Il y a un réel problème à le faire, cela dit, en Terminale on n'est pas prêt à prendre ces oppositions d'école avec recul, on s'imagine réellement que si Aristote est empiriste ça conditionne absolument tout, que le monde de Platon se divise en deux (alors que c'est faux et qu'il le fait admettre à Socrate dans le Parménide, qui doit reconnaître la contradiction que ça implique).
Or j'ai vu mes élèves me dire, dans un texte qui n'a rien à voir sur le rapport entre tolérance religieuse et loi chez Locke, que c'était de l'empirisme (non, ici ça n'a rien à voir), et ainsi de suite.
Savoir que Kant se réclame de l'idéalisme transcendantal est totalement inutile pour discuter sa définition du beau dans la Troisième Critique.
Il n'y a pas de controverse Descartes/Spinoza parce qu'ils ne se sont jamais parlés, il n'y a pas de "rationalistes VS empiristes", sauf quelques cas individuels, etc.
La liste est longue.
Il faut en fait beaucoup de maturité pour faire de l'histoire des idées parce qu'il faut les regarder comme les errements d'un mouvement plus ou moins unifié de la pensée vers une meilleure compréhension, avec les contradictions que cela implique (et là la dialectique historiale hégélienne permet de rassembler ce qui est épars). Sinon on la regarde comme une espèce de guerre de la vérité entre différentes armées, or c'est faux puisque Sénèque, le plus grand Stoïcien impérial à mes yeux (loin devant Cicéron mais surtout Marc-Aurèle) emprunte régulièrement -et il l'avoue, des idées aux Épicuriens/Atomistes.
Accepter les subtilités et contradictions que ça impose et faire de l'histoire des idées exige de connaître les contextes historico-politiques pour savoir pourquoi Untel dit ça à telle époque et pourquoi c'est pas encore faux ou bientôt vrai, faire des trucs du genre des dossiers de la revue de sciences humaines ou de philosophie magazine, de la vulgarisation très grand public, c'est pas très sain à mes yeux parce qu'on réplique les poncifs faux (encore une fois, le monde des Idées c'est pas du vrai Platon, c'est plus du Plotin, de l'Académie post-Platon).
Nil> On commence seulement à y revenir, mais collège/lycée y a encore du boulot, comme tout se passe dans le désordre (Blanquer qui valide un exercice de lecture d'onomatopées de 3 lettres max en primaire, tout en prétendant revenir à une méthode rigoureuse, alors qu'on a plein de super bouquins avec du vocabulaire évolutif -et qu'on peut entamer dès 6 ans) on ne peut tabler sur rien (de plus les BO sont à peine sortis).
Quant à la philo, à mon époque déjà on enchaînait les chapitres/concepts mais les auteurs étaient placés en contradiction anachronique (Augustin ou Thomas dit X, mais Sartre réplique Y -or c'est faux, car Sartre se foutait d'eux, il a volé toutes ses idées et bases de système en faisant un gloubi-boulga entre Descartes, Hegel et le premier Heidegger).
Moi j'ai refusé ça, je fais toujours lire les auteurs dans l'ordre chronologique de mon chapitre et je les ai arrangés pour que chaque chapitre suivant agrandisse la perspective du précédent tout en l'utilisant comme base.
Oui, avec des ST(2S/MG) c'est trop sophistiqué, j'en ai rien à talquer...