Manifestation nationale sur le thème " la xénophobie d'Etat tue" "Français, immigrés : égalité, solidarité"
Organisée par RESF, UCIJ, collectifs des sans papiers.
le 5 avril à Paris 14h30 place d'Italie.
La xénophobie d’Etat tue : mobilisation nationale le samedi 5 avril 2008
L’acharnement gouvernemental à l’encontre des étrangers n’a cessé de s’accroître ces dernières
années. Les lois se multiplient et chacune d’entre elles lamine encore plus le droit des étrangers.
Celles-ci vont toujours dans le même sens : restreindre au maximum le regroupement familial et le
droit d’asile ; limiter l’immigration à des quotas de travailleurs en fonction des besoins du marché du
travail ; jeter ceux-ci dès lors qu’ils ne sont plus nécessaires.
A l’évidence, la multiplication de ces lois vise avant tout à flatter les réflexes racistes et xénophobes
d’une partie de la population et à exacerber la division des salariés. Les étrangers sont stigmatisés et
utilisés comme des boucs émissaires afin de détourner l’opinion des véritables problèmes actuels :
emploi, précarité, pouvoir d’achat, protection sociale…
Cette politique indigne s’est intensifiée depuis l’élection à la présidence de la République de N.
Sarkozy et la création d’un « ministère de l’Immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du
développement solidaire ». Cette création marque un retour au goût du jour d’une idéologie qui
s’inscrit de plain-pied dans la tradition d’un nationalisme fondé sur la méfiance et l’hostilité à
l’encontre des étrangers en période de crise. Ce « super-ministère de l'Intérieur » - dont l’activité
principale consiste à traquer, mettre en rétention et expulser les femmes, hommes et enfants sanspapiers
- n’a de cesse de rappeler à l’ordre préfets, policiers et gendarmes pour qu’ils atteignent les
objectifs chiffrés en matière d’expulsions. Contrôles au faciès, convocations piège en préfectures,
rafles, non respect des voies et délais de recours, marquage de sans-papiers au feutre indélébile dans
le Nord, mise en place de camps d’enfermement aux frontières de l’Europe... Chaque jour la descente
dans l’ignominie s’accélère. Cet acharnement répressif brise et tue des êtres humains qui pour
échapper aux expulsions prennent des risques parfois mortels.
Dans le même temps, le gouvernement s’efforce d’entretenir un climat de suspicion et de peur à
l’égard des étrangers et de leurs soutiens : criminalisation de la solidarité, multiplication des
poursuites judiciaires, utilisation des services publics, services sociaux et des inspecteurs du travail
comme auxiliaires de police... Cette politique répressive touche non seulement les sans-papiers mais
aussi les étrangers ayant un titre de séjour et les Français « issus de l’immigration » qui se voient
régulièrement humiliés. Au final, l’ensemble de la population est directement touchée par un arsenal
sécuritaire qui, ajouté aux autres mesures de même type qui se multiplient dans d’autres domaines,
transforment peu à peu notre société en Etat policier.
L’Union syndicale Solidaires dénonce cette dérive vers une xénophobie d’Etat qui tue les droits de
toutes et tous et exige la mise en oeuvre d’une autre politique qui soit fondée sur des valeurs
démocratiques et solidaires. Elle appelle à un sursaut citoyen et à une mobilisation massive lors des
manifestations qui seront organisées le samedi 5 avril dans plusieurs villes de France - et en
particulier à la manifestation nationale qui partira à 14H30 de la Place d’Italie à Paris - dans le cadre
de la journée nationale d’action initiée par le collectif « Uni(e)s contre une immigration jetable -
UCIJ », le « Réseau Education sans frontières - RESF » et des Collectifs de sans-papiers. Paris , le 31 mars 2008
'L'homme d'origine malienne s'est jeté vendredi dans la Marne après avoir été interpellé par la BAC à Joinville-le-Pont. Le PS dénonce le 'climat de terreur' que fait régner le gouvernement.
Un homme, qui s'était jeté dans la Marne vendredi en début d'après-midi à Joinville-le-Pont (Val-de-Marne) en fuyant un contrôle de police à la station RER, est décédé à l'hôpital où il avait été transporté, a-t-on appris de source judiciaire.
L'homme, de 29 ans et d'origine malienne, avait été interpellé vers 14H30 par la Brigade anti-criminalité après avoir passé les portiques du RER sans avoir validé de titre de transport, a ajouté la même source.
