppement de la puissance (cela prouvera-t-il enfin que c'était pas le but à poursuivre en priorité?).

De même en effet qu'un système en ligne n'est jamais sûr, qu'un ventilo d'une série réputée peut venir du batch défectueux (comme les batteries IT'S A SONY qui asplodaient), les trucs Apple qui prenaient feu en 99 et j'en oublie.

Sur la question de la limite, c'est pour ça que la FDA américaine (et peut-être les administrations européennes) ont un seuil de crottes de rat/souris et ailes de mouches dans la bouffe industrielle.
Oui ça paraît grotesque, mais vous pensiez sincèrement que vos gâteaux Brossard de supermarché étaient produits dans des usines aseptisées?
Vous rêvez, et je ne parle même pas des pâtées pour animaux...
Curieusement, les produits artisanaux ont eu de plus gros défauts (charcuterie artisanale pas assez cuite qui refilait le botulisme) mais aujourd'hui, l'un dans l'autre, c'est plus sûr (vous vous rappelez les canards massacrés lors de l'épidémie de grippe aviaire de 96? Seuls les canetons industriels, éclos à un endroit, gavés ailleurs et ainsi de suite jusqu'à l'abattoir, transbahutés en camion d'un point à l'autre comme un film d'Indy, sont tombés malade à cause de la route, les canards artisanaux élevés à la ferme étaient sains et on les a quand même butés et peu compensés puisque sur la base des bas tarifs industriels -je vous épargne mon couplet habituel sur la technocratie, l'UE et l'industrialisme hystérique, ça fait facile 10 ans que je le serine, si vous ne le connaissez toujours pas je peux plus rien pour vous).

Et, à propos, je te suis éternellement reconnaissant pour ta dernière phrase, permets-moi de la prendre comme un hommage.

Brunni> Quand tu parles de méséducation et de fric, ça va ensemble en effet, en accroissant la part d'individuel dans le social au point de lui donner la priorité, les gens sont prêts à sacrifier père et mère pour une subvention personnelle. Quand les PS de Mitterrand grâce à Delors a désindexé le SMIC des prix (ce qui a fait stagner les salaires et appauvri tout le monde), ils ont lancé le jeu ensuite des "coups de pouce de reprise/relance" pour noyer le poisson, et quand on a fait passer les 3( heures on a aggravé, mais comme on a promis après les heures sup' pour "travailler plus pour gagner plus", idem on a fait gober que ça allait aller mieux. Tu le vois dans les gens qui jubilent à perspective de voir la SNCF et la RATP se faire niquer jusqu'au trognon par la réforme des retraites, aveugles à leur propre future misère, trop occupés à se dire "bien fait, au moins je coule pas tout seul".
Et pour y arriver, il faut bousiller l'école, ce qu'on fait depuis au moins les années 30, et le néo-pédagogisme en France a commencé longtemps avant 68 (quelque chose comme 56 de mémoire, je peux vérifier mes sources). Simplement c'était encore expérimental, donc pas à grande échelle.
Si l'école fabrique des cons incultes qui ne pensent qu'à leur gueule et sont prêts à faire bêtement où on leur dit de faire quand on leur dit de faire sans comprendre ce qu'ils font, bref des exécutants parfaits, des machines humaines, c'est bien pour disposer d'une réserve immense de bétail de travail, de bétail social, de bétail de consommation et, ultimement, parce que ça sert à organiser le reste, de bétail électoral qui vote "extrême-centre" parce qu'on brandit l'épouvantail rouge-brun, sans le discuter (je rappelle que le fond du programme du FN était un repli keynésien analogue à celui de LFI, donc pas d'extrémisme économique, seulement un refus radical des fausses ouvertures sauvages de marché -ça ne veut pas dire que je les défends, ça veut dire qu'il faut appeler un chat un chat).
Le boycott, je te rappelle qu'en France (et sans doute le reste de l'Europe mais les Helvètes y échappent et je parie que les Polaks et Magyars s'en branlent), boycotter les produits israéliens pour protester contre les colonies et la brutalité gratuite et sadique de Tsahal est condamné pénalement, donc boycotter devient un crime, ça c'est le totalitarisme capitaliste, refuser d'acheter relève du terrorisme...