Pompoko est un film qui regorge de références culturelles, à tel point que nous autres pauvres occidentaux n'avons sans doute même pas compris la moitié du film.
Voilà par exemple une sympathique légende japonaise qui vous rapellera surement quelque chose....
Sur une route déserte ...
Il parait que c’est une histoire vraie, et date d’avant ‘l’ère de l’électricité’. Entre Akasaka et Tokyo, se trouve une route qui longe le bord de mer. La côte se nomme la côte de la province de Kii et se situe tout près d’un long et profond fossé. Néanmoins, cette route, très peu éclairée, était souvent déserte dès la tombée de la nuit. Et pour cause.
Un soir, très tard, un vieux marchand se hâtait de prendre ce chemin pour aller chez lui. Il n’avait pas pris le long détour pour éviter cette route, à cause d’une petite faiblesse au cœur, qui l’empêchait de gravir des pentes trop fortes. Connaissant les légendes liées à cette route, il se dépêchait.
Au détours d'un virage, il entendit de petits pleurs. Sur ses gardes, il s’approche lentement de l’origine de ces sanglots. Il aperçu alors une jeune fille, de dos, sur le bord de la route, les jambes proches du profond fossé. Elle pleurait doucement, le visage dans ses bras. Craignant qu’elle ne cherche à se suicider, le vieil homme se rapprocha un peu plus. Elle semblait menue, gracieuse et bien habillée. Ne pouvant la laisser comme ça, il se baisse pour essayer de la consoler.
« Mademoiselle, pourquoi pleurez vous ? Il ne faut pas ! Dites moi la cause de tout ce chagrin ? Je serai heureux de vous aider ! »
Mais, la jeune fille continua à sangloter doucement, la tête enfoncée dans ses manches.
« Mademoiselle ! Je vous en prie, il n’est pas convenable pour une jeune fille comme vous de pleurer ainsi dans un lieu désert. Je peux essayer de vous aider ? De vous consoler ? Dites moi la source de vos chagrins ? »
La jeune fille commença à se calmer. Elle se leva doucement, en reniflant un peu. Puis, sans qu’il puisse bouger, elle se retourna et enfouie sa tête dans les épaules du vieil homme et pleura de plus belle. Le cœur brisé par tant de tristesse, le vieux marchand ne savait que faire pour la consoler.
« Mademoiselle … s’il vous plait, calmez vous … »
Des petits gémissements prirent alors la place des sanglots. Puis, tout à coup, la jeune fille repoussa le marchand, violemment, qui fit quelques pas en arrière.
Et elle ri ! Un rire glacé. Un rire proche d’un cri, un rire de douleur ou un rire de haine.
Le souffle coupé, le vieil homme semblait comme tétanisé, figé dans le temps. Puis la frayeur lui fit se souvenir qu’il avait des jambes, des jambes pour courir, s’enfuir, le plus loin possible de ce, cette chose. Et lentement, très lentement son cerveau se posa une question, LA question :
Comment peut elle rire ou crier ? Elle n’a pas de visage ! Elle a une tête sans visage. Pas de nez, pas de bouche, par d’yeux. Rien. Une forme lisse, pareil à un œuf.
Courir, fuir, partir, loin, très loin étaient ses seules idées à l’esprit du vieil homme. Ne pas se retourner, ne pas chercher à comprendre, ne pas s’arrêter furent ses seules consignes pour ne pas devenir fou.
Puis, il distingua dans le lointain, une petite lumière, qui semblait danser. Une lanterne pour être précis, toute petite. Il couru vers cette lumière. Se rapprochant, il vit que c’était un lampion de marchand ambulant. Un vendeur de Soba (pâtes japonaise), qui s’était installé au bord de la route avec son étal ambulant. Etincelle de vie dans un océan de vide, le vieil homme fut fou de joie de voir quelqu’un.
« Haaaa Haaaaa … » le souffle difficile et le corps encore endolori par le froid et la fatigue, il n’arriva pas à parler tout de suite.
« Hola, hola … du calme mon cher monsieur ! Que se passe t’il ? Vous êtes très pâle ! Vous êtes malade ? »
« Non, ça va, mais on a essayé de me faire peur ! »
« On a voulu vous effrayer ?? C’est tout ? Hé bien, ça à l’air de marcher apparemment ! » fit le marchand de Soba avec un petit rire peu sympathique.
« Non ! C’est une jeune fille, près du fossé là-bas, qui a voulu …. Qui m’a montré … j’ai … Je peux même pas vous décrire ce qu’elle m’a montré ! »
Le marchand de Soba ri encore un peu.
« Ha bon ? Ce n’est pas quelque chose comme ça qu’elle vous a fait voir ?!? »
En même temps, il passe la main devant son visage qui s’efface et laisse place à une surface parfaitement lisse d’où sort, un rire glacé ou un cri de douleur.
Au même instant, la lumière du lampion s’éteint et tout disparaît, ne laissant que le bruit du rire qui résonna longtemps dans la tête du vieil homme.
Il ne se remit jamais de cette histoire et, il mourut quelques jours après, peut-être de peur.
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