L'homme a pris la fuite quand les policiers ont voulu vérifier dans leur fichier s'il était recherché, a indiqué une source policière. Les agents l'ont poursuivi sur environ 400 mètres avant qu'il ne se jette depuis le quai dans la Marne.
Les pompiers ont recueilli l'homme inconscient et l'ont transporté à l'hôpital de Lariboisière à Paris, où il est décédé dans l'après-midi, selon la source judiciaire. Une autopsie devrait être pratiquée dans les prochains jours pour déterminer les causes de la mort de cet homme.
Une enquête a été confiée à l'Inspection générale des services (IGS, 'la police des polices').
Le Parti socialiste a dénoncé samedi le 'climat de terreur' que fait selon lui régner le gouvernement envers les sans-papiers.
'Depuis que le gouvernement a décidé de pratiquer une absurde politique du chiffre, les drames humains frappant les sans-papiers se multiplient', a écrit dans un communiqué le secrétaire national du PAS à l'égalité et à la diversité, Faouzi Lamdaoui.
'Le gouvernement, a-t-il ajouté, doit s'expliquer sur ces graves incidents et tout mettre en oeuvre pour éviter que d'autres drames ne se produisent'.
Il a estimé que 'la politique de Brice Hortefeux (ndlr: ministre de l'Immigration) ne permet en rien de réguler humainement l'immigration mais fait peser un climat de terreur sur les immigrés et leurs familles présents dans notre pays.'
Pierre Henry, directeur général de France Terre d'Asile, a appelé 'solennellement' vendredi soir le gouvernement à un 'moratoire sur la politique d'éloignement', après ce drame.' Source : www.liberation.fr
Depuis quelques années, les lois se multiplient pour fermer toutes les voies à la régularisation. Le gouvernement aura été à l’initiative de quatre lois, de multiples décrets, circulaires et décisions administratives qui remettent en cause les droits des étrangers dans notre pays : liberté de vivre en famille, liberté d’étudier, de travailler et d'exercer le droit d’asile. Les interventions du gouvernement sur ce thème sont en contradiction totale avec notre vision de l’immigration et plus largement d’une société ouverte et solidaire qui permette la libre circulation des
individus.
Le Ministre de l’Identité nationale et de l’immigration somme les préfets de faire du chiffre et de remplir des quotas d’expulsions. Les rafles se multiplient, les étrangers sans papiers n’osent plus sortir, circuler, aller travailler et étudier.
Combien de drames humains faudra-t-il pour que s’arrêtent les contrôles, les perquisitions, les arrestations et les expulsions ? La politique discriminatoire et de chasse aux sans papiers doit cesser. Les étrangers de France doivent être accueillis dignement et dans le respect des droits de la personne.
La situation d’irrégularité favorise une exploitation scandaleuse des travailleurs étrangers que se trouvent privés de toute protection à la merci des employeurs.
Nous refusons la logique d’immigration choisie au service des intérêts de patronat aussi bien au niveau français qu’au niveau européen, permettant une délocalisation sur place, à moindre coût, et mise en concurrence des filières d’immigration de travail. L’Europe ne peut et ne doit pas être une forteresse, qui tue à ses frontières, et qui après usage jette se débarrasse des personnes qui ont construit leur vie sur le territoire européen.
Les organisations signataires réaffirment leurs attachement au droit de vivre en famille, au droit d’accéder aux études, de travailler pour tous et à l’exercice du droit d’asile. Nous poursuivrons notre engagement dans le collectifs unitaires et les réseaux de solidarité avec le sans papiers contre la politique des Rafles, des expulsions et des rétentions administratives des étrangers.
Les organisations signataires appellent les jeunes et l'ensemble des citoyens à participer activement à la journée de mobilisation nationale organisée samedi 5 avril 2008 par le Collectif Uni(e)s contre l’immigration jetable, par le Réseau éducation sans frontières et par les Collectifs de sans papiers.
La société démocratique et solidaire à laquelle nous aspirons exige :
- La suppression du ministère de "l’identité nationale",
- L’arrêt de la chasse aux sans-papiers, l’arrêt des expulsions et la fermeture des centres de rétention,
- L’arrêt des poursuites contre les soutiens des sans-papiers,
- L’abrogation de lois stigmatisant les migrants et bafouant leurs droits,
- L’abandon des projets gouvernementaux sur la justice d’exception et les quotas,
- La mise en oeuvre d’une autre politique européenne, à l’opposé de l’Europe forteresse,
- Le droit au logement, à la santé, à l’éducation et au travail pour toutes et tous,
- Des droits pour les femmes migrantes qui favorisent leur autonomie,
- La régularisation des sans papiers,
- L’abolition de la taxe à l’emploi pour l’embauche de travailleurs étrangers,
- Une politique d’accueil des étrangers leur permettant de vivre dignement en France.
