
11 janvier 1920, personne n’imagine que de l’autre coté de l’Atlantique, à San Francisco au bord du Pacifique,
qu’un événement marquera l’histoire de l’automobile.
Ce jour là, un génie de la mécanique découvre les Etats-Unis, il se prénomme Georges , mais ses parents
d’origine française, les REGIMBEAU, préfèrent la vie de l’hexagone et en juin de la même année reviennent
en France, à Valady dans l’Aveyron.
Une erreur administrative débaptisera les REGIMBEAU et la famille s’appellera désormais REGEMBEAU,
cependant, l’usage permettra d’en garder la prononciation initiale.
Le temps passe très vite, Georges grandi le plus simplement du monde tout en s’intéressant toutefois à tout
ce qui l’entoure et plus particulièrement à la mécanique.
Il n’a que 14 ans lorsqu’il remarque que son père peine à labourer la terre avec une paire de bœufs qui,
attelés à la charrue demande beaucoup d’efforts et de temps pour travailler ces terres cultivables.
Il se procure un moteur, un Ford qui n’est pas de première jeunesse mais qu’importe, il pense, il étudie,
il dessine, façonne ce qui pourrai faciliter le travail du père.
Le projet prend forme, cet engin, un tracteur, est attelé à la même charrue que celle qu’utilisait
le Père REGEMBEAU, il teste ensemble l’engin, le père bien que retissant de prime abord, se rendit à
l’évidence, Georges venait d’inventer son premier tracteur qui, sans nul doute, occupera une place
prépondérante dans la ferme.
Georges parcoure la campagne et un jour de 1937, croise le chemin d’ouvriers désespérés devant une
enrobeuse. Cette machine de fabrication Allemande est une des toutes premières destinées à étendre
l’enrobé sur la chaussée.
Cependant, force est de constater que malgré tous les réglages apportés par les ouvriers, la conception
même de l’engin rend impossible le travail de qualité.
Georges modifie en profondeur cette enrobeuse en modifiant l’implantation du moteur, il y apporte un
système de réglage automatique électrohydraulique et le tour est joué, tout cela devant le regard ébahis
des ouvriers.
Bien évidemment, cette expérience n’en restera pas là, les concepteurs de l’engin apprennent qu’un
adolescent de 17 ans vient « d’inventer » une nouvelle enrobeuse et qui fonctionne à merveilles.
Georges REGEMBEAU est donc invité outre Rhin en Allemagne plus précisément chez Vogel afin qu'il
apporte ses compétences à l'amélioration des produits de cette société. Bien dédommagé, il revient en France
en 1938. A 18 ans, il achète sa première voiture qui n'est autre que la fameuse traction avant 15 six.
Il s'intéresse à la compétition, il fera de nombreux rallyes en Espagne, au Portugal, il participa au 24 heures
du Mans et couru en amateur.
En 1948, il réalise cette pelle hydraulique pour l'entreprise RICHARD à Mende en Lozère dont il était le
directeur technique.

En 1950, il métamorphose littéralement la traction 15 six, le moteur qui à l'origine développe 77ch passe
grâce à l’adoption d’un compresseur Constantin et à l'injection directe à 195 cv . L'adoption d'une boîte de
vitesses RG à 6 rapports permet de flirter avec les 210 km/h attestés par les hommes de foi sur l'anneau de
Montlhéry, la consommation moyenne était de 9 litres/100. La boîte de cette traction était entièrement
réalisée par Georges REGEMBEAU et disposait d'une commande électro-hydraulique permettant soit de
garder un mode de conduite automatique ou d'enclencher les vitesses manuellement.

Autre innovation technique révolutionnaire sur cette voiture construite en 5 exemplaires, les freins inusables
REGEMBEAU, et oui vous lisez bien. Mr REGEMBEAU m'en a expliqué le principe, pas de frottement,
pas de plaquette et je peux vous dire aujourd'hui que ce système serait la référence dans le domaine s'il était
conjugué aux différents asservissements tels l'ABS, ABR ...mais là, le sort en décida autrement, le brevet
une fois acheté par une société préféra l'enterrer plutôt que de le développer, vraiment navrant quand on pense
aux dégâts provoqués par l'amiante.

En 1954, RG construira pour l'entreprise BLONDET ce bull dont les commandes étaient assurées par un
cerveau électrohydraulique, à droite, un tractochargeur du même type.


Toujours pour l'entreprise BLONDET, Georges REGEMBEAU construira en 1955 cette pelle mécanique,
il est içi en compagnie de Mr BLONDET qui décéda en 1967 tué par une grue dont le câble s'était rompu.
Photo de droite, la pelle va être essayée au barrage de lozanne dans la vallée de Lazergue.


Sur ce camion, c'est le pont arrière qui fut modifié par le Maître. Pendant plusieurs années, il sera itinérant
réparateur poids lourds et travaux publics, il équipera un camion et se rendra dans diverses entreprises pour
effectuer les opérations de maintenance et réparations que ceux-ci ne pouvaient réaliser sur des engins et
camions achetés à l'armée américaine.

