Je suis bien d'accord que les inégalités sont bien plus présentes dans les grandes écoles, mais elles sont bien présentes à la fac aussi !
Je vais encore embêter tout le monde avec mes chiffres

mais un enfant d'employé ou ouvrier à 22 fois moins de chance d'entrer en école de commerce, 60 fois moins de chance de réussir le concours de Science Po Paris, 12 fois moins d'aller en école d'ingénieur, 8,5 fois moins d'aller en prépa, mais seulement 3 fois moins d'aller à l'université, qu'un enfant de cadre sup. Bien sur, si les parents cadres sup ne lui fournissent pas d'aide, il perd son avantage...
Je ne dis pas que nous ne pouvons pas tous réussir, mais juste que certains partent avec un gros avantages et d'autres avec un gros handicap. Les statistiques sont là pour le montrer. Et puisque c'est plus facile pour certaines catégories sociales, il leur faut beaucoup moins de "volonté de réussite" qu'à d'autres.
Par exemple, la BU n'est pas ouverte en permanence, et les étudiants qui travaillent pendant ses heures d'ouvertures ont mathématiquement moins de temps pour s'y rendre. Et pour les cours, c'est la même chose !
De la même façon, les étudiants en Sciences sont plus rarement salariés que les étudiants en Lettres, parce qu'ils ont plus d'heures de cours. Et, en moyenne, il sont d'une origine sociale plus favorisée ... perso j'y vois un lien de cause à effet !
Si nous avons tous la même chance de réussite à l'université, comment expliquer de telles disparités ?
(Il dit quoi exactement, Raymond Boudon ?)
Mais il n'y a pas que les inégalités entre étudiants, il faut aussi se demander combien de bacheliers n'ont pas pu devenir étudiants parce qu'ils devaient aller travailler ... ou bien ceux qui arrêtent après la première année parce qu'ils préfèrent toucher un salaire à la fin du mois. Ou encore les filles qui arrêtent leurs études parce qu'elles tombent enceintes (il y a moins d'étudiantes parentes que d'étudiants parents) !
On pourrait faire un sondage "est-ce que le statut social de vos parents ont influé sur vos études", et les résultats ne seraient sans doute pas les mêmes que ce que disent les statistiques universitaires. On a pas toujours conscience de nos avantages/handicaps, ou parfois on refuse de les voir.
Alors, bien sur, je ne dis pas tout ça pour insister, mais juste pour qu'on soit tous conscients que tout le monde ne part pas avec les mêmes chances pour étudier (comme pour tout dans la vie), et parce que, si on veut faire baisser les inégalités, il faut commencer par les identifier correctement...