- Régularisation de tous les étudiants sans papiers
Pour une société fraternelle et solidaire, un sursaut citoyen s’impose. Nous manifesterons tous ensemble
Les signataires : UNEF, SUD Etudiant, FSE, UEC, JCR, JC, MJS RDV/ 14h00, métro Campo-Formio (ligne 5)
Pour le droit au logement pour toutes et tous, français-es ou étranger-e-s, sans-papiers ou non,
et donc pour la réouverture de toutes les places d'hébergement fermées :
MANIFESTATION
MARDI 15 AVRIL A 18 HEURES
PLACE DE LA MAIRIE A RENNES
Cette manifestation sera sans doute suivie d'une assemblée générale de rue où nous discuterons d'une éventuelle reprise du mouvement d'occupation pour obtenir la satisfaction de nos revendications bien loin d'avoir été satisfaites par l'occupation de l'église
LA MARCHE NATIONALE DU CSP59 DE LILLE A PARIS EST REPORTEE :
DEPART DE LILLE LE 19 AVRIL 2008 ET ARRIVEE A PARIS LE 10 MAI 2008 !
Le thème de la marche : 25.000 NON aux expulsions, 25.000 OUI à la Régularisation, Régularisez les grévistes de la faim de Lille.
Les sans papiers du CSP59 sont confrontés à un acharnement répressif du Préfet du Nord, ex-secrétaire général du Ministère de l’intérieur sous Sarkozy à qui le pouvoir a donné tous les moyens.
Depuis le 15 juin 2007 à aujourd’hui les arrestations, mauvais traitements, expulsions, blocages des dossiers, arrestations et mises en garde à vue des militants se succèdent à Lille.
Mais la résistance, la mobilisation des sans papiers et soutiens ont permis la régularisation de 29 sur les 56 grévistes de la faim. Le Préfet a annoncé la « clôture du réexamen avec bienveillance » qu’il avait pris comme engagement au mois d’août 2007, ce qui est inacceptable.
Parallèlement le préfet du Nord a exclu le CSP59 de la nouvelle commission de réexamen des dossiers qu’il a installé par arrêté et une véritable pression judiciaire et policière est organisée contre les militants.
Tout est permis et n’importe quoi est permis pour criminaliser et faire disparaître le CSP59.
Devant les atteintes de plus en plus nombreuses à l’état de droit, aux valeurs et principes de la République à Lille, les sans papiers ont décidé d’organiser la marche nationale de Lille à Paris, du [19 avril au 10 mai].
Les sans papiers et soutiens marcheurs (une trentaine) demandent à être reçus à paris à l’Elysée par le président de la République ou par M. Hortefeux le Ministre chargé de l’immigration.
Les sans papiers et soutiens veulent expliquer la légitimité de la revendication de régularisation de tous les grévistes de la faim, y compris les 4 expulsés, et celle des quelques dizaines de dossiers encore non régularisés sur les 553 (la liste des 12.
La marche souhaite et vous demande d’être accueillie dans votre commune aux dates qui figurent dans la listes des villes à traverser. En fonction de vos possibilités, définissez un programme d’accueil et d’accompagnement local de la marche : - lieu d’accueil, repas, conférence de presse, activités des marcheurs en direction des populations, etc.
La Marche nationale du CSP59 dans le cadre de la CNSP du 1er mars au 22 mars à l’occasion du 12éme anniversaire de Saint Ambroise est reportée au samedi 19 avril pour le départ de Lille et le samedi 10 mai, jour de commémoration du crime contre l’humanité que furent la traite et l’esclavage des noirs, pour l’arrivée à Paris.
[...]Le CSP59 appelle les syndicats, associations et forces progressistes anti-racistes et antifascistes qui ne se sont pas encore manifestées à le faire parce que la marche des sans papiers, notamment des ex-grévistes de la faim en attente de régularisation, a besoin de la solidarité de tous. Le thème de la marche du 19 avril au 10 mai reste inchangé : 25.000 NON aux expulsions, OUI à la Régularisation, Régularisez les grévistes de la faim de Lille. Le CSP59 remercie les Maires qui se sont prononcés pour accueillir la marche, leur souhaite une victoire électorale méritée pour les Municipales et leur donne rendez vous pour la marche du 19 avril au 10 mai 2008.[...]