En 1958, cette dragueline réalisée toujours pour la même l'entreprise prendra son service sur le Rhône,
on voit içi le chariot aérien d'une contenance de 3 mètres cube dont le chargement et déchargement sont
automatiques.

La tour de support de câble est montée sur une noix en acier et tenue en équilibre par la béquille
auto-tendeuse automatiquement commandée par un gros flotteur qui faisait varier une pression hydraulique
en fonction de la hauteur d'eau du fleuve.

Mr REGEMBEAU grâce à ses nombreuses réalisations permit à la société BLONDET de retrouver une
santé financière plus confortable.

Ci contre, la tour de la dragueline avec son entretoise de répartition et ses 4 trémiers, le rendement était de
1500 m3 par jour.

Mr REGEMBEAU et Mr BLONDET étaient très proches l’un de l’autre, ils sont ici ensembles en 1961 à Lyon.


En 1962, Georges REGEMBEAU déposa un brevet pour un moteur rotatif qui n'avait rien de commun avec
le principe VANKEL, celui-ci était réellement rotatif, il prenait sans problème 15000 tr/mn mais les aciers de
l'époque n'étant pas ceux d'aujourd'hui, ce moteur d'essai ne tourna que quelques heures.
Cette même année, la dépanneuse RG vit le jour car Mr REGEMBEAU s'était établi à son compte comme
garagiste à CHAPONOST . L'avantage de celle-ci résidait dans le fait qu'elle possèdait un bras téléscopique
permettant de récupérer plus facilement un véhicule passé par exemple par dessus la rembarde de l'autoroute,
la puissance du moteur passa de 55ch à 100ch.
L'échafaudage ou élévateur adaptable à la dépanneuse fut construit en 1964, ce système servi dans un premier
temps au crépissage des facades de l'établissement REGEMBEAU.

En effet, 1964 est une nouvelle histoire pour Georges REGEMBEAU mais sans le savoir, le début d’une
période noire. Il s'installe à Crèches sur Saônes, il achète une ancienne ferme qu'il décide de réhabilité en
centre routier.
Beaucoup de travaux seront nécessaires, l’emplacement est idéal, à la sortie de Crêches sur Saône au bord de
la nationale 6. Le bâtiment principal sera conservé et consolidé.


Dans un premier temps, une extension adjacente concernera les interventions mécaniques sur les automobiles.

La bâtisse principale avant les travaux de ravalements.

On voit içi Messieurs Martin et Ferreira en train de préparer le mortier pour le crépissage avec la bétonneuse RG.

Le Centre routier commence à avoir son visage définitif. Le ravalement des façades aura été possible
grâce à la plateforme élévatrice (invention Georges REGEMBEAU) dont le système automatique lui
garantissait de toujours rester à l'horizontale, sa surface de travail permettait la disponibilité de divers
matériels à proximité de deux personnes chargées d'ouvrage.


1964 avance à grands pas, le centre routier RG est pratiquement terminé.



L’activité aura à peine démarrée qu’un premier événement viendra noircir cette nouvelle aventure, le vol de
la traction 15 six.

Cependant, cela n’arrêtera pas notre homme en si bon chemin, quelques années se sont écoulées, le garage
connaît de nouvelles modifications, l’activité est toujours croissante, sur la nationale 6, les dépannages
sont légions.

1967, plusieurs évènements importants marquent cette année, la conception de la DS 5 vitesses RG dont le
moteur à reçu le renfort d’un compresseur Constantin et l’ouverture du restaurant.



1968, la France se rebelle, Georges REGEMBEAU également mais techniquement, la DS va recevoir un
moteur diesel, pour le moment, il s’agit d’un moteur Mercedes dont le sens de rotation a été inversé afin
de pouvoir être associé à la boite 5 vitesse RG destiné à la CITROËN.
Un journaliste du courrier de Saône et Loire est présent pour relater l’événement.



Le centre routier RG connaît encore quelques transformations avec la préparation de l’extension à l’arrière
du garage actuel.

En 1969, sort de l'atelier de Crêches sur Saônes un moteur diesel estampillé RG, les DS, premières ainsi
équipées seront
plusieurs centaines à être converties en motorisation gas-oil .

1970, un événement majeur permettra à Georges REGEMBEAU de se faire davantage connaître, le rallye
Wembley Mexico.25000 kilomètres d'aventure pour les 80 concurrents partis le 19 avril 1970 .
Les voitures ont quitté le stade de Wembley et roulent vers Mexico. Cette course restera dans les annales
comme la course du siècle, avec des épreuves dans les sables du désert, sur des routes à une altitude parmi
les plus hautes de la planète dans la cordillère des Andes.



Ce sont les pilotes Trautmann, Neyret et Claudine Trautmann qui conduiront les DS équipées de la boîte à
cinq rapports RG étudiée par Georges REGEMBEAU, avez-vous remarqué l'indication RG sur la malle
arrière concernant la boîte de vitesses?

