Une plainte a été déposée par le ministère de l'Intérieur. Elle vise le collectif de soutien aux personnes sans papiers d'Ille-et-Vilaine.
À la fin du mois de mai, la police judiciaire est passée à la Maison internationale de Rennes (Mir). Les policiers voulaient avoir les identités des militants appartenant au collectif de soutien aux personnes sans papiers. La directrice n'a pas répondu. Elle a ensuite été convoquée au commissariat où elle n'a pas été plus loquace.
Les policiers ont été chargés par le parquet de Rennes d'enquêter sur l'origine et les auteurs d'un tract que la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, juge diffamatoire. Une plainte pour « Insulte publique contre un corps constitué de l'État » a été déposée auprès du procureur de la République.
Les militants décrivaient, dans ce tract, les méthodes de la police aux frontières, chargée d'interpeller les étrangers en situation irrégulière. C'est le collectif de soutien aux personnes sans papiers qui est soupçonné d'avoir émis ces quelques lignes qui déplaisent tant place Beauvau.
Le collectif n'est pas une association et n'a donc pas de responsables déclarés en préfecture. Il a juste une adresse postale qui est à la MIR. D'où l'intervention de la PJ. Pour l'instant, les membres du collectif préfèrent attendre avant de s'exprimer.
« Mesures brutales »
L'intervention des policiers à la Mir, qui sert de lieu de réunion à 125 associations rennaises, a indigné bon nombre de militants associatifs et d'élus. Le président socialiste du conseil général d'Ille-et-Vilaine n'a jamais caché sa réprobation de la répression dont sont victimes les étrangers sans papiers. Il a ouvert le feu hier soir.
« Au moment où les mesures à l'encontre des personnes sans papiers et de ceux qui les soutiennent semblent de plus en plus brutales et iniques, je tiens à adresser tout mon soutien et celui de la majorité départementale à la Mir, écrit Jean-Louis Tourenne. La grandeur de notre démocratie réside, notamment dans le droit de réunion [...]. Cela forme un socle indispensable à l'exercice de la liberté d'expression. Requérir avec force de police le nom des participants à une réunion libre, dans un pays libre, ternit l'image de l'autorité publique. »
M. Tourenne estime que l'intervention de la police « est une atteinte très grave aux fondements de la République. » Il envisage une démarche commune de protestation avec le président du conseil régional, Jean-Yves Le Drian, et le groupe de défense des étrangers qui regroupe des avocats et des militants associatifs.