Paris, le 17 avril 2008
L’Union Syndicale Solidaires soutient sans réserve l’action des travailleurs sans-papiers actuellement en lutte et s’associe à eux pour exiger leur régularisation, ainsi que celle de l’ensemble des sans-papiers vivant en France.
Ils sont salariés. Ils travaillent dans la restauration, le nettoyage, le bâtiment, le jardinage ou l’aide à la personne. La grande majorité d’entre eux a des feuilles de paye, déclare ses impôts et cotisent aux caisses d’assurance maladie, retraite, ASSEDIC... sans jamais bénéficier des prestations.
Ce sont les travailleurs sans papiers, « délocalisés sur place », travaillant ici aux conditions du tiersmonde.
Depuis des décennies, ils occupent les emplois dans les métiers dits « en tension », là où même le gouvernement reconnaît qu’il y a un manque de main-d’oeuvre, et que s’ils trouvent des emplois malgré leur situation, c’est bien qu’ils remplissent une fonction économique. Dans le même temps, ce même gouvernement veut les empêcher de travailler en leur interdisant les emplois inclus dans la liste des 150 métiers....
Depuis hier matin mardi 15 avril, plus de deux cents travailleurs sans papiers ont entamé une grève sur leur lieu de travail, avec le soutien actif de leurs organisations syndicales. Ils ont pris la parole, et ne se tairont plus, pour dénoncer les conditions de travail inhumaines et la précarité extrême auxquelles les condamne leur absence de papiers. Ils exigent la régularisation des dizaines de milliers d’autres "sans-papiers" vivant et travaillant en France.
Cette mobilisation constitue, pour tous les sans papiers, pour tous les travailleurs, l’espoir de reprendre l’initiative dans la défense de leurs droits au travail, de montrer que l’offensive actuelle du gouvernement et des patrons peut être stoppée, renversée.
De nombreux sans-papiers, des militants de tous horizons s’organisent pour rejoindre et renforcer les lieux d’occupation. De multiples associations relayent l’information. Des habitants du voisinage viennent soutenir par leur présence, leur soutien financier et logistique les travailleurs en grève.
L’Union Syndicale Solidaires appelle à participer massivement à toutes les initiatives de solidarité avec les salariés sans papiers en lutte.
TRAVAILLEURS FRANÇAIS, IMMIGRES, AVEC OU SANS PAPIERS - SOLIDARITE
Les situations décrites par la Cimade dans son huitième rapport annuel, publié jeudi 24 avril, sur les centres et locaux de rétention seraient dignes d'un roman de Kafka. Seule représentante de la société civile dans ces centres, cette association œcuménique d'aide aux migrants est l'observateur privilégié d'une réalité qui frôle parfois l'absurdité. Dans certains centres, comme à Nantes, la proportion de retenus roumains avoisine les 20 %, alors que leur pays fait partie de l'Union européenne depuis le 1er janvier 2007. Une obligation à quitter le territoire français ne peut être notifiée si la personne n'a pas les documents d'identité nécessaires, un cas pourtant fréquent chez les étrangers en situation irrégulière.
Dans son rapport, la Cimade dénonce la "course au chiffre" imposée par les récentes mesures sur l'immigration, et notamment l'instauration de quotas d'expulsion. Une logique de "gestionnaire" qui pousse parfois l'administration à recourir à des "méthodes contestables (interpellations à domicile, rafles, contrôles d'identité justifiés par des prétextes dérisoires – traversée en dehors des clous, crachat sur la voie publique…)". Ces mécanismes conduisent "à une réduction constante des droits des migrants", s'alarme l'association.
UN DROIT D'ASILE "VIRTUEL"
Les étrangers sans papiers disposent de cinq jours après leur arrivée en centre de rétention pour déposer, par écrit, une demande d'asile. Difficile pourtant de rédiger une demande argumentée lorsqu'on ne dispose ni de table – les centres en sont dépourvus –, ni de stylos – ils sont interdits dans plusieurs centres (Vincennes, Rennes, Strasbourg) par crainte qu'ils servent d'armes –, et qu'on doit s'exprimer, sans l'aide d'un interprète, par écrit dans une langue qui n'est pas la sienne – les frais d'interprétariat pour cette procédure étant à la charge du demandeur.