L’hiver arrive déjà, La DS diesel RG trône toujours devant l’hôtel restaurant en attendant que 1971 pointe
son nez.

Cette nouvelle année redémarre sur les chapeaux de roues, l’activité REGEMBEAU bas son plein.

Malgré tout, une union de défense de commerçant voit le jour. Les membres du C.I.D.U.N.A.T.I
accompagnent Mr Gérard Nicou, Me Goy ainsi que les gérants de Crêches sur Saône.

Georges REGEMBEAU invente toujours, il cré cette échelle de pompier réalisée en duralumin,
elle se déploie en 8 secondes seulement alors qu'en temps normal la plupart demande 20 secondes de plus.
Elle fait partie intégrante du véhicule et donc n'a pas besoin d'assise autre que le camion lui-même.
Le premier ainsi équipé fut livré aux soldats du feu d'Igé.

Autre événement important chez les Etablissements REGEMBEAU, la création du garage spécifique
aux poids lourds.




Georges REGEMBEAU va de succès en succès, le garage ne désemplit pas.

Les boites de vitesses RG font la renommée de Georges REGEMBEAU.



En parallèle de l’activité automobile et poids lourds et en véritable Géo trouvetou, Georges REGEMBEAU
construit sa propre chaudière. Elle fonctionne au bois, cet appareil a été pensé pour servir d'incinérateur pas
étonnant que l'on puisse y mettre des bûches d'une taille allant jusqu'à 1,30 mètres et 30 centimètres de diamètre.
Cela présente donc l'avantage d'une combustion lente et réduit considérablement la corvée du bois.
D'après Mr REGEMBEAU, cette chaudière peut alimenter 70 radiateurs de taille moyenne, elle est équipée
d'un système de régulation et de nombreux dispositifs de sécurité sont là pour palier à tout risques
d'emballements de la machine. Le plus surprenant était le principe de la combustion différée qui permettait
de n'alimenter la chaudière que tous les trois jours.


Maintenant que les moteurs diesel RG sont testées et approuvés par de nombreux utilisateurs, la greffe peut
être opérée sur la SM, la dernière passion de Georges REGEMBEAU.

C’est l’apothéose, l’activité poids lourds aura vite été remplacée par celle destinée à la fiabilisation des V6
ou à la transformation des SM en diesel.


Pendant cette période, un autre projet, fou pour certains, la réalisation de cette SM 4 portes qui aujourd’hui
roule au Etats-Unis et qui ne manque pas de faire couler beaucoup d’encre.

Pendant ce temps, les SM RG s’exportent en Europe et outre Atlantique ainsi qu’au japon.

Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur de mondes, seulement, le succès des Etablissements RG ne
plaît pas à tout le monde.
Un soir de Novembre 1982, des personnes mal intentionnées pénètrent dans l’atelier.
Ils fouillent, ils cherchent, ils savent qu’ils ne faut pas faire de bruit, ils s’enfuient et quelques minutes plus tard,
c’est l’horreur.
Un vacarme assourdissant fait trembler la maison où, tout le monde se réveille dans la panique.
Certains des enfants à l’époque en bas âge pleurent.
On pense dans un premier temps au déraillement d’un train puisqu’une ligne de chemin de fer passe
derrière l’atelier.
Le petit jour laissera percevoir un spectacle de désolation. Le bâtiment, de face, ne semble pas avoir trop souffert.

Mais en s’approchant davantage, il en est tout autre. On se demande d’ailleurs comment l’atelier tient
encore debout.

Les capots arrachés aux voitures stockées dans l’atelier font craindre le pire .

A l’intérieur, c’est une vision apocalyptique, Mr et mme REGEMBEAU ( en haut à droite) constatent
avec effroi et désolation l’ampleur des dégâts.

La puissance de l’explosion aura fragilisé les murs de soutien du bâtiment devenu une nouvelle menace pour
les voitures entreposées à l’intérieur.

Les voitures sont toutes a reprendre, le préjudice financier est énorme, d’autant plus qu’à l’époque,
les assurances ne prendront pas en compte les attentats.

Sans commentaires !!

Comment peut on sortir indemne après un tel événement ? La famille devra se réorganiser dans l’urgence,
le soutien de passionnés et de clients redonnera un peu de courage à Mr et Mme REGEMBEAU mais,
d’autres actes malveillants continueront de sévir.

Alors que beaucoup auraient baissé les bras, Georges REGEMBEAU ne posera pas le genou à terre,
sa religion étant, la recherche, le sacrifice, le travail, c'est avec tout les honneurs et le respect de ses clients,
l'admiration de tous les passionnés de la CITROËN SM et avec une incroyable volonté de fer que
PAPY FERA DE LA RESISTANCE et continuera de fiabiliser Sa Majesté la CITROËN SM.
Et puis, surtout, il subodorera chez son fils Patrick, des talents jusque là insoupçonnés, il remontera
ses manches et lui inculquera son précieux savoir faire et cela corroborera la symbiose parfaite du maître
et de l’élève.
