Bon je vais polluer un peu le forum avec des trucs qui concernent que moi mais au moins je serais pas le seul, voici un DS que j'ai fait dans l'année, c une dissert que j'ai recopiée et que je viens de retrouver, vous êtes pas obligé de tt lire:
Sujet : Que pensez-vous de la façon dont le cours sur l’information a été traité ?
Un prof vous demande, à l’écrit qui plus est, de commenter son cours, sa façon d’enseigner. Comment réagir ? Faut-il montrer combien son cours a été pertinent, bien construit, ou faut-il lui montrer sagement, dans la plénitude de la relation prof-éléve chère à Saint-Augustin ce qu’on a assimilé (et digéré) de ce cours ? Ou faut-il encore emmètre une critique acerbe à son endroit, et lui donner les raisons qu’il attend de se pendre en place publique (au figuré bien sur) ? Dans le doute je m’abstiendrais de prendre parti pour l’une ou l’autre de possibilité et tenterais d’adopter un minimum d’objectivité (bien que cela me semble mal parti).
Bon résumons. Quelques minutes après la sonnerie du réveil, l’élève, les yeux juste assez ouverts pour ne pas se prendre la porte en sortant, s’arrache à son foyer chauffé et péniblement avance jusqu’à cet endroit où il va passer la matinée. Qu’est-ce qui le pousse faire ça ? A ma gauche une télévision et un magnétoscope. A côté le prof, dont le rôle consiste, en tout cas au début, à introduire la casette et à appuyer sur la touche « play » (celle avec le triangle). Le sujet du devoir ci-présent est le cours sur le traitement de l’information à la télévision. Parce que je sens qu’on s’en égare. Donc récapitulons : qu’avons nous vu lors de ces cours ?
Le premier était consacré au sacro-saint Vingt Heures, précédé du 19h de de France 3 et suivi du 20h15 d’Arte. Le souvenir que j’en ai est qu’il y est principalement question d’une rencontre Franco-Allemande, où notre président bien-aimé nous rappelait, lui et son collègue outre-rhin son opposition à la guerre. Arte a fait son édition entière là-dessus. Des autres sujets je n’en ai aucun souvenir. Rien. Pas de flash, pas de passage marquant. C’était sans doute des sujets d’une profondeur étonnante sur le retour du port de la mini jupe ou l’atelier d’un artisan paumé dans la montagne qui fabrique des pipes en bruyères, et dont tout le monde se fiche éperdument. J’en rajoute, ce type de sujet ne concerne que la moitié d’une édition comme le vingt heures. A la suite de quoi le type assis en face de nous qui jusque là n’avait pas dit grand chose nous commenta ces chefs-d’œuvre télévisuels avec la verve qu’on lui connaît, comparant au passage leur structure, étonnamment semblable. Pour ne pas faire de nous des êtres désabusés, frustrés de cette télé qui n’aurait rien à nous apporter, il enchaîne avec « 90 minutes », un magazine d’investigation qu’on peut regarder –pour peut qu’on ai payé le décodeur- sur Canal Plus. Là on a droit à du sensationnel. Quelque chose sur les transactions occultes relatives à ELF. C’est rythmé, c ‘est bien foutu, la musique est bien choisie et de bonne qualité ; On irait même jusqu’à trouver ça intéressant. Jusqu’ici c’était la partie échantillon. La suite était réservée à la partie « coulisses », derrière la caméra. D’abord un sujet consacré au jeu du chat et de la souris des journalistes avec la politique. Où les journalistes avouent combien ils aiment se faire manipuler par les politiques (et c’est rare). «Chirac est sur une plage emmazoutée », et hop, on va faire un plan u deux sur lui, devant les mouettes en train d’étouffer, en train de serrer des mains chaleureuses à d’obscurs élus locaux dont tout le monde se contrebalance de toute façon. Le même en train d’acheter un cadeau miteux pour un prix prohibitif à son copain Schröder, sur un marché de Noël. Rien de nouveau, mais je vais quand même aller vomir plus loin.
On fini par un dernier sujet sur les coulisses du JT, celui de France 2. TF1 a refusé, on s’en serait douté. Ils ont « carte blanche » pour filmer la rédaction du JT. Ils sont virés au bout de 2 jours. Entre temps on a pu voir, lors d’une réunion de rédaction, le rédacteur en chef s’extasier sur un sujet sur les maillots de bain et les lunettes de soleil. On n’était pas si loin tout à l’heure finalement. Et les sous-fifres quasiment impuissants, de s’indigner légitimement de la futilité de ces sujets. On revient quelques mois plus tard, l’équipe a changé. Le rédacteur en chef a l’air un peu plus éclairé, un peu moins obsédé par l’audimat. On sent bien qu’ils aimeraient passer des sujets créatifs, ou intéressants sur le contenu. Mais ils ont ce quasi devoir ; lorsqu’ils font le tri, de niveler par le bas, de se sacrifier sur l’autel du Dieu Audimat, de diffuser ces marronniers comme ils les appellent (un marronnier est un sujet passionnément inintéressant destiné à éviter tout effort de réflexion à celui qui le regarde).
Le prof n’est donc pas innocent. Il poursuit un but en nous diffusant ces cassettes. Il nous invite, avec des clins d’œils appuyés, à la réflexion. Que se passe-t-il ensuite ?
Les élèves ont pu visionner une heure ou plus de ces vidéos que je viens d’évoquer. Certains n’ont pas tenu le choc et se sont assoupis. Le front sur la table, ils ruminent, la douleur d’être éveillés, la douceur des alcools dont leur cortex était baigné ayant fait place à la douleur consécutive à l’absorption de ces mêmes alcools, accompagnés souvent de fines herbes pour relever le goût. Et lui il essaye de s’adresser à eux, il essaye de leur tirer un jugement, une idée, quelque chose. Mais il n’ose pas les bousculer les pauvres petits, et les questions font souvent place à un silence pesant, les élèves scrutant hébétés cette personne qui s’adresse à eux, courroucés d’avoir été interrompu dans leurs rêveries et leur projet de Week End. Certains tentent cependant de briser un peu le silence, ils émettent un commentaire, parfois même à l’adresse du prof, qui tente d’en exploiter le maigre matériau qu’il peut y trouver. Mais souvent il n’insiste pas, et lance la deuxième casette, et les élèves peuvent retourner avec béatitude dans leur léthargie.
Le temps qui m’est imparti touche malheureusement à sa fin. Dans ce devoir j’ai parlé en abondance de ce que j’ai vu, j’ai avoué y avoir trouvé un intérêt. Les documents m’ont parus appropriés. Dans une courte deuxième partie, j’ai abordé l’impuissance du prof à animer le débat, en raison du manque de temps et de la léthargie générale. Le style que j’ai adopté m’as peut-être fait perdre de vue le sujet et je crains d’être resté un peu trop au ras des pâquerettes, oubliant, par manque de temps moi aussi, des sujets essentiels.
Commentaire : Ecriture épouvantable. Mais très osé et sans doute pertinent. 16/20.