"Rédiger une demande d'asile est un exercice long et difficile qui exige de revenir sur des événements traumatisants que la personne a parfois essayé d'oublier", rappelle la Cimade. Elle estime que réunir des éléments de preuve nécessaires à sa défense en cinq jours, lorsqu'on est privé de liberté, "est une gageure".
Les services préfectoraux se méfient généralement lorsqu'un étranger manifeste sa volonté de demander l'asile lors d'un contrôle. Ils refusent souvent de délivrer des autorisations provisoires de séjour, qui permettent de déposer une demande dans le cadre de la procédure normale d'examen. Les demandeurs sont donc placés en rétention et leur requête examinée de façon expéditive dans le cadre de la procédure prioritaire, dénonce la Cimade. Parmi ces demandeurs d'asile placés en rétention, se trouvent pourtant "des étrangers arrivés depuis seulement quelques jours en France, qui n'avaient pas eu le temps de présenter leur demande ou qui tentaient de rassembler des éléments de preuve, ou encore, des étrangers qui souhaitaient déposer une demande d'asile dans un autre pays", comme par exemple des ressortissants afghans ou irakiens qui souhaitent s'établir au Royaume-Uni, où ils disposent du soutien de leur communauté.
"EFFETS DÉVASTATEURS"
Au total, plus de 35 000 étrangers ont été placés en centre de rétention en 2007. Parmi eux, 242 enfants, dont 80 % avait moins de 10 ans. Les mineurs sont pourtant protégés par la législation française contre les mesures d'éloignement. "L'administration justifie le placement en rétention de mineurs, en considérant qu'ils ne font qu'accompagner' leurs parents", explique la Cimade, qui s'inquiète des "conséquences physiques et psychiques" pour ces enfants "privés de liberté, qui assistent à l'arrestation de leurs parents et sont confrontés à la violence des lieux d'enfermement". La Cimade demande ainsi "que le placement en rétention administrative des familles soit purement et simplement interdit par la loi". "Depuis 2003, nous assistons à l'industrialisation du dispositif d'éloignement des étrangers en situation irrégulière", conclut l'organisation, alarmée par les "effets dévastateurs des quotas chiffrés d'expulsion, imposés annuellement à chaque préfecture". Le "désespoir créé par les conditions collectives de l'enfermement" peut parfois virer au drame, rappelle la Cimade. En juin 2007, un retenu s'est suicidé au centre de rétention de Bordeaux. A Lyon, deux personnes ont tenté de s'immoler par le feu. A ces actes de détresse survenus dans l'enceinte même des zones de rétention, viennent s'ajouter ceux advenus à l'extérieur : la défenestration de Chulan Zhang Liu, en septembre 2007, ou la mort de Baba Traoré, qui s'est jeté dans la Marne le 4 avril pour échapper à une poursuite de police. "Les méthodes employées créent de la souffrance, des drames supplémentaires. Elles peuvent et doivent être changées sans attendre", réclame l'association.
Verteuil vent debout pour son sans-papier
Samedi, les manifestants ont accroché leur banderole devant la mairie. La veille au soir, Elise Opoku avait raconté son histoire
Banderoles et tivoli devant la mairie, barrières douanières fictives, incursion au conseil municipal: la commune réagit à l'arrestation de William Opoku
Sylviane CARIN
Cela n'arrive pas qu'aux autres. Verteuil vient de plonger brutalement dans la tragédie des sans-papiers. «William Opoku, citoyen verteuillais en prison jour 5.» La banderole, accrochée devant la mairie, plante le décor. A l'entrée de la petite commune ruffécoise, des barrières douanières fictives ont été dressées samedi. Le rose fluo contraste avec l'ardoise du château. On lit. «Commune libre de Verteuil avec/ou sans papier. Bienvenue !» Ou encore. «Vous entrez en France, menace d'expulsion.»
William Opoku, 35 ans, ouvrier peintre ghanéen, purge une peine d'un mois de prison pour avoir refusé d'embarquer mercredi, en direction du Ghana. Interpellé la veille, alors qu'on lui avait demandé de se présenter «pour de simples formalités à la gendarmerie», il a été pris de court. Comme Elise, la Française qu'il a épousée en mars 2007, après un an de vie commune à Verteuil.
Pour la préfecture, il s'agit de «l'exécution d'une décision de refus de séjour, notifiée le 4 décembre». Le recours devant le tribunal administratif a échoué. L'appel devant la cour de Bordeaux n'est pas suspensif. Faute de visa long séjour, William, entré en France en juin 2004, n'a pu être régularisé. Malgré son intégration, malgré ses emplois successifs. A la fin du mois dernier, il travaillait encore chez un artisan local.
«Tout le monde ici l'a croisé. Il fait partie de notre petit village gaulois avec ses histoires de clocher. On l'a vu bosser sur les échafaudages. On a bu des coups avec lui. ça nous touche tout d'un coup. Avant, les problèmes des sans-papiers, c'était des trucs de grande ville», s'enflamme Christian Brosse, le ferronnier, qui a sonné la révolte vendredi soir.
Ils sont quelque 70, massés dans la salle des fêtes, à crier leur colère, à confesser leur crainte et à chercher comment soutenir Elise, qui n'en finit plus de conter son drame. «A l'audience, William me regardait d'un air désespéré. Il ne comprenait pas le jugement. Juste avant lui, un homme qui avait agressé un gendarme s'en était tiré avec le sursis. Mon mari a juste refusé de prendre l'avion.» L'épouse crie à l'injustice. Au piège. La salle fait écho. En français et en anglais.
«On revient soixante ans en arrière au temps de la Gestapo !», s'exclame un septuagénaire. «A-t-il été pris au hasard ou dénoncé ?», interroge un autre retraité, inquiet.
Jean-Luc Giraud, l'un des responsables du comité de soutien aux sans-papiers en Charente calme les esprits. «Le dossier a été déposé à la préfecture. Il y avait son adresse. Quant aux techniques d'interpellation, ce sont toujours les mêmes, un traquenard.»
La plupart des habitants découvrent que le mariage n'est pas une garantie de régularisation. «Pendant les trois premières années, le marié est toujours expulsable», précise Jean-Luc Giraud.
Pas de quoi rassurer l'auditoire. La seule alternative, c'est le préfet. «Il faut essayer de le convaincre que William présente toutes les garanties pour être régularisé. Vous pouvez créer un comité de vigilance à Verteuil», suggère le représentant du collectif départemental.
Rien n'est à négliger. Une pétition circule pour réclamer la libération et la régularisation du Ghanéen.
«Un symbole fort» pour «un retentissement national»
L'assemblée saisit l'opportunité du conseil municipal pour s'inviter à sa réunion, à l'étage au-dessus. Une incursion massive et bon enfant.
Les leaders veulent sensibiliser les élus, obtenir leur soutien. Ils expliquent. Ré-expliquent leur démarche. «Chacun est libre individuellement de prendre position, mais moi, en tant que maire, je ne peux pas aller à l'encontre d'une décision de justice», indique Clauddy Séguinar. Prudent.
Les habitants cherchent, avec la maladresse des débutants, comment garder William chez eux, dans leur communauté. Ils veulent «un symbole fort», qui aurait retentissement national.
Les idées fusent. «On proclame Verteuil commune libre et on porte plainte devant la Cour européenne pour enlèvement et séquestration», lance Christian Brosse. Une manière aussi, pour lui, de célébrer «les 60 ans de la Déclaration des droits de l'homme». L'image fait tilt. Applaudissements.
«On peut filmer, mettre sur internet. ça va faire le tour de la planète», renchérit une jeune femme. «Faut que tout soit dans la légalité», appuie un retraité. On parle «d'acte de désobéissance civile». On conseille de «rester groupés et solidaires, de s'allonger si on veut nous embarquer».
Ce week-end, le tivoli de la rébellion était planté devant la mairie. Une nouvelle réunion est prévue ce soir.
Sylviane CARIN Charente Libre
Rome sous l'emprisede la haine
Dirigée par un postfasciste, la capitale italienne a été le théâtre de violences contre des étrangers.
Après l’attaque, à la mi-mai, d’un camp de nomades dans la banlieue de Naples, c’est au tour de Rome de connaître la fièvre xénophobe et à la brutalité politique. A seulement trois jours d’intervalle, deux épisodes de violence viennent en effet alimenter la crainte d’une vague d’agressions dans la capitale italienne et ont fait monter d’un cran le climat de tension après l’élection le 28 avril de Gianni Alemanno, un postfasciste, au fauteuil de maire et le retour de la droite dure et berlusconienne aux affaires du pays quinze jours plus tôt.
Dans les rues de la capitale
Samedi dernier, le quartier populaire du Pigneto a ainsi été le théâtre d’une chasse à l’immigré. Aux cris de «sales étrangers» et de «bâtards», une vingtaine de jeunes couverts de foulards - l’un orné, semble-t-il, d’une croix gammée - ont effectué un raid punitif contre un commerçant originaire du Bangladesh qui a été blessé à coups de bâton. Lors de l’assaut, les vitrines de plusieurs boutiques tenues par des étrangers ont également été cassées.
Mardi, c’est une bataille rangée entre des militants d’extrême gauche et plusieurs activistes néofascistes à l’université de la Sapienza à Rome qui a ravivé le spectre des années 70 - lorsque les groupuscules radicaux se déclaraient la guerre avant de sombrer dans le terrorisme. Découvrant que les jeunes membres des collectifs antifascistes recouvraient leurs affiches d’autres manifestes, quatre militants de Forza Nuova sont partis à l’assaut.
Au terme de la rixe, à coups de bâtons et de barres de fer, les policiers arrivés sur les lieux ont procédé à six interpellations et relevé quatre blessés.
Un climat national
La gauche dénonce «un climat délétère qui alimente l’intolérance et la xénophobie», alors que la majorité sortie des urnes en avril a fait campagne sur la tolérance zéro contre l’immigration clandestine et que certains responsables, de la Ligue du Nord se sont laissés aller à des déclarations racistes. A l’inverse, la droite invite à ne pas politiser les incidents, d’autant que le chef de l’expédition dans le quartier du Pigneto, qui a été interpellé jeudi, porte un tatouage du Che sur le bras et affirme être «ni de droite ni de gauche». Dario Chianelli a assuré qu’il s’agissait d’un règlement de compte personnel avec le commerçant et soutenu que «la politique et le racisme n’avaient rien à voir». Il a néanmoins prétendu qu’il ne connaissait pas les «jeunes qui étaient avec [lui]». «C’est une erreur de nier et de sous-estimer le sale climat actuel», a répondu Walter Veltroni, le leader de l’opposition qui considère que «la majorité de centre droit minimise le risque». Ce cas «démontre que la xénophobie a ouvert une brèche à gauche», s’inquiète le vert Paolo Cento.
«Phrases honteuses»
De son côté, le nouveau maire de Rome, Gianni Alemanno joue alternativement au pompier et au pyromane. Il a ainsi immédiatement et fermement condamné les attaques et promis que la ville participera à l’indemnisation des commerçants : «le raid et l’agression sont d’une gravité inouïe», a-t-il commenté. «Les coupables devront être punis de manière exemplaire.» Mais, dans le même temps, il s’en est pris à la gauche accusée de vouloir instrumentaliser l’affaire à des fins politiques. A propos des violences à la Sapienza, il a stigmatisé des «affrontements entre imbéciles hors du temps et de l’histoire».
Mais le même Alemanno a également proposé de nommer plusieurs rues de la capitale d’après des hommes politiques du siècle dernier, parmi lesquels son ancien mentor Giorgio Almirante, ex-membre de la République sociale de Saló (Etat fasciste du centre et du nord de l’Italie fondé par Mussolini) et fondateur du néofasciste Mouvement social italien (MSI). Rappelant les collaborations, en 1942, de ce dernier à la revue antisémite La défense de la race, la communauté juive de Rome a vivement critiqué cette initiative. Tout en louant l’engagement démocratique d’Almirante après-guerre, le président (Alliance nationale, ex-MSI) de la Chambre des députés, Gianfranco Fini, qui a abjuré le fascisme, a par ailleurs condamné les articles dans lesquels Almirante affirmait que «le racisme doit être la nourriture de tous […]. Autrement nous finirons par faire le jeu des métis et des juifs». «Je dis sans hésitation que ce sont des phrases honteuses», a commenté Fini.
Son lieutenant, Gianni Alemanno, qui porte toujours une croix celtique au cou, n’a pourtant pas abandonné son projet de lui attribuer une rue. Il a simplement concédé «qu’il cherchera une confrontation claire afin d’obtenir le consensus de la communauté juive pour consacrer une via Almirante». Avant de rectifier mercredi : «Nous n’avons jamais pensé déléguer la question à la communauté juive, c’est moi qui décide.»
Olivier M (./16) :
Pas d'papier, pas d'séjour en France, et pis c'est tout